lundi 4 février 2013

L'île du Diable...


L’archipel des « Îles du Salut » situé près des côtes de la Guyane Française est formé de trois îles : l’île du Diable, l’île Royale et l’île St-Joseph.  Ces trois îles ont été le site de déportations de criminels français de 1852 à 1946.  Deux personnages ont fait la triste  popularité de cet endroit : d’abord le capitaine de l’armée française « Alfred Dreyfus » accusé de trahison en 1895 mais réhabilité par la Cour Suprême en 1906 suite à la confession du vrai coupable et ensuite par le célèbre roman d’Henri Charrière où le personnage principal « Papillon » aurait été emprisonné pendant 9 ans sur l’île du Diable.  Papillon aurait existé mais n’aurait jamais purgé sa peine sur l’île du Diable.  Sur les 80 000 prisonniers qui furent déportés ici, seulement 30 000 ont pu raconter leurs histoires.

L’île Royale, possédant un accès pour accoster, est la seule que nous pouvons visiter.  Nous y retrouvons la maison du directeur de bagne, les cellules des prisonniers en général, les cellules plus communément appelé « le trou » qui ne possédaient aucune ouverture ne laissant pénétrer la lumière et plusieurs autres bâtiments et ruines d’un temps révolu.  Il était impossible de s’évader de ces îles car les abords sont escarpés et les eaux infestées de requins.  Les dimensions des cellules éliminaient dès leur première journée les personnes claustrophobes.  Imaginez un cube aux dimensions intérieures de 1,5 mètre de large par 2 mètres de long et de 3 mètres de haut, le tout en béton agrémenté d’une porte de bois massif de 6 cm d’épaisseur ne possédant qu’une ouverture à peine plus grande que le visage et qui était la plupart du temps fermée.

L’île du Diable ne possédant plus d’accès nous devons nous faire une raison de ne pas y mettre les pieds.  Cette île aux abords rocheux et aux forts courants marins était destinée aux prisonniers politiques.  Elle a retrouvé ses caractéristiques d’inaccessibilité et par conséquent nous devons nous contenter de n’y poser qu’un regard distant.  Considérée comme la plus petite des trois, elle comprenait néanmoins le même type de bâtiments et de châtiments.  Dues aux conditions de détentions difficiles on compte près de 70% des détenus qui n’ont jamais connu le retour dans leur pays d’origine.  La cérémonie funéraire était réduite à sa plus simple expression.  Les cloches résonnaient en signe de glas pour le Seigneur mais, comme les corps étaient jetés à la mer, peut-être aussi,  en appel aux requins afin de venir éliminer l’indésirable.  Heureusement que ces pratiques sont maintenant révolues  Méfions-nous quand même de Harper….

Nous nous préparons à fouler ce sol pénitentiel.  Selon les autorités du navire, face à une éventuelle attaque de moustiques, il nous était conseillé de nous habiller avec des pantalons et des chemises nous couvrant le plus possible et, en plus, d’utiliser de la crème solaire et du chasse-moustiques même sous un soleil de plomb et une humidité plus que relativement élevée.  Pour faire court il faisait chaud en bibitte….   Mais la visite en valait la peine et de savoir que nous pouvions y entrer et  en ressortir aussi aisément était pour nous comme une douce vengeance à l’histoire.

Quelques heures plus tard nous avons traversé l’équateur nous transportant dans l’hémisphère sud en direction du Brésil.  Pour nous donner, probablement, une idée de notre parcours sur l’Amazone, le capitaine a fait un détour de 240 km, pour nous amener à « Bélem ».  Un 30oC affublé d’une humidité presque maximale nous attendaient pour nous souhaiter la bienvenue.  On aurait souhaité un accueil « plus froid » pour une fois.  Mis à part ces deux éléments incontrôlables, la ville ne comportait pas un grand intérêt.  Par contre l’administration brésilienne est digne de mention.  Le nombre insuffisant d’embarcations pour amener les passagers sur la rive a causé un retard considérable ne permettant pas à tous ceux et celles qui voulaient visiter, de pouvoir le faire à leur guise.  Par contre pour tous ceux et celles qui ont pu aller jusqu’au bout de l’expérience voilà ce qu’avait à offrir Bélem.  Cette ville a connu son âge d’or au XIXe siècle avec son boom du caoutchouc.  Par la suite elle fut abandonnée à elle-même la laissant aujourd’hui dans un état de délabrement assez remarquable.  Détritus, sacs poubelles laissés à l’abandon, maisons défraichies s’offrent à votre regard peu importe l’endroit où il se dirige.  Ajoutez à ça une mer de bouteilles en plastique sur laquelle reposent barques de pêcheurs et autres, attendant la marée pour ainsi se libérer des odeurs d’un marché aux poissons exigu et exposé à la chaleur.  Pour être honnêtes, nous aussi nous avons considérés ça comme un signe pour en faire autant. 

Nous quittons donc Bélem sans regret pour revenir dans l’Atlantique et poursuivre notre périple vers Rio.  Prochain escale « Récife ».

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