Les
prévisions météorologiques pour la région de San Diego se détérioreront dans
les prochains jours. Qu’à cela ne
tienne, comme dirait l’autre, nous ne restons pas ici car, nous embarquons sur
le « Maasdam » pour des cieux et des jours meilleurs. Ce que nous n’avions pas prévu, c’est l’effet
papillon si souvent énoncé. En effet, les
conséquences collatérales du mauvais temps à San Diego, provoquent un roulis
constant du navire et nous rappellent qu’une chose promise est une chose due. Le paysage change constamment, comme pour
nous divertir, tantôt on voit la mer tantôt non. C’est un roulis de longue haleine,
c’est-à-dire, pas suffisamment violent pour occasionner le mal de mer mais,
assez pour faire tituber quiconque, sans l’aide de substances euphorisantes. Une chance que les couloirs sont étroits, ce
qui diminue grandement la force de l’impact non désiré. Nous décidons de lutter contre cet effet, en
inventant un jeu. Celui qui reste le
plus au centre, gagne. Tout ça commence,
sans avoir demandé préalablement l’avis de nos cerveaux respectifs. Ces derniers ne sont pas d’accord pour
changer ce qu’ils ont si difficilement acquis au cours des années; ce qui
provoque chez-nous des sourires forcés.
Nous
prenons notre mal en patience et nous acceptons avec humilité la force des
éléments extérieurs qui se jouent de notre incapacité de vouloir tout
contrôler. Un malheur n’arrive jamais
seul. En effet, ayant le souper du
capitaine ce soir, nous devrons nous déguiser.
Pour ma part, enfiler un pantalon chic, une chemise neuve, un blouson et
des souliers qui laissent peu de liberté à une structure faite pour la sandale,
ne me dérange pas. C’est lorsqu’il faut
finaliser le tout avec la pose accessoire d’une cravate qui m’affecte un peu
plus. J’ai toujours l’impression d’avoir
une corde au cou ou une laisse afin de contrôler tout déplacement non désiré. De plus, à la table, elle se déplace de
manière incontrôlé et se rapproche dangereusement de votre repas augmentant
ainsi la possibilité d’y imprégner un souvenir indésirable qui sera longtemps
le point de mire. Heureusement, dans mon
entourage j’ai un ami qui a pu m’éviter tous ces désagréments. En me prêtant un « nœud papillon »
pour la circonstance, Martin m’a permis de respecter toutes les exigences et a
mis des étincelles dans les yeux de ma blonde.
En effet, lorsque j’ai fait un quart de tour pour me voir dans le miroir,
j’ai remarqué que le tout était remarquablement bien agencé. Je me trouvais beau et aristocrate. C’est ce qu’on appelle « l’effet
papillon ». Fier comme un paon, je
me dirige vers la salle à manger, bombant le torse de telle sorte qu’il est
difficile de fermer le blouson. C’était trop beau pour durer, car en mettant
les pieds dans la salle à manger j’ai pu reboutonner mon veston suite à la
vision qui se présentait devant moi. Je
n’étais pas le seul à arborer ce nœud faisant ainsi de moi, un objet plus
commun. Mais, pour ma blonde, j’étais
encore le plus beau… enfin je l’espère. Quelques
minutes suffirent pour me ressaisir et me permettre de partager un magnifique
souper en excellente compagnie. Une
entrée avec des « escargots bourguignons » suivi d’un petit bouillon
simple mais qui vous laisse un arrière-goût que vous ne voulez pas perdre. Vient ensuite le plat de résistance où mon
entourage se lance sur « surf & turf » (sachant que le turf pour
la circonstance était des grosses crevettes).
Moi j’opte plutôt pour le magret de canard avec une sauce aux figues
fraîches accompagné de petits légumes. Une pièce de viande tellement tendre que je
n’ai pas besoin d’en maquiller la saveur avec la sauce d’accompagnement. J’aimerais connaître le chef pour avoir des
conseils, car je n’ai jamais eu une pièce de viande aussi tendre et
savoureuse. Je suis jaloux mais encore
beau….
Après
trente heures de navigation, nous faisons une escale à « Cabo San
Lucas » en basse Californie. Enfin
nous allons mettre un pied à terre (ou les deux c’est préférable) pour visiter
cette station balnéaire. Encore une
déception avec un endroit hautement touristique. Tout est en fonction du touriste soient les
prix, les attractions, la multitude de restaurants cordés les uns sur les
autres et les artisans variés et tellement répétitifs en même temps déambulant
nonchalamment dans les rues. Ne trouvant
pas de points d’intérêts dignes d’un détour nous décidons de chercher un
endroit avec le « WiFi » gratuit pour avoir de nouvelles de
chez-nous. La connexion est tellement
lente, qu’il serait mieux pour nous d’envoyer une carte postale et d’en attendre
la réponse. Nous choisissons plutôt de
revenir au bateau et d’attendre à la prochaine escale.