dimanche 3 mars 2013

Manaus.... à l'Atlantique


Douze kilomètres avant notre arrivée à l’endroit le plus éloigné sur l’Amazone pour nous, soit « Manaus » (1500 km de la mer), les flots noirs et acides du « Rio Negro » rejoignent ceux d’un jaune argileux de la « Solimões pour former l’Amazone.  Nous ne pouvons pas aller plus loin sans changer de navire car le « Maasdam » possède un tirant d’eau trop important pour s’aventurer sur le reste de ce géant.  Nous n’aurons fait que le quart de la distance totale de l’Amazone mais, on aura quand même une bonne idée de la vie sur cette partie du monde.  Manaus, avec ses quelques 200 000 habitants et ses activités commerciales bien développées est l’une des villes les plus importantes de l’Amazone.  Son quai flottant lui permet de poursuivre ses activités commerciales même pendant la crue des eaux lors de la saison des pluies.   À cette période, soit de février à mars, le fleuve se gonflera jusqu’à  sept mètres (10 mètres à certaines années) apportant alluvions et débris de toutes sortes..

Nous resterons à Manaus pendant deux jours afin de nous permettre d’approfondir nos visites car, le dimanche au Brésil, y a pas grand-chose d’ouvert.  Tous les magasins, les musées et autres bâtiments historiques sont fermés ne nous laissant les contempler que de l’extérieur en perdant toujours l’essentiel qui se trouve à l’intérieur, comme autre chose d’ailleurs.  Par contre, lorsque les grands magasins sont fermés, ils permettent aux commerces de rue d’occuper toute la place même celle des voitures qui pour la circonstance font le détour.  Toute la rue est laissée aux mains de ces petits cubicules rouges de deux mètres d’arête dans lesquels s’entasse marchandise de toute sorte ne laissant que très peu d’espace pour leur propriétaire.  On peut y voir du beau et du laid, du pratique et de l’inutile, quelques tables avec leurs chaises, en plastique, sur lesquelles des Brésiliens savourent une cuisine familiale, un cordonnier réparant dans la rue une sandale trop usée pour être jetée et tout ça entremêlé de passants furetant d’un kiosque à l’autre, hésitant, négociant pendant que d’autres ne font que passer.  C’est aussi l’occasion d’y voir une cathédrale remplie de fidèles rappelant un souvenir d’un temps déjà rendu trop loin pour nous.

Lundi, nous retournons en ville pour y retrouver une ville différemment animée.  Les cubicules de service sont en dormance dans une rue transversale permettant aux pétrolières d’écouler leur « stock ».  Nous, on en profite pour nous isoler et visiter un interdit  de la veille et faire quelques courses.  Le théâtre de Manaus, construit à la fin du XIXe siècle, rappelle une période faste d’un temps passé.  Un théâtre en forme de fer à cheval doté de quatre étages de loges devenant de plus en plus inutiles au fur à mesure que l’on s’élève ne permettant pas à ses occupants de voir correctement le spectacle.  Ils pourront contempler les décorations murales et la peinture du plafond qui représente la tour Eiffel vue d’en bas en écoutant une musique de Mozart ou sous la célèbre tirade de Cyrano.  Aussi surprenant que cela puisse paraître ce lieu de culture était, pour ma part, plus intéressant par son architecture extérieure.  À la sortie de notre visite une autre surprise nous attend : la pluie.  Il pleut à boire debout, comme on dit, et nous comprenons la signification des termes, saison des pluies et crue de l’Amazone.  Nous enfilons des « ponchos de pluie » transparents, ne nous laissant point distraire de notre horaire prédéfini et nous partons à la recherche de cartes postales pour quelques privilégiés.  La première étape franchie, nous partons à la découverte du « corrieos » pour les timbres postaux.  Après plusieurs détours, contours et retours, sous une pluie de plus en plus présente, nous nous retrouvons face à la postière.  On étale nos cartes, prononçons avec un accent anglais : « France and Canada », espérant un signe de compréhension de notre vis-à-vis.  Pas un mot, pas un son, pas un regard et tout-à-coup des doigts s’agitent sur un clavier et d’un geste presque nonchalant un écran se tourne pour nous indiquer un « 5,15 ».  On comprend que c’est le coût de notre envoie et nous acquiesçons du bonnet : marché conclu.  Un tiroir s’ouvre et des feuilles de timbres de différentes grandeurs s’étalent devant la préposée qui recherche la combinaison appropriée à nos envois.  Le choix établi, elle découpe, détache et distribue en deux groupes les affranchissements, sort un pot de colle et en applique sur l’un des timbres pour enfin l’apposer sur l’une des cartes en prenant soin d’en ajouter quelques-uns préencollés.  L’opération se répètera une deuxième fois.  Encore heureux que notre envoi n’était pas pour une région plus éloignée, nous n’aurions pas eu suffisamment de place pour y inscrire l’adresse.  La mission terminée, nous retournons à notre point de départ sous le regard amusé de Brésiliens photographiant deux touristes défiant la pluie avec le sourire….

Le système routier sur l’Amazone est déficient et les déplacements se font surtout par bateaux.  Le « bateau à trois étages » est le plus fréquemment utilisé.  Trois étages pour permettre la distribution de hamacs lorsque c’est nécessaire comme pour le parcours entre « Parintins » et Manaus » distant l’un de l’autre de 565 km.  Ce petit bateau fera la distance en 15 heures avec le courant mais, en 27 heures contre le courant.  La nuit venue les passagers s’étalent sur tous les ponts pour rencontrer Morphée.  Pour notre part nous retrouvons nos quartiers en attendant une autre belle journée ensoleillée.

Bonne Fête à Nathalie…

La dernière place que nous avons visitée dans l’Amazone est « Alter do Chão » qui est un endroit de villégiature pour les gens de « Santarém ».  En réalité ce n’est pas le grand fleuve mais plutôt un de ses quinze mille cours d’eau qui alimentent l’Amazone.  Contrairement à ce dernier, la « Rio Tapajós » n’a pas tous ces sédiments qui rendent l’Amazone si opaque.  Cette rivière aux eaux plus claires possède aussi des plages sablonneuses agréables et invitantes qui font que cet endroit est privilégié par les plaisanciers de « Santarém » qui y construisent de somptueuses maisons secondaires.  C’est, malheureusement, le seul intérêt de cet endroit et comme nous y étions un jour de semaine, l’animation y était presqu’inexistante.

Voici quelques données intéressantes à savoir sur ce mystérieux fleuve :

ü  Une longueur de 6750 km à partir de la rivière Ucayali au Pérou
ü  15 000 tributaires et sous-tributaires connus
ü  La superficie de la forêt tropicale Amazonienne est de 7 049 947 kilomètres-carrés soit 40% de la superficie du Brésil
ü  Un débit de 174 128 litres d’eau à la seconde (6 000% plus que le Nil)
ü  Température moyenne de l’eau : 26o C

Dix-sept heures trente jeudi 28 février 2013, nous sortons de ce grandiose fleuve qu’est l’Amazone.  Nous venons de parcourir, aller-retour, près de trois mille kilomètres à l’intérieur d’une parcelle du monde qu’on n’aurait jamais cru pouvoir faire.  Nous devons vous dire que nous aurions aimé être les premiers à franchir certaines limites et voir la nature telle qu’elle était avant les ravages d’une civilisation moderne mais, nous aurions dû naître au XVe siècle et nous n’aurions pas eu, par contre, la joie de vous connaître.  Comme la nature fait bien les choses!  Le retour sur l’Atlantique redonne le droit à une utilisation moins restreinte de l’eau et par conséquent, les salles de lavage vont redevenir opérationnelles.  J’ai comme l’impression que demain mon horaire sera modulé par les disponibilités qui me seront offertes pour me transformer en lavandière du moment….

Malheureusement, aucun génie bienfaisant ou fée généreuse n’est venu pendant la nuit réaliser un souhait silencieusement émis m’obligeant à me précipiter dès les premières heures vers une tache (oups! vers une tâche) inévitable.  Aussitôt dit, aussitôt fait et nous voilà prêts pour affronter, avec fierté  et au grand jour le reste du voyage.  Cet après-midi nous prévoyons aller au « five o’clock tea » qui, curieusement a lieu à quinze heures tous les jours.  On y sert une panoplie de thés ou tisanes, toujours accompagnés de petites pâtisseries toutes plus alléchantes les unes que les autres et de ce qui est encore meilleur, à mon avis, de petits « scones » sur lesquels on y dépose une couche de crème chantilly recouverte de confiture d’abricot. Hum!  Un vrai délice à s’en lécher les babines.  

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