Déjà deux jours que nous sommes en mer et tout va bien. Le Seigneur est bon de nous offrir une mer si calme. Deux jours que nous filons à plein régime et nous n’avons pas encore vu de terre, seulement de l’eau que de l’eau sur tous les horizons, on en a des frissons de voir cette immensité. Nous nous dirigeons toujours vers l’hémisphère nord et vers 5 heures du matin nous avons passé à nouveau l’équateur. Nous avons fait un magnifique voyage et la dernière île nous laisse encore un souvenir des plus marquants et des plus agréables. « Captain from the bridge » (il a quand même un drôle de nom : « from the bridge »), nous annonce que nous aurons une mer calme et sans trop de nuage.
Le capitaine a dû communiquer avec le bureau de météorologie du Canada car il s’est royalement trompé. Nous avons traversé, en après-midi, une pluie abondante. Il fallait voir le tableau. De l’eau en bas, de l’eau autour réduisant grandement la visibilité et les nuages sombres très bas nous pourchassant. On se serait cru dans ces petites boules que l’on agite pour voir apparaître la neige, mais sans la musique. Nous avons eu droit à une démonstration de survie en mer par l’équipage. Ils n’ont pas ménagé leurs efforts. Un immense baril a été lancé dans la piscine et lorsqu’on demanda à une passagère de tirer sur la corde le tout explosa pour permettre à un pneumatique de se développer. Ces canots sont conçus pour accepter 25 personnes avec tout le matériel nécessaire pour attendre les secours. Après avoir fait un tour dans le dit canot, je dois avouer que j’aimerais mieux être dans les « tenders » avec 149 autres individus. Vous vous demandez pourquoi? Si je vous dis : non-motorisé et sans plancher rigide (on dirait qu’on marche sur un trampoline), vous permettront de me comprendre. Bien entendu, si c’est le seul moyen de me permettre d’être un peu plus à l’abri je crois que je n’hésiterais pas à y pénétrer, mais si vous voulez mon avis, tout compte fait j’aimerais mieux que le « Rotterdam » me ramène à bon port.
Comme à tous les soirs, nous allons à la salle à dîner pour le repas du soir et vers 8h45 on se dirige vers la salle de spectacle. Un spectacle différent et de qualité à chaque soir. Après le spectacle nous décidons de marcher un peu sur le pont avant d’aller à notre cabine. Quelle déception pour Adrienne, le capitaine a mis un interdit sur l’accès au pont promenade dû à la force des vents. Nous nous résignons donc à nous diriger vers notre cabine. La localisation centrale de celle-ci atténue grandement les effets d’une mer n peu houleuse. Nous passons une très bonne nuit et comme tous les matins je me prépare pour ma marche forcée. Je me dirige d’un pas confiant, accompagné d’Elvis, vers la sortie. Même déception que la veille; l’interdiction n’est pas levée. À ce moment je n’ai pas d’autre choix que de retourner dormir….
Onze heures et nous pouvons maintenant marcher sur le pont. Même si la vélocité du vent a diminué beaucoup il faut faire un effort pour avancer, mais quelle récompense lorsque vous entreprenez le retour. On a l’impression que nous sommes un peu plus légers et porté par le vent (Adrienne plus que moi, mais je suis là pour la retenir). Le reste de la journée se passe bien.
Nous sommes dans le dernier droit et nous nous rapprochons de San Diego. Il n’y a pas que le temps de navigation qui nous rappelle cette dure réalité, mais le changement de température est plus significatif. Nous avions, il y a quelques jours encore, des températures voisinant les 30 degrés Celsius et le capitaine vient de nous annoncer que demain les prévisions étaient de 16 degrés. Tout un choc et j’espère qu’à Québec on prend cette souffrance en considération et on espère que les amis prieront pour un changement favorable. C’est là qu’on va reconnaître les vrais amis.