Plusieurs ports auxquels nous accostons, ces jours-ci, ont déjà fait l'objet d'exploration plus ou moins répétée. Pour contrer ce phénomène, il arrive parfois que nous nous laissons tenter par certains démons. C'est ce coup de grâce que nous avons vécu à Roseau en Dominique. Nous nous dirigions vers le jardin botanique pour donner un sens à notre sortie lorsque, on ne sait pourquoi, nous nous arrêtons pour parler à un insulaire propriétaire d'un mini-van gris. Ce dernier parlait un dialecte dont nous pouvions déceler un mélange de français, d'anglais et de créole. De la musique à nos oreilles. Nous étions bien pris à l'hameçon et nous y prenions un certain plaisir. Il nous explique, dans un phrasé assez musical, la tournée qu'il nous propose. Entre autres, nous pourrons voir les "chutes trafalgar", les trois pitons, les sources sulfureuses, le jardin botanique et bien plus. Ce qu'il faut savoir à propos de cette île, c'est qu'elle a subi à plusieurs reprises des ouragans de forte intensité. Plus près de nous en 2017 avec l'ouragan "Maria" qui, avec des vents atteignant 354 km/h a dévasté l'île de la Dominique. Les résultats sont effrayants car trente et une personnes sont mortes et trente quatre autres sont toujours portées disparues. Malgré tout ça, la nature a repris ses droits et son espace mais, il reste encore les vestiges de ces maisons sans toit ne laissant paraître que squelettes de béton. Notre guide nous apprend, en passant près d'un groupe d'édifices semblables, que le gouvernement a fait construire ces appartements pour reloger les sinistrés. Le plus magnifique, c'est que le loyer est à la charge du gouvernement et que l'électricité, l'eau, les taxes sont au frais du sinistré locateur pour le reste de sa vie. Nous remarquons rapidement qu'il y a peu d'espace horizontal ce qui est la caractéristique des îles à formation volcanique. Nous grimpons sans cesse, parfois avec des virages à cent quatre-vingt degrés et nous sommes presque indifférents tellement les récits et les descriptions de notre interlocuteur sont omniprésents. Tout ce qui l'entoure est sujet à anecdotes et amour de la place. Tous les points d'intérêts promis ont été vus et plus encore. Il n'hésite pas à faire marche arrière pour combler une timide attente de notre part. Très passionné et très patient. Nous avons l'impression que nous sommes en présence d'un grand-père ayant vu ses petits enfants depuis fort longtemps. Nous croisons des groupes de travailleurs préposés à la propreté des routes, répondant à notre salutation avec un large sourire et leur approbation gestuelle. Tout est agréable autour de nous et tout contribue à l'harmonie dégagée. C'est une île de rêve, si nous faisons abstraction de ces ouragans trop fréquents. Demain, je me repose car mes genoux ont de la difficulté à supporter ma vieille carcasse. Après demain nous avons un safari et je veux y participer.
Nous voilà partis pour une journée en mode safari autour de "St. Kitts and Nevis". Un homme haut en
couleurs (dans l'habillement et dans l'affichage d'une barbe aux couleurs du pays) nous accueille avec un large sourire. Ce sera notre guide-chauffeur pour les trois prochaines heures et demie. Nous montons à tour de rôle dans notre habitacle de transport qui est, somme toute, assez rudimentaire laissant place à tout les aléas météorologiques. Notre guide nous fait un petit cours et sa conception historique humoristique sera le reflet du temps passé en sa présence. Pour lui, au XVième siècle, ce sont les autochtones qui ont découvert Christophe Colomb sur la plage et non l'inverse. Nous étions attentifs à tous ses commentaires qui se laissaient interrompre de temps en temps par des éclats de rire. Par contre nous ne nous habituons pas à la conduite à gauche et à chaque virage notre insécurité augmente. La vitesse diminue et nous nous engageons dans une route qui se rétrécie de plus en plus, lorsque l'écriteau apparaît sur le bas côté: "One way" ce qui est suffisant pour atténuer nos craintes. Notre interlocuteur nous informe que nous sommes sur la route d'une ancienne usine de distillation de rhum aujourd'hui transformée en musée sur le "batik". Les bâtiments principaux très bien conservés et la végétation luxuriante cachant presque d'autres vestiges nous plongent dans un temps déjà révolu. Le temps est au passé.... Après quelques histoires et temps passé nous reprenons la route avec son lot d'inquiétudes. Plus nous avançons, plus nous traversons de villages et plus les appréhensions diminuent nous laissant saluer tous ceux et celles qui entrent dans le jeu. Notre camion de brousse laisse la route pour s'aventurer dans un champ près d'une falaise. À cet endroit précis nous nous trouvons là où les eaux de l'Atlantique et de la mer des caraïbes se croisent. Notre bolide reprend la route et nous amène, touristes obligent, à un point de vue superbe agrémenté de petites boutiques souvenirs. J'en connais deux, Hugo et ti-Louis, qui vont être contents comme leur mère lorsque nous revenions de voyage.... Notre dernier arrêt sera un autre point de vue qui n'est pas négligeable. Certains pourraient penser que lorsque nous avons vu un tel spectacle, les autres doivent être fades! Chaque parcelle de beauté que nous pouvons assimiler vaut mille fois les horreurs qui se développent dans le monde présentement. Nous terminons notre périple et notre guide a su nous placer sous sa cloche de jovialité.
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