L’archipel
des « Îles du Salut » situé près des côtes de la Guyane Française est
formé de trois îles : l’île du Diable, l’île Royale et l’île St-Joseph. Ces trois îles ont été le site de
déportations de criminels français de 1852 à 1946. Deux personnages ont fait la triste popularité de cet endroit : d’abord le
capitaine de l’armée française « Alfred Dreyfus » accusé de trahison
en 1895 mais réhabilité par la Cour Suprême en 1906 suite à la confession du
vrai coupable et ensuite par le célèbre roman d’Henri Charrière où le
personnage principal « Papillon » aurait été emprisonné pendant 9 ans
sur l’île du Diable. Papillon aurait
existé mais n’aurait jamais purgé sa peine sur l’île du Diable. Sur les 80 000 prisonniers qui furent
déportés ici, seulement 30 000 ont pu raconter leurs histoires.
L’île
Royale, possédant un accès pour accoster, est la seule que nous pouvons visiter. Nous y retrouvons la maison du directeur de
bagne, les cellules des prisonniers en général, les cellules plus communément
appelé « le trou » qui ne possédaient aucune ouverture ne laissant
pénétrer la lumière et plusieurs autres bâtiments et ruines d’un temps
révolu. Il était impossible de s’évader
de ces îles car les abords sont escarpés et les eaux infestées de requins. Les dimensions des cellules éliminaient dès
leur première journée les personnes claustrophobes. Imaginez un cube aux dimensions intérieures
de 1,5 mètre de large par 2 mètres de long et de 3 mètres de haut, le tout en
béton agrémenté d’une porte de bois massif de 6 cm d’épaisseur ne possédant
qu’une ouverture à peine plus grande que le visage et qui était la plupart du
temps fermée.
L’île
du Diable ne possédant plus d’accès nous devons nous faire une raison de ne pas
y mettre les pieds. Cette île aux abords
rocheux et aux forts courants marins était destinée aux prisonniers politiques. Elle a retrouvé ses caractéristiques
d’inaccessibilité et par conséquent nous devons nous contenter de n’y poser
qu’un regard distant. Considérée comme
la plus petite des trois, elle comprenait néanmoins le même type de bâtiments et
de châtiments. Dues aux conditions de
détentions difficiles on compte près de 70% des détenus qui n’ont jamais connu
le retour dans leur pays d’origine. La
cérémonie funéraire était réduite à sa plus simple expression. Les cloches résonnaient en signe de glas pour
le Seigneur mais, comme les corps étaient jetés à la mer, peut-être aussi, en appel aux requins afin de venir éliminer
l’indésirable. Heureusement que ces
pratiques sont maintenant révolues
Méfions-nous quand même de Harper….
Nous
nous préparons à fouler ce sol pénitentiel.
Selon les autorités du navire, face à une éventuelle attaque de
moustiques, il nous était conseillé de nous habiller avec des pantalons et des
chemises nous couvrant le plus possible et, en plus, d’utiliser de la crème
solaire et du chasse-moustiques même sous un soleil de plomb et une humidité plus
que relativement élevée. Pour faire
court il faisait chaud en bibitte…. Mais la visite en valait la peine et de savoir
que nous pouvions y entrer et en
ressortir aussi aisément était pour nous comme une douce vengeance à
l’histoire.
Quelques
heures plus tard nous avons traversé l’équateur nous transportant dans l’hémisphère
sud en direction du Brésil. Pour nous
donner, probablement, une idée de notre parcours sur l’Amazone, le capitaine a
fait un détour de 240 km, pour nous amener à « Bélem ». Un 30oC affublé d’une humidité
presque maximale nous attendaient pour nous souhaiter la bienvenue. On aurait souhaité un accueil « plus
froid » pour une fois. Mis à part
ces deux éléments incontrôlables, la ville ne comportait pas un grand
intérêt. Par contre l’administration
brésilienne est digne de mention. Le
nombre insuffisant d’embarcations pour amener les passagers sur la rive a causé
un retard considérable ne permettant pas à tous ceux et celles qui voulaient
visiter, de pouvoir le faire à leur guise.
Par contre pour tous ceux et celles qui ont pu aller jusqu’au bout de
l’expérience voilà ce qu’avait à offrir Bélem.
Cette ville a connu son âge d’or au XIXe siècle avec son boom
du caoutchouc. Par la suite elle fut
abandonnée à elle-même la laissant aujourd’hui dans un état de délabrement
assez remarquable. Détritus, sacs
poubelles laissés à l’abandon, maisons défraichies s’offrent à votre regard peu
importe l’endroit où il se dirige.
Ajoutez à ça une mer de bouteilles en plastique sur laquelle reposent barques
de pêcheurs et autres, attendant la marée pour ainsi se libérer des odeurs d’un
marché aux poissons exigu et exposé à la chaleur. Pour être honnêtes, nous aussi nous avons
considérés ça comme un signe pour en faire autant.
Nous
quittons donc Bélem sans regret pour revenir dans l’Atlantique et poursuivre
notre périple vers Rio. Prochain escale
« Récife ».
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