mardi 26 février 2013

Amazone Amazone...


Nous voilà voguant dans le deuxième plus long fleuve au monde.  L’Amazone qui a fait la renommée de plusieurs explorateurs, nous laisse sur l’impression qu’à notre tour nous allons y découvrir un petit quelque chose.  Une eau chargée de sédiments et d’un parcours de près de six mille kilomètres, nous montre ses couleurs (on devrait plutôt dire « sa couleur »).  Le navire s’y aventure lentement laissant la végétation luxuriante en bordure, défiler sous nos yeux.  Aucune ouverture, ni brèche si ce n’est celle de l’œuvre de quelques Amazoniens voulant  y établir leurs domiciles.  Lorsque l’on rapproche momentanément la rive à soi pour se permettre une meilleure observation des lieux, on est ahuri par la très grande diversité de végétaux composant les abords terrestres.  Toutes ces plantes doivent se faire une lutte sans merci pour avoir leur juste part d’ensoleillement nécessaire et, à voir l’état des choses, je crois qu’ils y réussissent bien.  Demain nous ferons une intrusion dans cette impressionnable muraille végétale.

Nous nous levons de bonne heure pour prendre le petit déjeuner afin d’être à l’heure au départ de l’expédition dans la forêt amazonienne.  Fébriles et vêtus comme si nous allions au travail en novembre (j’exagère à peine avec nos pantalons longs et nos chemises à manches longues ne laissant à découvert que le minimum d’épiderme), nous nous dirigeons vers le véhicule qui nous amènera aux sentiers permis.  Tout au long du parcours nous apprenons que malgré la densité végétale, le sol amazonien est pauvre.  Après trois semences, le sol devient impropre à la culture et les fermiers doivent déménager.  C’est d’autant plus scandaleux lorsque l’on voit des compagnies comme « Cargill » faire de la culture de soya sur des kilomètres et des kilomètres.  On y apprend aussi que le parc où il nous est permis de faire notre randonnée pédestre, est protégé sur plus de 630 kilomètres carrés avec une interdiction totale de chasse et de pêche sur tout le territoire.  Le célèbre constructeur de voiture, « Henry Ford », en 1927, avait construit tout un village dans le style pur américain pour ceux qui travaillaient à l’usine de caoutchouc (parce qu’ici il y a des arbres à caoutchouc).  Pour habiter son village il y avait trois conditions : pas de femmes, pas d’alcool et pas de fumage.  L’électricité fit son apparition à « Fordlandia » avant partout ailleurs au Brésil.  En 1935, il plia bagages en laissant tout derrière lui, le latex n’étant pas de bonne qualité.

 
Après une heure et quart de trajet nous arrivons à la barrière du parc.  Notre guide fait un arrêt obligatoire afin de rencontrer le préposé à l’accueil et pour nous avertir qu’il n’y a pas de toilette sur le parcours.  Tous et chacun ont senti comme une envie soudaine monter en eux et se précipitèrent vers la toilette la plus proche.  Surprise, il n’y a qu’une seule toilette, celle du garde-chasse.  Pas de problème, les femmes à la « file indienne » attendent patiemment l’état de délivrance pendant que les hommes, dos aux dames mais face à la nature se libère en arborant un sourire béant.  Quelques temps après, nous reprenons la route pour un autre dix kilomètres avant d’atteindre le sentier promis.  On ne pouvait sortir du sentier tant la végétation était touffue, dense, entremêlée ne laissant pénétrer que très peu de lumière et formant une couverture presque parfaite.  Malgré toute cette opacité, il s’élève régulièrement des géants  comme « l’arbre à caoutchouc, les ceibas, les noyers du Brésil… » qui atteignent souvent des hauteurs de plus de 60 mètres avec un tronc égal et parfait élaboré pendant quelques siècles.  C’est si magnifique de voir ces géants entourés par « des orchidées, des plantes carnivores, des fougères, des lianes… » comme des enfants autour du « Père Noël ».  Nous marchons d’un pas lent, écrasés par une humidité alimentée par quelques ondées, sur un parcours de près de deux heures sans voir le soleil.

De retour au navire nous attendons le départ afin de nous enfoncer davantage dans ce fleuve laiteux jusqu’à un petit village de 75 habitants.  Allons-nous connaître une tribu aux piercings impressionnants ou une tribu « rapetisseur de têtes » ou toute autre moins agressive voulant négocier avec l’homme au « Latem noeac gib » (grand canoë de métal)?  Ce n’est qu’au prochain réveil que nous pourrons constater les faits.  Nous avons une grande déception de pas voir le rêve devenir réalité mais, quel beau cadeau de voir ce petit village vivant simplement presqu’emmitouflé par la végétation abondante.  Les enfants sont beaux et vous offrent la main pour vous accompagner dans le village en retour d’une récompense, pour notre part, du chocolat (je ne voudrais pas être le parent de ces enfants ce soir car, je crois qu’ils vont être survoltés).  Maisons sur pilotis bravant la crue des eaux à la saison des pluies, école juchée à toute épreuve, église simple appelant le recueillement et douceur de vivre sont le lot de ce petit village.  Pour compléter notre enchantement nous négocions un tour de pirogue sur l’Amazone avec un pêcheur de la place.  Écopant régulièrement son embarcation, notre hôte sans mot dire nous amène  doucement dans quelques méandres sous les « put! put! » d’un moteur monté sur une longue tige conçue pour ces plans d’eau.  Il ne parle pas mais il arbore un sourire de satisfaction nous faisant découvrir un autre aspect de son coin de pays.  Adrienne est aux anges et profite de ce moment de tranquillité et d’évasion pour se rappeler une expérience déjà vécue.  Il nous invite chez-lui mais le temps nous manque et nous devons revenir au navire pour poursuivre notre périple.  Demain nous accosterons à « Manaus » qui sera le point le plus éloigné de notre expédition sur l’Amazone ».  Nous avons parcouru depuis notre départ de « Fort Lauderdale » près de 16 700 kilomètres.

1 commentaire:

  1. Merci cher Robert pour ces si intéressantes descriptions de votre périple "enchanteur"....Quelle verve!

    Salutations à vous deux et au plaisir de goûter encore un peu de votre voyage!

    Bisous!
    Louise

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