dimanche 30 octobre 2022

Hello Lautoka...

Nous sommes fébriles, ce matin, car nous nous retrouvons là où tout s’est arrêté la dernière fois en 2020.  Des bruits sourds de métal frottant l’un sur l’autre nous réveillent brusquement.  L’équipage s’affaire à descendre des « tenders » pour amener, sur la terre ferme, ceux et celles qui le désirent.  C’est toujours le même phénomène lorsque les battures ne sont pas assez profondes pour permettre au navire de s’accoster et par conséquent, rend la distance trop importante pour la faire par soi-même.  Les bruits sont de plus en plus forts et stridents.  Le Zuiderdam a de la difficulté à se stabiliser pour permettre l’opération qui, en temps normal, est chose courante et rapide.  Effectivement, nous ressentons, même dans la cabine, Éole se faire plaisir avec les ondes qui nous entourent.  De notre point de vue, nous nous disons que nous avions déjà vu pire.  Après nos ablutions matinales, nous nous habillons et nous nous dirigeons vers la salle à manger pour prendre notre petit déjeuner.  « Andri » (c’est notre serveur) s’approche d’Adrienne et sans qu’elle ne dise un mot, commence à écrire la commande.  Faut dire qu’Andri est perspicace car, Adrienne demande, matin après matin son éternel bol de gruau avec noix, raisins et cassonnade.  Pour ma part, je prends toujours deux œufs mais, je garde notre serveur en alerte en attendant à la dernière minute pour lui signifier si je les veux miroir, poché, battu ou en omelette.  Quelquefois, j’ajoute un petit suspens avec la viande d’accompagnement.  Je crois qu’il trouve ça moins monotone car, il affiche souvent un sourire malicieux et complice du coin de l’œil. 

 

Les commandes rendues à notre table nous débutons la dégustation lorsque soudainement, la voix du capitaine se fait retentir.  Ce n’est jamais bon d’entendre le capitaine si tôt le matin surtout lorsque ça commence par : « J’ai un important message à vous transmettre ».  Lorsque nous regardons par la fenêtre de la salle à manger, nous voyons bien que la vague devient de plus en plus agressive.  Ce que nous craignions le plus est confirmé par l’attitude et les mots que le capitaine emploie.  La vague est tellement forte que les « tenders » tardent à s’amarrer au navire et lorsqu’ils y parviennent, laissent régulièrement des espaces de deux à trois pieds entre la plateforme et le « tender ».  Le capitaine n’a pas le choix d’annuler la sortie car, comme il le dit si bien, la sécurité des passagers est plus importante que l’activité elle-même.  Nous endossons la décision du capitaine.  Nous sommes persuadés qu’elle était justifiée lorsque nous constatons toutes les tentatives effectuées par les « tenders » pour seulement revenir au bercail et tous les efforts que doivent déployer les équipages pour tout sécuriser.  Nous en sommes quitte pour une journée supplémentaire en mer.  Après que tout fut sécurisé, le capitaine a mis le cap vers notre nouvelle destination mais, il le fait à pas de souris.  Nous croyons même, qu’à certain moment, il se laisse dériver.  Vous pensez bien que la distance à faire est celle que nous devions parcourir pendant la nuit.  Le pire dans tout cela c’est que nous retournons vers une autre île des Fidji qui n’ont pas, selon moi, une excellente réputation côté connexion internet.

 


Tôt ce matin nous avons accosté à « Lautoka, Fidji ».  Sans trop d’enthousiasme, nous prenons la navette qui nous amène, je vous le donne en mille….  Un grand philosophe encore inconnu a dit un jour : « plus ça change, plus c’est pareil ».  Nous sommes, quand même, au centre-ville et nous nous rendons vite compte qu’il y a quelque chose de spécial dans l’air.  Les « Îles Fidji » sont principalement habitées par des Fidjiens (les autochtones) et des gens que les coloniaux britanniques ont recrutés en Inde pour avoir de la main-d’œuvre à bon marché.  Il n’est pas rare de voir déambuler dans les rues, des femmes portant le « sari », (vêtement féminin indien) de toutes les couleurs et brodé de fil d’or, ce qui transforme cette ville, un peu terne, en un tableau animé, agréable et vivant.  Ce qui flotte d’une rue à l’autre ce ne sont pas des saris de semaine mais plutôt ceux qui sont gardés pour les grands moments de fêtes et de journées spéciales.  En effet, c’est le « Diwali day » ou le festival de la lumière dans la religion hindouiste.  Pendant que certaines femmes se déplacent pour le plaisir de nos yeux, d’autres s’accroupissent pour imprimer dans le trottoir des figures avec des poudres de couleurs vives.  D’autres, au lieu d’utiliser des calques, s’appliquent à dessiner, à main levée, des figurines en guise de respect pour cette journée.  Au détour d’un coin de la rue, le décor change et nous semble plus près de la réalité de tous les jours.  Les saris sont de moins en moins présents et laissent place à du déjà vu dans les îles.  Ce n’est pas fête pour tout le monde même si on remarque un profond respect pour cette journée spéciale.  Dans un autre détour nous remarquons un bâtiment un peu délavé mais, arborant un porte-à-faux excédant la normale et protégeant les gens qui y sont agglomérés.  Nous nous approchons pour y percevoir des étales de manioc, de bananes un peu trop mûres, de piments oiseaux qui vous font pleurer juste à les regarder, des limes et des mangues.  Nous nous déplaçons à travers les gens plus intéressés par les étalages au sol que par notre présence et d’autres argumentant pour avoir un meilleur prix et peut-être pouvoir ajouter du piquant à leur repas du soir.  Nous tournons à gauche, à droite sans avoir de but précis et tout-à-coup notre point de départ réapparaît et semble nous faire signe d’aller le voir.  Notre navette de retour tarde à se présenter et nous sommes attirés par de grandes portes ouvertes laissant entrevoir quelque chose de différent.  En effet, si la façade est vieillotte et un peu délavée, il en est tout autrement dans ses entrailles dévoilant des articles de luxes faisant contrastes avec ce que nous avions pu côtoyer il y a quelques instants encore.  L’autocar arrive et nous en profitons pour revenir au Zuiderdam.  Demain, nous partons pour les « Îles Cook » 

mercredi 26 octobre 2022

Internet de malheur

Mon texte est écrit depuis plusieurs jours mais, impossible de le mettre en ligne parce que le réseau internet est défectueux.  Régulièrement de 2, 3 ou jusqu’à 4 fois par jour, je me place devant un écran blanc qui me niaise et qui semble me dire : « Je vais voir jusqu’où va aller ta patience… ».  J’ai tout essayé soit de redémarrer l’ordi ou le fermer complètement ou passer par google, rien à faire, la frustration reste à son maximum.  Je ne peux pas mettre mon blog à jour mais, je ne peux pas avoir des nouvelles de mes amis non plus.  Comment ont fait nos parents et grands-parents pour vivre au jour le jour sans internet?  C’est frustrant de ne pas avoir le monde à ses pieds vingt-quatre heures sur vingt-quatre.  Allez, j’essaie une autre fois juste pour voir au cas où ça fonctionnerait.  Je vous reviens bientôt (tout dépendant de la rapidité du réseau).  Merde il n’y a plus d’internet du tout maintenant et un message m’apparaît pour m’annoncer que le service est temporairement interrompu pour mise à jour et réparation.  Au moins je peux me consoler en me disant que, pour une fois, ce n’était pas moi le problème.  Je ne sais pas si je vous ai déjà dit que l’océan Pacifique était immense mais, maintenant c’est confirmé.

 

Bon, nous venons d’apprendre que c’est à cause de la bande 5G installée sur les Îles Fidji, que le système satellite du navire ne fonctionne plus.  Il y a incompatibilité.  Je vais prendre mon mal en patience, comme on dit, car je suis toujours limité pour le transfert de données pour mon blog.  Je vous entends disputer et râler contre le système mais, soyez assurés que je fais assez de râlement pour combler les demandes de tout le monde.  Comme dit Adrienne vous en aurez plus à lire la prochaine fois.  Le département de la maintenance nous informe que le service devrait revenir à la normale dans trois jours lorsque nous serons en dehors de l’attraction fidjienne.  Nous ne pouvons rien y faire et espérons que le tout revienne dans les normes le plus rapidement possible.  Par ailleurs, il y a quelque chose de plus préoccupant qui se développe présentement sur le navire.  Il y a une éclosion de cas de covid à bord.  Heureusement les personnes atteintes sont immédiatement prises en charge et isolées dans des cabines prévues à cette effet par la compagnie.  C’est préoccupant parce que c’est exactement ce qui avait mis fin au débarquement dans ces mêmes îles il y a plus de deux ans.  Pour rassurer tout le monde, nous restons, Adrienne et moi, « négatif » (c’est-à-dire positif mais négatif) devant cette situation.  Nous avions donc le laisser-passer pour sortir ce matin et faire un tour à « Suva, Vitu Levu ».  C’est une ville que nous avons visitée la dernière fois par un soleil et une foule plus présente.  Il faut dire que nous sommes dimanche et ici tout est fermé sauf les églises.  Nous retournons visiter « Sacred Heart Cathedral » qui possède une très belle architecture à l’extérieur et un intérieur révélant quelque chose de plus simple.

 


Voilà que petit à petit des gens se dirigent vers la porte principale.  Nous faisons de même et nous nous rendons compte que les personnes sont assises attendant patiemment le début de l’office.  À l’arrière, des jeunes pieds nus et vêtus d’une soutane blanche et d’un surplis vert dont le plus grand des servants de messe, tenait un bâton de bois sculpté et ayant à son faîte la croix.  Le célébrant descend l’allée centrale pour rejoindre les enfants de chœur qui l’attendent depuis un bon moment.  Nous jetons un regard timide à l’intérieur lorsque tout-à-coup nous entendons une voix : « Vous êtes des touristes, tout en nous examinant de la tête aux pieds?  Sans attendre la réponse il nous tend la main, se présente comme l’archevêque de la place et nous invite à nous asseoir à l’intérieur.  Rendus à notre place, Adrienne me présente discrètement une petite bouteille de désinfectant car même s’il est « porteur de la parole de Dieu », il peut être, aussi, porteur de germes.  De quelques places occupées lorsque nous sommes arrivés, il ne reste que quelques espaces libres au début de la cérémonie.  Nous en profitons pour nous éclipser afin de libérer de l’espace pour des fidèles plus réguliers.  C’est une ville fantôme dans laquelle nous déambulons.  Les rues sont désertes car les services religieux catholiques, protestants, méthodistes et autres ont aspiré toutes personnes vivantes à des lieues à la ronde.  La seule porte ouverte et prête à nous accueillir s’ouvre sur un ensemble de kiosques rassemblés dans un même endroit par économie.  Des modules, plus profonds que larges, avec des étagères en forme de fer à cheval qui ne permettent qu’à une seule personne à la fois d’y pénétrer.  Nous pouvons voir de l’artisanat local dont la majorité demanderait l’achat d’une nouvelle valise et des coûts supplémentaires à assumer à l’aéroport.  Nous sortons de cet endroit peu éclairé pour retrouver la ville et sa solitude passagère.  Nous continuons d’arpenter l’espace qui ne demande pas mieux de nous accompagner aussi longtemps qu’il le faut.  Chemin faisant, notre regard scrute l’horizon à la recherche de points d’intérêts ou de quelconque mouvements auxquels nous pourrions porter une attention particulière.  Rien de rien, non rien de rien….  Nous retournons au navire, lui, au moins il est ouvert.  Demain nous retournerons sur une île, où la dernière fois nous avions pu faire du « snorkeling ». 

dimanche 23 octobre 2022

En route pour....

 

Vous vous rappelez de notre dernière visite à Honolulu, où nous nous sommes dit que nous aurions probablement mieux à voir sur la prochaine île.  C’est avec l’esprit plein d’espoir et le cœur ouvert à de nouvelles découvertes que nous débarquons à « Nawiliwili, Kauai ».  Il y a un transport qui est fourni pour sortir du port mais, il nous amène, quelle surprise, près d’un petit centre commercial.  Nous nous dirigeons à l’opposé (ce que n’aurait jamais fait notre amie Louise) pour voir ce que la place a à nous offrir.  Chemin faisant, nous longeons une magnifique plage de sable blanc, une noix de coco qui nous indique le temps qu’il fait, une mer émeraude et juste assez de vague pour y prendre plaisir.  Une plage ne vient jamais seule (comme dit le proverbe) et celle-ci n’y fait pas exception.  Elle arbore à sa tête un complexe hôtelier qui commence à vieillir et pourtant, demande toujours sa part d’héritage.  Nous continuons la recherche de nos « nouvelles découvertes » et nous dépassons par le fait même le fameux complexe.  Nous nous rendons vite compte que c’est la montagne qui s’offre à nous.  Nous sommes ouverts certes mais, pas tant que ça finalement.  Nous retournons au bateau en passant devant les magasins sans fléchir et décidons de revenir par nos propres moyens.  Je ne veux pas me plaindre mais, la chaleur insiste pour prendre toute la place et devenir de plus en plus accablante.  Un peu déçus de notre visite ou plutôt de ce que nous espérions voir.  Rendus à la cabine, nous parcourons la documentation à notre disposition pour trouver ce que peut nous offrir la prochaine île.

 

Après une nuit de navigation tranquille, le Zuiderdam accoste à « Kahului, Maui » tôt le matin.  Le temps que les autorités locales fassent leur inspection de routine nous, nous prenons notre petit déjeuner tout en cherchant du coin de l’œil la ville ou le village.  Peine perdue, nous sommes en plein milieu de nulle part, plus précisément dans un port industriel dans lequel nous ne voyons que du transbordement de « containers par-dessus containers ».  Pas de shuttle mais un couloir de plus de huit cents mètres à parcourir avant la sortie.  Nous nous serions crus dans un couloir de prison.  Un long parcours d’à peine trois mètres de large bordé par une clôture « frost » haute de trois mètres se terminant en fils barbelés afin de s’assurer de n’avoir aucun débordement.  Huit cents mètres de méandres et de bitume, jonché par-ci par-là de bouteilles vides et de petites conserves de nourriture pour chat (nous avons vu les chats aussi…), nous amène à la sortie officielle du port.  Nous demandons conseil au gardien pour connaître la direction la plus intéressant.  Il nous répond :

 

- À gauche il n’y a rien et à droite aussi.

 

Nous décidons d’aller voir le rien à gauche et nous verrons par la suite.  Juste au bout du « à gauche » il y a une pharmacie.  Nous sommes heureux car depuis des jours et des jours (enfin ceux où nous étions à terre) nous la recherchions pour raison personnelle.  Les achats terminés nous consultons une application sur la tablette qui nous indiquerait les endroits à visiter.  Il y a une église mais, comme toutes les églises elle était fermée la semaine, et un parc près de la mer.  Nous nous dirigeons donc vers le parc qui, sur l’application, nous apparait plus intéressant.  Nous déambulons à travers les stationnements d’automobiles pour prendre un raccourci et accéder à l’emplacement convoité.  Un parc de 7 500 mètres carrés envahi par une école de pirogues hawaïennes occupant plus de la moitié de l’espace.  En fait, je crois qu’ils lui ont donné le nom de parc à un moment donné et que par la suite ils ont oublié son existence.  Nous profitons un court moment, en signe de respect, de la quiétude qu’il veut bien nous offrir avant de retourner dans le fameux couloir.  Adrienne me dit que les gens vont croire que nous ne faisons pas un beau voyage à voir ce que j’écris.  Je veux rassurer tout le monde que tout va bien et que la pandémie est responsable des changements de ports.  Demain nous serons à « Kona, Hawaï » comme la voiture (la mienne est électrique).

 

Nous sommes tout excités car, quelques jours auparavant nous avions fait des réservations pour une sortie en sous-marin spécialement aménagé pour les touristes en quête d’une exploration des fonds marins.  Il descendra à plus de cent pieds (excusé la mesure impériale, c’est le système d’ici).  Nous devons prendre un « tender » pour atteindre la terre ferme et par la suite un autre bateau qui nous amènera au sous-marin.  Autrement dit, nous allons faire le transfert en mer.  Ce vaisseau est plutôt petit et il réussira à ingurgiter plus de 50 personnes à son bord par une ouverture à peine plus grande qu’un hublot et une échelle à la verticale.  C’est lorsque nous sommes à l’intérieur que nous constatons l’étroitesse du cylindre rendant la proximité à son paroxysme.  Une banquette centrale sculptée de part et d’autre de vingt-quatre formes de siège du primaire pour rentabiliser l’occupation.  Nous avions à peine assez d’espace pour avoir les pieds droits devant soi.  Les hublots, à hauteur des yeux, nous donnent un avant-goût de la sensation que nous pourrons ressentir.  Le sous-marin n’arrête pas d’avaler hommes, femmes de tout gabarit et de toute condition.  Trop c’est trop.  Plus le temps avance et plus l’espace s’estompe et j’ai le sentiment d’être de plus en plus privé de ma part d’oxygène.  Tout-à-coup ma poitrine se resserre, mon souffle devient de plus en plus court et la vision de me retrouver dans quelques instants avec une masse impressionnante d’eau au-dessus de la tête ont raison de moi.  Je n’en peux plus, il faut que je sorte absolument et aucun gourou ne pourra me convaincre de rester sur mon banc scolaire.  Le capitaine remonte, ouvre l’écoutille et me libère.  Quelle joie de me retrouver sur la navette et d’attendre que l’opération sous-marinière se complète et me ramène ma blonde.  Je viens de découvrir que j’ai un petit problème de claustrophobie qui s’était déjà manifesté d’ailleurs il y a quelques années dans une grotte au Luxembourg.  Le reste du groupe remonte après quarante minutes et un parcours de vingt mille lieues sous les mers.  Je suis rassuré de voir mon monde de retour m’expliquant leur aventure que je n’envie aucunement.  De retour à terre, nous visitons le petit village qui est commercial, certes, mais de loin le plus intéressant depuis plusieurs jours.  Nous partons pour quatre jours en mer afin d’atteindre « Samoa » et pendant ce parcours, nous traverserons la ligne du temps.  Ce qui veut dire qu’avant de traverser cette ligne, nous sommes dimanche le 16 octobre et de l’autre côté nous serons mardi le 18 octobre.  C’est pété!  Comme dirait un de mes amis géographe.

jeudi 13 octobre 2022

Hawaï bonjour...

 

Nous sommes arrivés à « Hilo, Hawaï » tôt ce matin.  Le dernier souvenir qu’il me reste de ce port me ramène au début de la pandémie où nous cherchions un endroit qui accepterait de nous laisser débarquer pour revenir à Québec.  Après plusieurs heures de discussions entre autorités « compétentes », nous avions eu un « non » catégorique.  Nous ne sommes pas des personnes rancunières et nous débarquons, cette fois en touristes et non en réfugiés.  Nous devons prendre un « shuttle » car nous sommes accostés dans un port industriel et, dans les ports industriels vous ne pouvez pas voyager librement.  Arrivés à destination, nous constatons assez rapidement que nous sommes dimanche et que le dimanche à Hilo il n’y a pas grand-chose d’ouvert et à faire.  Nous nous attendions à voir des attraits un peu plus spéciaux car, nous sommes quand même à Hawaï.  Quelle déception de voir des bâtiments délavés, défraichis et sans personnalités, défiler au gré de notre parcours imprécis.  Magasins de souvenirs et musées fermés et salon de coiffure ouvert, nous laisse pantois sur la logique touristique du lieu.  La première fois, il y a deçà plusieurs années, nous avions choisi de faire une excursion qui nous a mené au parc national des volcans ou du « Mauna Kea ».  C’est maintenant que nous constatons que le choix que nous avions fait, était le meilleur.  Je dois être honnête, cependant, pour vous dire qu’au cours de notre déambulation aléatoire, nous avons visité un marché public, où les étals de fruits exotiques arboraient couleurs, grosseurs et fraicheur avec fierté.  Peu importe où nous posions les yeux, nous étions confrontés à une copie conforme de la précédente et le seul élément qui les distinguaient, était la personne qui souriait derrière le comptoir.  Ce soir nous nous dirigerons vers « Honolulu », où nous séjournerons deux jours.  Espérons que cette fois-ci nous pourrons voir le mythique « commandant McGarett ».

 

Après l’examen des consignes par les autorités locales nous avons pu mettre le pied à terre et prendre le premier shuttle en vue, qui nous amènerait quelque part en ville.  Ce n’est qu’en cours de route que nous constatons que ce dernier était commandité par un magasin de souvenirs.  Nous étions pris au piège et de plus Adrienne me donne un coup de coude pour me faire remarquer l’affiche qui disait que nous devions « acheter » afin d’avoir un ticket de retour.  Tout le monde a dû lire la même affiche car toutes et tous se sont conformés à l’exigence.  L’arnaque est d’autant plus grande que nous sommes dans un centre commercial et les centres commerciaux, comme chez-nous, sont en banlieue loin des attraits touristiques recherchés.  Nos obligations réalisées, nous avons quand même été marché dans les rues environnantes pour constater que nous étions à côté d’une très belle marina et qu’à quelques centaines de mètres plus loin, la plus belle plage d’Honolulu, soit la célèbre plage de « Waikiki », se révélait à nous.  La chaleur intense (40oC en ressenti) a eu raison de notre courage, nous obligeant ainsi à rebrousser chemin et reprendre le fameux shuttle déguisé.  C’est la vie!  et nous nous disons qu’au moins nous avons une deuxième journée pour combler notre soif touristique.  Ce soir, nous devons nous « déguiser » à nouveau parce que le capitaine a décidé de décréter la « journée de l’action de grâce canadienne » comme journée de gala.  Nous nous sommes conformés et nous avons pu déguster un repas de « thanksgiving » à l’américaine qui est, disons-le, moins glamour que le précédent.  Nous regardons les possibilités de visites pour le lendemain mais nous restons encore hésitants et frileux, suite à notre petite mésaventure.  La nuit porte conseil et nous verrons demain après le petit déjeuner.  


Nous décidons donc d’aller voir la « Kawaiahao Church » qui fut la première église des missionnaires de Hawaï qui a été construite de 14 000 morceaux de pierres de corail.  C’est dans cette église que le roi « Kamehameha » (unificateur des îles d’Hawaï en 1810) a été couronné.  Sa statue noire et dorée prône devant le « siège social d’Hawaï 5-0 » pour ceux et celles qui connaissent la série.  Malheureusement, la petite église était fermée ainsi que la « Saint Andrew’s Cathedral ».  Nous nous rabattons sur une visite guidée du parlement et son histoire.  Lorsque nous nous informons sur la possibilité de visite nous apprenons qu’il en coûtera 25US$ par personne pour une visite de trente-cinq à quarante minutes.  La décision fut facile à prendre et nous continuons notre parcours pédestre sous une chaleur toujours aussi accablante que la veille.  Honolulu possède une architecture riche et diversifiée permettant d’apprécier le génie humain passé et à venir.  Le nombre de portes closes et la chaleur intense, augmentent de plus en plus notre taux de frustration nous obligeant par conséquent à rebrousser chemin et à revenir à bord pour se la couler douce au bord de la piscine.  Demain nous serons sur une autre île de l’archipel d’Hawaï.

samedi 8 octobre 2022

Adieu San Diego...

 

Nous venons de quitter, sans regret, San Diego.  Je dis sans regret car, nous avons eu l’occasion de visiter d’est en ouest, du nord au sud (de long en large comme on dit chez-nous) cette ville près des frontières mexicaines.  De plus, de manière générale, les ports ne sont pas situés dans des endroits les plus intéressants, sauf dans la magnifique ville de Québec et je ne suis pas chauvin.  Nous avons, quand même, fait quelques pas dans la ville, question de principe.  Nous franchirons la distance qui sépare San Diego à la première île d’Hawaï en cinq jours de navigation.  Espérons que la mer ne sera pas trop mauvaise sachant qu’un ouragan vient de frapper les côtes du Mexique.

 

Deuxième journée en mer.

Rien de spécial à signaler si ce n’est la course effrénée d’une bande de dauphins en quête d’un bon repas d’une part et de quelques baleines nous rappelant que nous traversons leur territoire d’autre part.  Ce n’est pas une mer d’huile (quel gaspillage si ça avait été le cas) mais le Zuiderdam ne semble pas réagir à l’agitation que Neptune essaie d’instaurer, pour démontrer son autorité.  Pour occuper le temps, nous assistons à des conférences sur les différentes îles d’Hawaï et les activités qu’elles veulent bien nous offrir ou, nous faisons un arrêt à la piscine pour déguster une bière et de nous informer de la température et de l’agitation postélectorale québécoise.  Bien sûr nous sommes humains et nous devons nous sustenter, ce que nous nous faisons un devoir de respecter.  Cette exigence terminée, nous déambulons dans les corridors pour aller assister à un concert donné par deux pianistes-chanteurs qui nous interprètent des succès des années 70, et à notre demande spéciale, terminent leur prestation avec un « ALLELUIA » de Léonard Cohen.  Elle n’est pas belle la vie?

 

Troisième journée en mer.

Encore une autre journée où nous ne voyons que de l’eau à perte de vue.  Vous allez dire que c’est normal vu que nous nous trouvons sur un navire qui fait une croisière.  Je vous l’accorde mais, le magnifique et l’effrayant en même temps, c’est que nous voyageons à quinze nœuds (approximativement 30 milles à heure) depuis 48 heures et nous n’avons absolument rien vu d’autre que l’eau, le ciel et les nuages.  L’océan Pacifique c’est immense et impressionnant!  Pour nous aider à accepter la chose, nous avions reçu la veille, un avis nous rappelant de nous conformer à la tenue vestimentaire demandée, lors d’une soirée de gala.  Tout ça se traduit de la façon suivante : veston et cravate pour les messieurs sans oublier l’harmonie dans l’ensemble de l’œuvre.  Pour les dames c’est le moment d’arborer les choix de couleurs, de style et d’arrangement définissant la personnalité de chacune.  Quelques fois il y a des ratés qui se démarqueront inconsciemment dans la mêlée.  Pour nous remercier de cet effort, nous aurons la possibilité de déguster, entre autres, une entrée de crevettes ou d’escargots à la bourguignonne suivie de homard et d’un filet mignon comme plat principal, le tout accompagné d’un vin rosé pour notre part et d’un dessert à la hauteur du service.  Nous sommes invités à la rencontre du capitaine et à un spectacle pour terminer la soirée.  Une question nous vient en tête : « Si le capitaine est ici pour faire les présentations, qui conduit le bateau? »  Inquiétant mais, vu qu’il y a un grand bout droit sans obstacles, la crainte diminue…

 

Quatrième journée en mer,

Pas de nouveau, encore la mer et toujours la mer qui continue de nous fasciner et de nous hypnotiser.


  Ah oui, j’oubliais.  Aujourd’hui c’est la fête de notre ami Denis.  Normalement, le soir, à la salle à manger lorsque c’est la fête de quelqu’un, un chœur improvisé de serveurs indonésiens entourent la table pour entonner un chant de fête indonésien.  Voici les paroles : « Panjang umurnya, panjang umurnya, panjang umurnya, serta mulia (3) ».  Nous supposons que c’est un genre de « Mon cher Denis c’est à ton tour… » car, tout le monde qui chante le font avec tellement d’enthousiasme et arborant un large sourire.  De toute façon nous faisons confiance à la vie et nous conservons le scénario qui nous plaît.

 

Dernière journée en mer avant Honolulu,

Un beau soleil dénudé de tout nuage avec une mer calme, nous donne un avant-goût des futures journées dans les îles.  Tous les passagers sont conscients de la chance que nous avons de pouvoir recommencer à visiter le monde.  Partout, sur le pont ou dans les corridors, les déplacements se font avec le masque.  Lors du deuxième test anti-covid, exigé par Holland America, quelques cas ont été décelés et mis en confinement dans des chambres de 170 pieds carrés pour une période de dix jours.  Espérons qu’ils ou elles soient dans une cabine avec vue sur la mer car, paraît-il, que le temps passe moins vite lorsque la mer n’est pas présente.

lundi 3 octobre 2022

La saga

 

Le jour fatidique est arrivé.  J’ai dû m’abstenir de faire les valises afin de conserver mon couple et de retrouver les différents articles emballés au départ de Québec.  J’en profite donc, pour régler la chambre et ainsi faire ma part avant le départ de l’hôtel.  Nous avons dû, pour nous rendre au port de Vancouver, utiliser deux taxis (pas Adrienne et moi mais les deux couples).  C’est ici que la saga commence.  Les bagages sortis, le taxi payé, nous nous dirigeons vers la seule porte grande ouverte.  Tout à coup, apparaît un petit homme enveloppé dans un survêtement fluorescent qui lève les mains en l’air et nous arrête.  Recouvert du précieux masque, il nous demande dans un anglais à l’accent indonésien, où nous allons?  Il est vrai que ce n’était pas évident avec nos deux grosses valises, le sac à dos et la valise de jour. 

- Nous venons pour l’embarquement avec Holland America, lui dis-je.

- Quoi? (il ne comprend pas plus notre accent que nous le sien).

Après quelques échanges, on finit par comprendre que nous devons aller passer le test antigénique à un autre endroit avant de pouvoir continuer car, nous ne pourrons pas faire la croisière si le test est positif.  Alors, je demande :

- Oui, mais où pouvons-nous laisser nos bagages avant d’aller plus loin?

- Non, non, non vous allez avec vos bagages là-bas (en tout cas c’est comme ça qu’il semblait nous parler).

- Ce n’est pas possible, dis-je, en montrant une affiche derrière lui où on pouvait lire : « baggage dop’off ».

Impossible de passer outre sa directive car le « survêtement fluo » lui donnait tellement de pouvoir que nous n’avons pu faire autrement que de trimbaler toutes nos valises jusqu’à l’endroit désigné pour le test soit, à quelques centaines de mètres de là.  Nous passons le test haut la main et nous repartons avec nos bagages en sens inverse pour enfin, laisser d’autres personnes pestiférer contre ces placards ambulants.  Une fois le lestage effectué, nous nous dirigeons vers le navire sans saluer en passant le monsieur fluo.  Maintenant tout va bien aller pensions-nous car, nous avons pris la précaution de faire l’enregistrement préalablement à Québec.  Parfois nous avons beaucoup d’attente et très peu se réalisent.  Nous passons au travers un terreau fertile qui aurait donné matière, pour les complotistes, à chialer et faire la fête.  Nous nous présentons devant la table d’accueil pour déposer les preuves que nous venions d’acquérir, répondre aux questions comme si nous devions avoir une intervention chirurgicale et montrer nos preuves de vaccination les plus récentes.  Par la suite, nous devons nous soumettre à une reconnaissance faciale et remontrer la preuve du test antigénique.  Voilà c’est terminé et nous pouvons monter à bord, croyons-nous.  Mais non, un préposé nous amène dans une grande salle d’attente comme pour faire baisser notre taux d’excitation avant de franchir la porte du nirvana.  La patience porte ses fruits car un préposé de « Holland America » nous fait traverser le portail menant au navire, rangée par rangée, à la file indienne et nous indique que nous devons porter le masque en tout temps (d’ailleurs il est obligatoire sur le navire pour tous les déplacements).  Et dire que certains croient encore qu’il y eu trop de mesure à Québec (LIBARTÉ).

Nous voilà enfin rendus à notre cabine sans nos valises qui n’arriveront que dans quelques heures.  Nous en profitons pour faire le tour du propriétaire (nous ne sommes pas les vrais propriétaires du navire, mais…) et s’acclimater avec les lieux.  Déjà presque deux heures d’écoulées et nous décidons de repartir à la recherche de notre cabine en espérant retrouver nos complices de voyage.  En ouvrant la porte nous les apercevons là, étendues sur le lit inertes attendant que nous nous occupions d’elles, ce que s’empresse de faire ma blonde dans un soupir de soulagement.  Demain, nous serons en mer.

 


Le « Zuiderdam » nous amène, comme prévu, à San Francisco ville mythique avec ses rues étroites, son « Golden Gate », son « Cable car », sa célèbre prison « d’Alcatraz » et ses images de poursuite dans bien des films.  Pour moi il y avait deux incontournables que nous devions faire dans le temps qui nous était départi, soit : la visite du « Fisherman’s wharf » et le Cable car.  Le Fisherman’s wharf est un ensemble de restaurants, de quais où se prélassent des « lions de mer », des prestations de prédicateurs de tout genre, des bars et des touristes.  Nous passons plus rapidement car, la plupart de ces attractions ouvriront plus tard.  Nous continuons plus loin et nous apercevons à travers la brume une structure qui nous rappelle le Golden Gate.  Chemin faisant nous remarquons la station de départ du Cable car.  Vous pensez bien que nous n’avons pas hésité une seule seconde à faire une entorse à l’itinéraire prévu.  Laissez- moi vous décrire l’appareil.  Un wagon comme nous pouvons voir dans les westerns des années trente, sans moteur, des sièges en bois et deux opérateurs capables de contrôler la bête. Il nous en coûtera 32$US pour faire un aller-retour mémorable.  Il faut quatre hommes pour amener l’engin jusqu’au quai d’embarquement car souvenez-vous qu’il n’y a pas de moteur.  Trente individus prennent place avant de permettre la mise en marche.  Tout d’un coup, dans un certain fracas, le tout se met en mouvement.  Le
dénivelé est très impressionnant et nous grimpons, lentement au départ comme pour nous habituer au glissement des passagers vers le bas ce qui demande un effort considérable pour garder sa place.  Un opérateur tire et délaisse de grandes tiges (comme dans les camions des années 60) afin de contrôler le freinage nécessaire aux feux de signalisation.  Mais, inévitablement, nous atteignons le sommet et tout ce qui monte doit redescendre comme disait un grand sage chinois, nous commençons donc une descente tout aussi mémorable et cette fois il faut deux opérateurs pour freiner l’ensemble de l’œuvre.  Rendus à destination nous en avons profité pour visiter un peu et assister à une manifestation en appui à l’Iranienne tuée pour un voile non conforme.  Nous reprenons notre moyen de transport pour revenir sur nos pas.  Cette fois-ci, j’ai dû faire une partie du trajet debout, accroché à deux sangles de cuir qui permettait d’immobiliser les deux bras mais pas le reste du corps et je vous laisse imaginer les déplacements imprévisibles et gênants.  Nous ne regrettons en rien cette expérience particulière.  Un autre rêve réalisé.  Demain nous nous dirigeons vers San Diego.

Bonne fête à mon ami Hugo et notre bonne amie Sandrine.