mercredi 18 mars 2015

Entre deux escales…

Comment devrais-je débuter ce récit?  Comment faire pour ne pas créer un mouvement de panique outre-mer et ne pas inquiéter outre mesure, nos fervents lecteurs?  Il est important, par contre, de ne pas prendre la situation à la légère.  Disons d’abord que toutes les précautions ont été prises et que « Holland America » a le souci de bien encadrer ses passagers.  Depuis quelques temps nous voyons, ici et là, de petits changements, des attitudes, des façons de faire que nous n’avions jamais vus auparavant dans les autres croisières.  Nous avons vu apparaître de nouveaux appareils à l’arrière du navire, des boyaux d’arrosage dépliés en permanence, des membres de sécurité en poste sur le pont.  On a même procédé à des manœuvres de virages à 180o et à des changements de vitesse brusques la nuit dernière pendant que nous dormions.  Nous apprenons, parce que nous sommes un peu curieux, que les boîtes noires à l’arrière, sont des appareils émettant des ultra-sons capables de désarmer tous les agresseurs quels qu’ils soient.  Nous remarquons aussi, qu’en dessous de cette boîte noire, nous pouvions y voir des gilets pare-balles et des casques protecteurs semblables à ceux porter par la partie « adverse » lors des manifestations.  Allons-nous trouver « Miss Scarlet dans la bibliothèque avec le révolver »?  Allons-nous connaître enfin la vérité?  Le mystère demeure.  Après le repas du soir et le spectacle, nous décidons de prendre une marche sur le pont promenade.  Aucune lumière ouverte, la noirceur totale et il fait noir lorsque la noirceur est totale, vous savez.  Nous ne nous sentons pas à l’aise et nous décidons de regagner notre cabine.  En ouvrant la porte nous apercevons, étendue sur le lit avec désinvolture, l’explication de tout ce mystère.  Voici comment ça commence :

« As we are about to transit through areas which have been known to be affected by pirate activity, I would like to ask your cooperation and understanding for some of the security measeures we will have in place. »
Voilà, le chat est sorti du sac.  Nous sommes dans une zone où nous pourrions être attaqués par des pirates.  Toutes les lumières extérieures sont fermées afin de permettre une meilleure surveillance de la part des gens de la sécurité, qui seront en poste 24/24.  On nous indique, sur la même missive, qu’il n’y a pas eu d’attaque par les pirates sur des navires voguant à des vitesses supérieures à 16 nœuds.  C’est pour cette raison que notre vitesse de croisière, pour cette partie, est de 20 nœuds (le capitaine précise que nous avons suffisamment de pouvoir pour augmenter jusqu’à 25 nœuds).  Ça nous rassure un tout petit peu.  Le capitaine insiste pour que personne ne reste près des fenêtres, que tous les rideaux soient fermés, que toutes lumières de balcon soient fermées et que si nous entendions le signal convenu de sortir dans le corridor pour attendre les consignes.  Nous nous couchons avec une petite appréhension mais, comme à tous les soirs, Morphée nous enveloppe dans ses bras.

Nous quittons Morphée à la première heure car, nous devons récupérer nos passeports afin de pouvoir les montrer en personne aux douaniers spécialement montés à bord pour la circonstance.  Le fait qu’ils se soient déplacés comme ça pour nous, nous démontre l’attachement qu’ils ont pour les touristes.  Maintenant imaginez, que près de deux milles individus, passagers et membres d’équipage, doivent faire face à l’administration douanière indienne, ce qui n’est pas une mince tâche.  L’organisation de Holland America est bien rodée car, en moins 1 h 30, tout est terminé.  Après les formalités d’usage, nous plaçons dans notre sac à dos : bouteilles d’eau, sarongs, appareil photo et papiers nécessaires pour une escapade à « Mumbai ».  Mais auparavant, nous devons passer à travers trois autres contrôles; c’est comme si, il y avait un manque de confiance en celui qui a été fait précédemment.  Après ces obligations respectées, nous sommes libres d’aller où nous voulons et nous en profitons pour nous diriger, non sans peine, compte tenu du barrage de chauffeurs de taxi, vers « Chatrapati Shivaji Terminus » ou la « Victoria Station » qui laisse échapper de ses entrailles, une marée d’êtres humains tout aussi pressés les uns que les autres.  Nous observons huit voies de large, où des trains se vident et repartent pour faire place aux suivants.  Dans un coin, un sergent fait l’appel de militaires qui parcourront les rues et la gare.  Nous poursuivons notre chemin pour aller au « Jyotiba Phule Market ou Crawford Market », un marché public où vous pouvez vous procurez fruits exotiques (pour nous), légumes variés, animaux de compagnie et plus.  Mais n’y pénètre pas qui veut car, nous devons être accompagnés par une personne ayant cette autorisation demandée.  Est-ce une autre séquelle de l’administration indienne, nous ne pouvons pas vous le dire mais nous faisons le choix d’accepter cette condition.  Bien entendu ces accompagnements organisés sont toujours comme ils disent : « It’s free, if you don’t give money… ».  Nous savons très bien que nous devrons faire des petits détours pour nous retrouver à l’intérieur de petites boutiques satisfaisant les désirs féminins.  Nous jouons le jeu et nous entrons dans un « Holt Renfrew » indien pour permettre à Adrienne de faire quelques essaies qui ne donneront pas les fruits attendus.  Nous nous laissons entraîner vers l’autre désir émis soit le cachemire ou la soie.  Quelques rues arpentées, quelques détours et nous pénétrons dans un cadre étroit laissant entrevoir un escalier tout aussi étroit.  Nous montons cet escalier aux marches démesurément hautes comme pour arriver plus rapidement à la béatitude.  Voilà que les tissus s’étalent, s’étiolent et se déplient pour montrer leurs plus beaux atours et ainsi trouver ce qui attirera notre attention.  Ça y est l’hameçon a fait son travail.  Ce qui nous amène à une autre joute, celle de la négociation nécessaire et qui fait froncer les sourcils de notre guide improvisé qui voit son profil diminué.  Les propositions fusent de par et d’autre et l’entente est éminente.  C’est fait et nos amis rapportent dans leurs bagages deux belles étoles en cachemire pour un bon prix et tout le monde est heureux mis à part, vous savez qui….  Revenus à la rue, nous lui donnons un pourboire, comme pour compenser la perte occasionnée.  Notre guide, voyant notre intérêt diminué, active sa vision latérale afin de pouvoir faire profiter d’autres visages pâles.  Nous revenons donc au navire à travers une foule rendue présente par le déversement de la gare.

Une bonne nuit de sommeil, deux « tylénols arthrite et deux advils », et voilà nous sommes près pour d’autres découvertes.  Après le même scénario que la veille, soient les trois contrôles douaniers et les barrières de chauffeurs de taxi, nous nous dirigeons à l’opposé de la journée d’hier.  Nous voulons voir la « Gateway of India » inauguré en 1924 lors du départ du dernier régiment britannique après l’indépendance de l’Inde.  Juste en face, « l’hôtel Taj Mahal » engouffrant des gens déconnectés de la réalité indienne.  Tous les restaurants à l’intérieur ne sont que pour la clientèle de l’hôtel.  Les boutiques « Cartier », « Louis Vutton », « Mont Blanc » et compagnie dénotent l’aisance nécessaire pour y loger.  Nous voulons quand même faire le tour du propriétaire donc, nous devons passer devant un autre contrôle de sécurité qui nous donne le droit de pénétrer à l’intérieur.  Vous êtes vraiment dans un autre monde comme dans un film « d’Hollywood » ou « Bollywood » où tout est parfait et édulcorer.  Pas moyen d’utiliser le « WiFi » car nous ne sommes pas clients de l’hôtel.  Ne pouvant rien faire d’autre que de regarder l’étalage de richesse, nous décidons de poursuivre notre chemin.  En dehors des limites de l’hôtel, l’Inde reprend sa vie, ses passants, ses détours et ses paradoxes.  Encore quelques pas sur une chaussée inégale, un coin de rue escamoté qui nous amène face à une banderole en français, nous annonçant un petit café français où nous pourrions, peut-être, jouir du moyen de communiquer avec vous.  Nous pénétrons et nous commandons chacun un « cappuccino » à 140 roupies (2.50$), ce qui nous semble raisonnable.  Nous commandons et nous nous mettons à « pitonner » sur nos ordinateurs.  Le désir était là mais pas la vitesse de communication internet.  Pour réussir à tout faire nous aurions dû boire beaucoup plus de café et accepter une nervosité augmentée par la caféine.  Nous avons dû, avec regret abandonner mais, nous nous sommes dit que vous en auriez plus long à lire la prochaine fois.  Il nous reste un endroit à voir selon notre programmation établie.  Nous nous dirigeons donc pour aller voir un autre marché public, qui se trouve sur notre chemin de retour.  Tout en zigzagant d’une rue à l’autre prenant le temps de vivre l’instant présent, notre regard se tourne vers une étrange construction dans ce paysage majoritairement hindouisme.  Une cathédrale délavée par le temps s’élève au milieu de nulle part.  Nous y pénétrons pour constater qu’un ensemble d’hommages à d’ex-militaires de siècles passés morts pour la patrie et l’honneur.  Nous repartons à la recherche de notre marché public avant de retourner au navire.  Nous avançons vers le port et nous n’avons toujours pas d’indication nous amenant à un marché quelconque.  Soudain, je détourne mon regard vers une embrasure de porte qui laisse entrevoir une possibilité d’être arrivé à nos fins.  Un appel à tous et nous voilà prêts à franchir le seuil tant attendu.  Aussitôt dit, aussitôt fait.  Nous n’avons pas fait dix pas que nous rebroussons chemin immédiatement, de crainte d’asphyxie sévère provoquée par l’odeur émanant des animaux en cage sous cette chaleur torride.  Trop c’est trop, nous retournons sur le navire illico pour enlever les vêtements qui semblent s’être imprégnés de ce parfum indésirable.  Nous ne nous décourageons pas car, nous allons sûrement trouver un marché à notre mesure dans un autre endroit dans le monde….

P.S. Bonne Fête à Laval (19 mars), à Léo (20 mars) et Ruth (21 mars)

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