Avant de vous parler de notre journée en Corse, laissez-moi
vous entretenir de notre nuit passée.
Déjà, plusieurs imaginent avoir des détails croustillants d’une nuit
torride. Effectivement, ça brassait
« pas à peu près », comme on dit.
Le lit ne se déplaçait pas parce qu’il était bien fixé au sol mais, il
s’en fallait de peu. Tout d’un coup,
j’entends Adrienne me dire tout en tenant la couette bien contre
elle : « Ça brasse pas mal, hein! ». Ce matin, c’est-à-dire vers quatre heure du
matin, nous sommes entrés dans le détroit de « Bonifacio » et lorsque
nous passons dans un détroit, la mer est souvent plus mauvaise. Nous avions l’impression, à certains moments,
que nous venions de frapper un monstre marin mis sur notre route par inadvertance. Et bien non, nous venions juste de rencontrer
une bonne vague. Intriqué, je me lève et
m’habille pour aller voir par moi-même ce qui se passait. Il fallait que je me tienne fermement car,
les éléments s’amusaient à me promener « d’un bord à l’autre » comme
on dit si bien. Après avoir constaté
l’état de la situation, je reviens à la cabine pour en faire part à
Adrienne. Lorsqu’en entrant dans la
cabine je dis : « Le spectacle est magnifique », ça ne
résonnait pas de la même façon pour Adrienne que pour moi. Nous ne pouvions rien y faire et nous avons
dû attendre d’être dans la baie d’Ajaccio pour avoir une accalmie. Nous sommes quand même arrivés à l’heure
prévue.
Ajaccio nous a vite fait oublier ces petits désagréments du
matin. Une petite ville magnifique qui a
vu naître Napoléon Bonaparte, le 15 août 1769.
On voue un culte à cet homme.
Face à la mer, une statue de Napoléon en empereur romain, un peu plus
loin à la « Place de Gaulle » un autre monument représentant Napoléon
et ses 4 frères et l’hôtel de ville porte le nom de « salon
Napoléonien ». Nous sommes surpris
de nous faire interpeler en français et en même temps, nous avons un certain
plaisir à voir les autres passagers tenter de se faire comprendre pour obtenir
des informations. C’est plus fort que
nous et nous intervenons pour aider la ou le malheureux. Vous croyez que nous avons de la compassion
pour des gens que nous avons côtoyés depuis près de quarante jours et que vous
vous dites que c’est tout en notre honneur; j’aimerais faire une petite
restriction ici. Nous, c’est aux
commerçants que nous pensons et c’est pour eux que nous avons de la
compassion. Nous poursuivons notre
visite nous arrêtant devant l’église St-Jean-Baptiste, fermée à double
tour. Cette église, qui est le plus
vieux bâtiment religieux de l’île, a vu les 4 frères de Napoléon s’y faire
baptiser. Plus loin, la
« Cathédrale de l’Assomption » où fut baptisé le futur empereur. Après nous avoir relaté certains éléments
d’histoire, cette ville nous berce dans une atmosphère européenne. Des petites rues à peine suffisamment larges
pour accepter une voiture, des petits cafés avec leurs terrasses, des sandwiches
« jambon beurre » fait d’une demi baguette, les accolades et les
serrages de main en guise de « bonjour » et surtout des gens qui
aiment notre accent. Nous nous
promettons de revenir en Corse pour prendre le temps de la connaître un peu
mieux. Nous devons revenir au navire
pour deux heures car, demain nous devons être à Barcelone.
Revenus sur le bateau, au moment du départ, le capitaine
nous annonce que nous devons nous retrouver dans la même situation que ce
matin. Il précise que nous devions filer
à vingt nœuds mais, lorsque nous serons au large nous rencontrerons des vagues
de dix-huit à vingt pieds et que pour ménager la structure, il se doit de
diminuer la vitesse à quatorze nœuds. La
conséquence est que nous arriverons plus tard à Barcelone. De plus, le directeur de la programmation
nous annonce qu’il n’y aura pas de spectacle ce soir, pour assurer la sécurité
des artistes et des passagers aussi.
Après le repas du soir dans la salle-à-manger, où nous pouvions voir
l’ampleur du mouvement des vagues, nous regagnons notre cabine. Cette dernière étant située plus au centre du
navire a comme effet, que nous ressentons moins la houle. Nous ne prenons pas de chance et nous
ingurgitons, quand même, deux bons morceaux de gingembre confit qui, dit-on,
possède des propriétés anti-nauséeuses.
Nous allons nous coucher plus de bonne heure et attendre que tout
revienne au calme. De toute façon,
Adrienne cogne des clous malgré les mouvements inhabituels du navire.
La mer a cessé son agitation vers les trois heures du matin,
ce qui a permis, au capitaine, de pouvoir rattraper le temps perdu afin de
respecter l’horaire établi. Après une
bonne nuit de sommeil et un bon petit déjeuner, nous sommes prêts pour
découvrir « Barcelone ». Une
navette nous dépose, moyennant une légère contribution, au monument de
« Colomb », d’où débute la fameuse rue piétonnière « La Rambla ». La ville et les Espagnols se réveillent
lentement, ce qui nous permet de marcher plus aisément, mais malheureusement,
sans pourvoir visiter pour le moment.
Nous avons un objectif principal et quelques objectifs secondaires (ça
sonne dans ma tête comme : une proposition et plusieurs amendements). Nous devons absolument voir la « Sagrada
Familia ». La Sagrada Familia est
une église unique et élaborée (pour être élaboré, c’est élaboré je dirais même
plus, du rococo plus), construite par l’architecte « Antoni
Gaudi ». La particularité de cette
église c’est qu’elle n’est pas encore terminée, même si sa construction a
débuté en 1883. Mais avant que nous
arrivions à ce phénomène plus que particulier, nous avons décidé d’errer dans
les rues à la découverte de cette magnifique ville. En cours de route, nous sommes attirés par
une Cathédrale, un marché public où l’étalage des fruits, des légumes ou de la
viande est une œuvre d’art en soi, la « plaza de toros » », le
théâtre national et bien d’autres dont mes genoux pourraient aisément vous
parler. Nous arrivons à l’œuvre de Gaudi
et nous constatons que nous n’étions pas les seuls à avoir pensé la même chose. Une foule de gens de toutes les nationalités agglutinés,
essayant de se tailler une place pour prendre le côté givré de la chose. Si l’extérieur est aussi stylisé et
hétéroclite, nous nous disons que l’intérieur devrait présenter une toute aussi
grande surprise. Nous cherchons et
cherchons la billetterie afin d’avoir le privilège de pénétrer à l’intérieur. Quelle ne fut pas notre surprise de constater
que nous devions faire la queue sur une distance de plus de trois cents mètres
avant d’atteindre le guichet. Par la
suite, nous devions encore attendre que des visiteurs terminent leur tournée
avant de pouvoir commencer la nôtre, compte tenu que le nombre de visiteurs à
l’intérieur était contingenté. Après une
estimation de trois heures d’attente, pas besoin de vous dire que nous en avons
fait le tour et c’est tout. Nous
décidons de revenir en laissant le peu d’indications de notre carte
touristique, nous guider. Partout où
nous nous promenons, la ville nous laisse voir le meilleur côté d’elle. Déjà quatre heures que nous marchons et nous
croyons que de se sustenter un tantinet serait de bonne aloi. Nous nous arrêtons à une terrasse (disons
plutôt à un emplacement servant de terrasse sur le trottoir), pour prendre une
pizza, deux bières et une advil et tout ça, accompagné du soleil. Après ce copieux repas, nous reprenons notre
quête vers l’imprévisible. Chemin
faisant nous voyons des rues désertées au profit de rues piétonnières
abondamment utilisées. Nous revenons
enfin sur « La Rambla » de ce matin.
Cette fois-ci, nous devons nous frayer un chemin tellement il y a du
monde. De part et d’autre, les kiosques
de souvenirs sont ouverts, les petites terrasses occupées et le marché public
de la place vous invitant à y faire un tour.
Après plus d’une douzaine de kilomètres de marche, nous nous dirigeons
vers le navire afin de reposer nos vieux os….
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