Depuis Rarotonga, nous n’avons
pas quitté le navire. Quelle aventure
qu’ont vécus nos ancêtres lors de la colonisation. J’imagine nos premiers colons qui partaient d’Europe
pour un voyage qui pouvait durer presque trois mois sur des coquilles de noix, afin
d’évangéliser les autochtones et trouver une vie meilleure. Nous sommes cantonnés depuis le 11 mars (sur
un navire beaucoup plus confortable, je l’avoue) et nous commençons à trouver
le temps long. S’il ne s’agissait que de
moi, il n’y aurait pas eu de colonisation et nos premières nations seraient
libres comme l’air mais sans réclamation officielle. Ils n’auraient pas pu bloquer le chemin de
fer car il n’y aurait pas eu de chemin de fer.
C’est vrai que je divague mais il y a des circonstances à ces bulles au
cerveau.
D’abord, on nous annonce que nous
pourrons probablement voir la Polynésie française suite à l’interdiction de
débarquer au Tonga, pour apprendre en route, que le scénario se répètera et que
nous devrons continuer, inlassablement notre route. Qu’a cela ne tienne, nous gardons espoir de
pouvoir satisfaire notre préemption à la terre ferme dans les îles
hawaïennes. La journée se passe sans
pépin jusqu’au moment où le
capitaine nous annonce que les autorités n’acceptaient qu’un débarquement à
Hilo, Hawaï. Près de trois cents passagers
ont quitté le navire à Rarotonga. Non,
non, non ils n’ont pas été jetés par-dessus bord mais, ils ont obtenu la
permission de débarquer en présentant un billet d’avion pouvant les sortir de
l’île, la journée même. Quant à nous,
nous avions bon espoir, quand même, de pouvoir atteindre la fin de l’itinéraire
et de débarquer à San Diego. Donc pour
continuer mon histoire courte, nous nous mettons à chercher une alternative à
partir de Hilo (si nos espoirs sont mis de côté) et de trouver un billet d’avion
pour nous ramener à Québec. Finalement,
nous finissons par dissimuler nos inquiétudes avec Hawaiien Air Lines et Air
Canada. Tout est parfait et nous pouvons
à nouveau dormir sur nos deux oreilles (chose pas facile à faire,
d’ailleurs) ».
Soudainement les haut-parleurs
reproduisent une voix qu’on ne veut pas entendre, du moins à cette heure-là,
(vous avez compris que c’était le « fameux capitaine ») qui nous
annonce que nous ne pourrons définitivement pas débarquer à Hilo et que nous
poursuivrons la croisière jusqu’à Honolulu.
Toutefois nous arriverons à la date prévue pour Hilo. Nous nous disons, presqu’avec le sourire du
vainqueur : « Pas de problème nos billets comportent une escale à
Honolulu et l’embarquement pour Toronto est en après-midi ». Nous confirmons, quand même avec le Front
Desk, à savoir si notre résonnement était plausible. Après vérification, nous pensions tous que nous vous reverrions le
21 mars comme annoncé. Nous nous
laissons aller dans les bras de Morphée avec la certitude que nous avions enfin
la solution finale. Au petit matin,
après notre petit déjeuner, nous retournons à la cabine et le téléphone
retentit. Je réponds, pensant que c’est
mon ami qui m’appelle : « captain speaking… » et d’une voix
grave mon interlocuteur me dit : « Le Front Desk nous réclame à
propos de nos billets ». Nous
grimpons les escaliers à grande vitesse, pour apprendre qu’il est possible que
nous ne puissions prendre le vol à Honolulu car, toujours d’après eux, n’ayant
pas utilisé le vol de Hilo, la compagnie aérienne communique avec Air Canada et
annule le vol. Merde plus nous nous
rapprochons et plus les disponibilités disparaissent. Et c’est reparti à la recherche de nouveaux
billets salvateurs. Malheureusement nous
n’avons plus les mêmes horaires proposés et, encore plus dérangeant, nous
serions obligés de passer par les États-Unis.
Étant donné les mesures prises dans ce pays, nous préférions faire les
escales au Canada. Ce n’est pas drôle
d’être chauvin comme ça mais, ça vaut le coup.
Nous regardons pour un départ de Honolulu partant plutôt le lendemain, soit
le 21 mars. Il n’y a que trois vols qui
partent de Honolulu passant par Vancouver, Toronto ou Montréal pour se terminer
à Québec. Le trajet choisi est celui où l’escale à Vancouver sera le plus
long car, dans notre chance, nous craignons de subir un contrôle plus important
en entrant au pays. Après quelques temps
d’attente (la ligne satellite n’est vraiment pas rapide) et des frais
supplémentaires, nous avons la confirmation des vols jusqu’à Québec. Nous « devrions » être de retour à
Québec le 22 mars à 21h30. Toute cette
saga nous oblige cependant à rester sur le navire, même à quai, car encore une
fois, je le répète : « il n’y a pas de corona virus sur le
navire ».
Bonne fête à Laval le 19 et à Léo
le 20 mars.