Nous sommes fébriles, ce matin, car nous nous retrouvons là
où tout s’est arrêté la dernière fois en 2020.
Des bruits sourds de métal frottant l’un sur l’autre nous réveillent
brusquement. L’équipage s’affaire à
descendre des « tenders » pour amener, sur la terre ferme, ceux et
celles qui le désirent. C’est toujours
le même phénomène lorsque les battures ne sont pas assez profondes pour
permettre au navire de s’accoster et par conséquent, rend la distance trop importante
pour la faire par soi-même. Les bruits
sont de plus en plus forts et stridents.
Le Zuiderdam a de la difficulté à se stabiliser pour permettre
l’opération qui, en temps normal, est chose courante et rapide. Effectivement, nous ressentons, même dans la
cabine, Éole se faire plaisir avec les ondes qui nous entourent. De notre point de vue, nous nous disons que
nous avions déjà vu pire. Après nos
ablutions matinales, nous nous habillons et nous nous dirigeons vers la salle à
manger pour prendre notre petit déjeuner.
« Andri » (c’est notre serveur) s’approche d’Adrienne et sans
qu’elle ne dise un mot, commence à écrire la commande. Faut dire qu’Andri est perspicace car,
Adrienne demande, matin après matin son éternel bol de gruau avec noix, raisins
et cassonnade. Pour ma part, je prends
toujours deux œufs mais, je garde notre serveur en alerte en attendant à la
dernière minute pour lui signifier si je les veux miroir, poché, battu ou en
omelette. Quelquefois, j’ajoute un petit
suspens avec la viande d’accompagnement.
Je crois qu’il trouve ça moins monotone car, il affiche souvent un
sourire malicieux et complice du coin de l’œil.
Les commandes rendues à notre table nous débutons la
dégustation lorsque soudainement, la voix du capitaine se fait retentir. Ce n’est jamais bon d’entendre le capitaine
si tôt le matin surtout lorsque ça commence par : « J’ai un important
message à vous transmettre ».
Lorsque nous regardons par la fenêtre de la salle à manger, nous voyons
bien que la vague devient de plus en plus agressive. Ce que nous craignions le plus est confirmé
par l’attitude et les mots que le capitaine emploie. La vague est tellement forte que les « tenders »
tardent à s’amarrer au navire et lorsqu’ils y parviennent, laissent
régulièrement des espaces de deux à trois pieds entre la plateforme et le « tender ». Le capitaine n’a pas le choix d’annuler la
sortie car, comme il le dit si bien, la sécurité des passagers est plus
importante que l’activité elle-même.
Nous endossons la décision du capitaine.
Nous sommes persuadés qu’elle était justifiée lorsque nous constatons
toutes les tentatives effectuées par les « tenders » pour seulement
revenir au bercail et tous les efforts que doivent déployer les équipages pour
tout sécuriser. Nous en sommes quitte
pour une journée supplémentaire en mer.
Après que tout fut sécurisé, le capitaine a mis le cap vers notre
nouvelle destination mais, il le fait à pas de souris. Nous croyons même, qu’à certain moment, il se
laisse dériver. Vous pensez bien que la
distance à faire est celle que nous devions parcourir pendant la nuit. Le pire dans tout cela c’est que nous
retournons vers une autre île des Fidji qui n’ont pas, selon moi, une
excellente réputation côté connexion internet.
Tôt ce matin nous avons accosté à « Lautoka, Fidji ». Sans trop d’enthousiasme, nous prenons la navette qui nous amène, je vous le donne en mille…. Un grand philosophe encore inconnu a dit un jour : « plus ça change, plus c’est pareil ». Nous sommes, quand même, au centre-ville et nous nous rendons vite compte qu’il y a quelque chose de spécial dans l’air. Les « Îles Fidji » sont principalement habitées par des Fidjiens (les autochtones) et des gens que les coloniaux britanniques ont recrutés en Inde pour avoir de la main-d’œuvre à bon marché. Il n’est pas rare de voir déambuler dans les rues, des femmes portant le « sari », (vêtement féminin indien) de toutes les couleurs et brodé de fil d’or, ce qui transforme cette ville, un peu terne, en un tableau animé, agréable et vivant. Ce qui flotte d’une rue à l’autre ce ne sont pas des saris de semaine mais plutôt ceux qui sont gardés pour les grands moments de fêtes et de journées spéciales. En effet, c’est le « Diwali day » ou le festival de la lumière dans la religion hindouiste. Pendant que certaines femmes se déplacent pour le plaisir de nos yeux, d’autres s’accroupissent pour imprimer dans le trottoir des figures avec des poudres de couleurs vives. D’autres, au lieu d’utiliser des calques, s’appliquent à dessiner, à main levée, des figurines en guise de respect pour cette journée. Au détour d’un coin de la rue, le décor change et nous semble plus près de la réalité de tous les jours. Les saris sont de moins en moins présents et laissent place à du déjà vu dans les îles. Ce n’est pas fête pour tout le monde même si on remarque un profond respect pour cette journée spéciale. Dans un autre détour nous remarquons un bâtiment un peu délavé mais, arborant un porte-à-faux excédant la normale et protégeant les gens qui y sont agglomérés. Nous nous approchons pour y percevoir des étales de manioc, de bananes un peu trop mûres, de piments oiseaux qui vous font pleurer juste à les regarder, des limes et des mangues. Nous nous déplaçons à travers les gens plus intéressés par les étalages au sol que par notre présence et d’autres argumentant pour avoir un meilleur prix et peut-être pouvoir ajouter du piquant à leur repas du soir. Nous tournons à gauche, à droite sans avoir de but précis et tout-à-coup notre point de départ réapparaît et semble nous faire signe d’aller le voir. Notre navette de retour tarde à se présenter et nous sommes attirés par de grandes portes ouvertes laissant entrevoir quelque chose de différent. En effet, si la façade est vieillotte et un peu délavée, il en est tout autrement dans ses entrailles dévoilant des articles de luxes faisant contrastes avec ce que nous avions pu côtoyer il y a quelques instants encore. L’autocar arrive et nous en profitons pour revenir au Zuiderdam. Demain, nous partons pour les « Îles Cook »
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