Vous vous souvenez que nous
devions revenir le 22 mars en partant de Honolulu pour rentrer au Québec, en
passant par Vancouver, Montréal pour finalement aboutir à Québec. Eh bien, rien de cela ne s’est réalisé. Arrivé à Honolulu, le navire a pu accoster
mais, les autorités hawaïennes avaient révisé leur position et ne permettaient
plus que les voyageurs puissent descendre afin de prendre les vols qu’ils
avaient si chèrement acquis. Six heures
de négociations entre les autorités gouvernementales, du navire et de la maison-mère
de Holland America pour en aboutir à la plus décevante décision qu’il pouvait
en ressortir. Un refus catégorique d’y
déposer les pieds sous peine de représailles en guise de conclusion finale. Seuls les gens d’origines hawaïennes ont eu
la permission de descendre et de rejoindre les leurs. Nous pouvions voir des passagers de toutes
les origines, appuyés sur la rambarde du navire, fixant obstinément ce qui se
passait sur le quai en espérant un signe de conclusion plus heureuse à leur
égard. Certains Américains, désespérés
de la situation, grimpent sur le garde-fou pour hurler leur appartenance sans
comprendre l’indifférence des interlocuteurs sur la terre ferme. L’attente atteint sa conclusion. On ne permet que le ravitaillement d’un mois
en nourriture pour l’équipage et le plein de carburant (il y a 200 membres
d’équipage mais encore 835 passagers).
C’est avec amertume et déception que nous nous éloignons du quai en
pensant à la perte de billets d’avion et au travail que nous devrons faire pour
en acquérir de nouveaux. Heureusement,
des baleines à bosses, comme pour nous aider à accepter l’inévitable, nous
offrent un spectacle à la sortie du port.
Le 25 mars…
L’inquiétude s’installe
confortablement en nous car, l’avenir devient de plus en plus incertain. Serons-nous capables de conclure bientôt ou
devrons-nous subir les pressions électoralistes des prochaines escales? Nous attendons des confirmations plus
officielles afin de commencer de nouvelles recherches d’un futur itinéraire. Le capitaine nous annonce que nous pourrons
descendre à San Diego mais, dans un élan de prudence nécessaire, nous avise
qu’il confirmera plus tard la véracité de cette annonce. Nous patientons encore car, « chat
échaudé, craint l’eau froide » dit-on.
Le 25 mars au matin, le capitaine nous interpelle pour nous confirmer
qu’il a l’assurance que les passagers pourront sortir le 27 ou le 28 mais, que
les personnes qui sortiront du navire ne pourront y revenir, peu importe la
raison. Nous prévoyons sortir le 28 car
sachant que la majorité voulait sortir le 27 il y aurait probablement plus de
places sur les vols le lendemain. Mon ami
se met sur le téléphone (il est vingt-trois heures quinze) pour parler à un
préposé d’Air Canada afin d’apporter un changement d’itinéraire sur notre
billet d’origine. Un enregistrement
d’attente téléphonique se déclenche. Vous
savez, ces enregistrements impersonnels qui vous affirment que votre appel est
important et qui espère la bonne compréhension de son interlocuteur. Une heure se passe avant qu’une vraie
personne vienne moduler la phrase autrement.
Après les explications d’usage sur notre situation et notre demande,
nous apprenons que nous aurons un vol de San Diego à Québec, avec les temps
raisonnables aux escales, nous permettant, ainsi, de respecter les exigences du
moment. De plus, nous apprenons que les
coûts seront nuls car, cette transaction était considérée comme le transfert
d’un billet que nous avions déjà. Nous
lui offrons des fleurs virtuelles en remerciement pour ce cadeau et nous nous
disons que nous sommes chanceux, malgré tout.
Le 26 mars…
« Jamais deux sans
trois », dicton détestable que nous aimerions voir disparaître deux fois
sur trois, va revenir à la charge plus rapidement que prévu. Après une bonne nuit de sommeil, nous étions
encore confiants pour la suite des choses et le retour. Mais, j’ai un ami inquiet de nature et qui
fouille un peu partout pour retrouver son assurance et sa tranquillité. Le voilà parti sur le site officiel d’Air
Canada vérifiant deux fois plutôt qu’une, le parcours obtenu quelques heures
auparavant. La vitesse de la liaison
satellite nous oblige à plus de patience que prévu et tout d’un coup nous
apparaît une image nous annonçant l’arrivée prochaine de nos espoirs. Voilà que la tablette et le visage de mon ami
se tournent vers nous pour nous afficher le professionnalisme de cette
compagnie aérienne. Sans crier gare et
sans avertissement par courriel ou autre, Air Canada annule notre portion de
vol entre Toronto et Québec. J’ouvre
aussitôt mon ordi, comme pour vérifier si ce serait différent sur le mien mais,
peine perdue, la communication est tellement lente que nous avons le temps
d’accoster avant d’avoir une réponse. Après
plusieurs tentatives infructueuses, nous abandonnons les recherches et nous
nous disons que lorsque nous serions à Toronto nous nous occuperions de trouver
un moyen pour rentrer à la maison. Nous
avions presqu’accepté cette situation, lorsqu’en soirée mon ami se tourne vers
moi et dit : « J’ai envie d’essayé d’appeler à nouveau Air
Canada ». Nous voilà repartis, lui
sur le téléphone et moi sur l’ordi, à la recherche d’une solution plus
convenable. La lenteur proverbiale des
communications, que nous connaissions, nous ramène dans un état de zénitude que
nous devons accepter pour ne rien perdre.
Enfin, j’entends mon ami dire : « Bonjour, j’ai appelé
hier… » et le reste de l’histoire cité plus haut afin d’avoir des
explications et possiblement un transfert entre Toronto et Québec.
Agent : Nous pourrions vous
offrir Toronto – Montréal – Québec, départ de Toronto 8:30 arrivé à Québec à
18:30.
Denis : Vous n’auriez pas
quelque chose de mieux?
- - Nous aurions Toronto - Ottawa - Montréal - Québec
avec la même heure d’arrivée à Québec.
- - Vous n’avez pas de vol direct entre Toronto et
Québec, pourtant hier vous nous l’aviez offert?
- - Je vais voir je nous reviens.
- - Elle m’a mis en attente et j’espère que je ne
perdrai pas la communication…
Au bout de dix minutes…
- - Bonjour, il ne reste que 5 places de libre dont
3 en classe affaire et 2 en économique.
- - Il nous en coûterait combien de plus pour des
places en classe affaire
- - Je vais voir, je vous reviens…
- - NE ME METTEZ PAS… trop tard elle est parti
Après un autre dix minutes…
- - Bonjour, il faudrait séparer les billets que
vous avez présentement pour pouvoir avoir de billets en classe affaire.
- - Je ne veux pas séparer les billets, nous voulons
tous revenir au Canada
- - Il n’y aurait pas de problème, vous serez tous
sur le même vol de San Diego à Toronto
- - Combien ça coûterait de plus?
- - Je vais voir, je vous reviens…
- - NE ME METTEZ… trop tard (elle nous a encore mis
en attente)
Un autre dix minutes…
- - J’ai séparé les billets voici les numéros de
confirmation pour ceux de la classe affaire…
- - Mais vous m’assurez que nous sommes tous sur le
même vol pour Toronto?
- - Oui, sans problème.
- - Combien?
- - Il vous en coûtera 860$ par personne de plus
pour la classe affaire entre Toronto et Montréal
- - COMBIEN?
- - 860$ par personne…
- - Pouvons-nous y penser quelques minutes?
- - Oui et elle repart…
Nous n’en pouvons plus et nous
laissons tomber la classe affaire car nous reprendrons les démarches à notre
arrivée au Canada.
- - Bonjour, avez-vous pris une décision?
- - Nous ne changeons rien mais, vous m’assurez que
le vol entre San Diego et Toronto est inchangé pour nous quatre?
- - Assuré, voici les numéros de confirmation….
Il est minuit quinze le 27
mars. Nous allons dormir car il nous
reste toute la journée du 27 pour trouver une solution étant donné que notre
vol est prévu pour onze heures quarante le 28 mars.
Le 27 mars…
Vers sept heures trente du matin le
27 mars, le téléphone de la chambre se lance tel un coq de malheur dans un matin de béatitude. C’est mon ami qui
m’interpelle et me demande si j’avais vu mes courriels. En vacances! rarement avant sept heures trente lui
répondis-je, tout en faisant un bon pour saisir ledit appareil. Surprise, Air Canada annule le vol que nous
venions de nous faire confirmer il y a à peine quelques heures auparavant. Nous nous retrouvons à nouveau dans une
situation des plus difficiles car nous devons quitter impérativement le navire
au plus tard le 28 mars et que les autorités de San Diego n’acceptent pas que
vous débarquiez du navire sans une preuve de votre départ vers votre pays
d’origine. Sans plus attendre, moi sur l’ordi
et mon ami au téléphone, nous tentons d’être sur le vol (confirmé pour près de
cent trente passagers canadiens) de quinze heures vers Toronto. Cette fois, la plupart des passagers n’ayant
plus besoin de WiFi, nous pouvons naviguer plus rapidement et nous atteignons
plus facilement le site officiel de cette compagnie de broche à foin. Rapidement, nous constatons qu’il y a
suffisamment de places pour nous et nous confirmons aussitôt, mais avec des
frais inhérents, bien entendu et sans vraiment d’attente quant au choix des
sièges. Pour plus d’assurance, je fais
immédiatement l’enregistrement que je fais imprimer avec l’aide du « Front
Desk ». Il est huit heures trente,
nous n’avons pas déjeuner et nous devons quitter le navire pour dix heures. Je vous laisse imaginer le branlebas de
combat mais, nous étions contents car nous avions un vol qui nous ramenait au
Canada. C’est le cas de le dire qu’il
nous ramenait et sans plus. Un accueil
distant avec une hôtesse de l’air qui nous offre des bouteilles d’eau dans un
panier et qui disparaîtra du décollage à l’atterrissage. La suite est moins dramatique parce que le
soir même à Toronto nous avions un vol direct, pour le lendemain, avec West Jet
et ce dernier sans complication.
Si vous avez lu jusqu’ici c’est
que vous êtes vraiment intéressés à ce que nous vous racontons et vous méritez
de rester sur la liste…
À l’année prochaine….