La misère s’acharne sur nous.
Nous suivons une dépression ou une répression atmosphérique qui fait la
pluie et le beau temps. De plus nous
constatons que l’internet est de plus en plus difficile et capricieux. Impossible de prendre des messages et lorsque
nous essayons de faire des recherches avec « google », nous avons
l’impression de revenir au début des années 90 où nous pouvions voir les pages
se développer tranche par tranche. Pour
la température, il en va de même avec cette dépression qui déverse sa peine sur
nous et nous fait regretter les paysages d’automne de chez-nous. Aussitôt que le soleil paraît, même timide,
nous sortons en espérant que sa timidité ne soit pas que passagère.
Ce matin nous sommes accostés à « Moorea, Polynésie française » et nous espérons avoir le temps, cette fois-ci, de pouvoir faire l’excursion projetée. Pour le moment tout s’annonce bien. Ce n’est pas un soleil de plomb mais, même cette pâleur nous réconforte et nous donne l’élan nécessaire pour les préparatifs de l’après-midi. Nous devons être sur le « pier », lieu de rencontre pour l’excursion à midi quinze. Nous décidons donc d’y aller beaucoup plus tôt afin de profiter du soleil, des gens et de ce que les environs auront à nous offrir. À la sortie du « tender » nous sommes accueillis par quatre Polynésiens interprétant des succès de la « Compagnie Créole » accompagnés de leurs ukulélés et de percussions rudimentaires. Tout autour, des boutiques de souvenirs avec un sentiment de déjà-vu. Le seul vrai souvenir que nous voudrions rapporter, c’est de la vanille. Nous commençons nos recherches sur la vanille car, la Polynésie française est réputée pour sa culture et la qualité de ce parasite si prisé par tous les pâtissiers. Après quelques investigations nous finissons par trouver des emballages sous vide de huit gousses, dont on ne peut vérifier la fraicheur. Nous savions que cet aromatisant coûtait de plus en plus cher à cause de la rareté et de maladie. Nous demandons le montant qu’il faudrait débourser et sans sourciller, elle nous indique le montant avec le doigt sur le paquet. Nous avons demandé, parce que nous ne pouvions concevoir que ce qui était écrit était le prix à payer; il s’agissait de 50 euros, négocié à 35 soit, pour nous, un équivalent de 50$ US. Nous nous regardons avec des yeux exorbités d’où nous pouvions lire : « C’est beaucoup trop cher, nous prendrons de l’essence… ».
Nous embarquons, finalement, dans l’autocar qui nous permettra
de voir les points les plus intéressants de l’île. Le premier arrêt nous amène dans un village
reconstitué où nous avons pu assister à un spectacle de danse traditionnelle. Cependant, avant de commencer le spectacle
nous avons eu droit à une démonstration sur « comment décortiquer une noix
de coco? ». Cette technique
utilisée pour sortir une noix de coco de son enveloppe originale est fort
simple. Un petit gourdin de
soixante-quinze par trois centimètres est nécessaire pour enlever la première
enveloppe. Par la suite, lorsque la noix
est à nue, le cueilleur frappe légèrement le pourtour de celle-ci avec le même
instrument, ce qui a pour effet de séparer la noix en deux et de libérer le
liquide; simple mais efficace. Les
démonstrations terminées, nous retournons à l’autocar pour poursuivre la visite
de l’île. Malheureusement, c’est à ce
moment que la pluie est revenue nous accompagner pour le reste du
parcours. Pluie abondante et fond
d’images aux cinquante nuances de gris nous laissent un peu indifférents à ce
qui se présente à nous. Nous revenons au
navire pour prendre une douche (celle-ci est légèrement plus chaude) avant le
repas du soir et voir Moorea s’éloigner.
Il ne faudra que deux heures et demie au navire pour atteindre « Papeete,
Polynésie française ». Papeete est
la plus grande et la plus importante ville de Tahiti. Pour nous, la question qui se pose est :
« Pourrons-nous y mettre les pieds? »
Nous avons pu voir l’accostage de la fenêtre de la salle à manger. C’est vraiment impressionnant de voir un
navire de cette taille s’approcher et s’amarrer avec tant de douceur et de
délicatesse. Nous devrions voir le beau
temps réapparaître demain. Pour le
moment il n’y a pas d’avis contraire et nous souhaitons que le soleil nous accompagne
pendant les deux jours ici.
Le jour se lève et nous en profitons pour regarder à
l’extérieur afin d’adapter notre préparation psychologique nécessaire, au goût
du jour. Euréka, un carré bleu se
dessine à l’horizon et ça suffit pour nous emballer pour le reste de la
journée. Nous sommes à deux pas du
centre-ville et nous en profitons pour aller au marché public, endroit idéal
pour un bain de foule. C’est le genre de
marché où nous pouvons y trouver de l’habillement, de l’alimentation, de la
quincaillerie, des souvenirs et plein d’autres choses. Le plus grand plaisir, cependant, reste
encore le contact humain. Lorsque nous
engageons la conversation pour un renseignement ou autre, nous voyons des
regards s’illuminer avec le point d’interrogation sur notre région
d’origine. Plusieurs n’ont aucune idée sur
la localisation du Québec mais, restent attentifs à l’accent et à la demande. Il n’y a toujours pas de vanille à prix
abordable et nous dirions même qu’il y a eu un ajustement des prix en fonction
de la popularité de Papeete. Les étals
sont variés et bien garnis, présentant une diversité de pièces artisanales que
nous n’achetons que des yeux, étant donné le poids et l’espace permis. Après avoir bien arpenté de long en large de
haut en bas, nous nous dirigeons vers l’extrémité opposé en passant par la
section alimentaire qui est presque vide à l’exception des comptoirs de
poissons et fruits de mer. Nous y voyons
des espèces méconnues dans nos poissonneries et d’autres recherchées et prisées. C’est ainsi que nous avons pu admirer de
magnifiques pièces de thon frais d’environ deux kilos, qui nous faisait
saliver, pour seulement dix dollars américains.
Le marchand, fier de son produit, ne pouvant nous garantir la livraison,
nous avons donc décidé de nous abstenir de conclure l’entente possible. Nous sortons, finalement, de l’enceinte pour
retrouver Dame nature avec ses peines et ses débordements. Nous enfilons nos « ponchos » et
continuons notre visite en se disant que bientôt, peut-être, le soleil
réapparaîtra et nous pourrons nous débarrasser de cet emballage de
plastique. Finalement, la température et
la fermeture des magasins nous obligent à revoir notre planning. Nous sommes samedi et ici tout ferme à midi
pour le début de la fin de semaine.
Demain, les prévisions météorologiques nous annoncent une journée
ensoleillée.
Le soleil est à l’horizon et les nuages inexistants ce qui nous incitent à compléter rapidement nos obligations matinales pour retourner en ville. Nous sommes confiants et nous décidons de sortir plus léger avec seulement nos cartes, nos couvre-chefs et une bouteille d’eau pour aller arpenter les rues de la ville même endormie. Nous ne nous sommes pas concertés mais, je crois que plusieurs passagers ont eu la même idée que nous, ce qui cause un certain bouchon à la sortie. Je mets sur mon GPS téléphonique notre première destination. Nous nous dirigeons donc vers l’église protestante « Bethel » et nous suivons scrupuleusement le parcours désigné. Après un peu plus d’un kilomètre nous découvrons une enceinte remplie de fidèles à l’écoute de la prédicatrice annonçant la bonne Parole. Un chant interprété par la foule s’élève et résonne dans une harmonie rassurante et apaisante. Nous
décidons de poursuivre et je cherche donc, sur mon téléphone, le prochain point d’intérêt. C’est à ce moment que je me rends compte que nous avions fait le double du parcours que nous aurions dû faire si nous n’avions pas suivi l’obligation des « sens uniques » imposés aux voitures. Je change les paramètres pour un parcours pédestre et nous sommes repartis vers de nouvelles découvertes. Cette fois-ci, notre itinéraire est plus direct et nous arrivons à la Cathédrale où se terminait une cérémonie de baptême avec des participants vêtus que de blanc. Tout nous semblait moins austère avec un petit quelque chose de spécial. Croyez-le ou non, mais le « distributeur de désinfectant » a été remplacé par un « distributeur d’eau bénite » sans préciser s’il permet l’élimination d’autant de particules. On n’arrête pas le progrès…. Nous complèterons approximativement un peu plus de cinq kilomètres en visitant le monument érigé et dédié aux victimes des essais nucléaires effectués par la France et la Grande-Bretagne. Sur notre parcours nous y retrouverons un bronze de Bougainville, célèbre explorateur français, côtoyé par deux canons de la première guerre mondiale (un français et un allemand), une réplique du « Tiki » catamaran légendaire qui a permis l’exploration de plusieurs îles et d’une longue promenade de bord de mer qui nous ramènera à notre point de départ. J’oubliais de vous dire qu’il n’y a eu aucune goutte de pluie nous laissant sous le charme légendaire de Tahiti.