C’est lundi le 9 mars, 8 h 30 et
il fait déjà un bon 30oC.
Nous sentons l’air humide nous écraser lorsque nous quittons le navire
pour nous intégrer à la population locale.
Nous avançons péniblement, comme on peut avancer péniblement quand il
fait chaud, pour nous diriger vers la horde de chauffeurs de taxis. Nous sommes préparés à cette éventuelle
rencontre car, nous savons exactement ce que nous voulons, c’est-à-dire :
la campagne et ses paysages, des activités locales, un village typique et
peut-être, quelques temples, si l’occasion se présente. L’argumentation débute et va bon train mais,
nous hésitons avant de prendre une décision car nous commençons à peine à nous
familiariser avec l’accent un peu particulier de nos futurs interlocuteurs. Plus le temps avance, plus nous prenons de
l’assurance et nous nous engageons dans une discussion ferme et
déterminée. Nous voulons voir la
campagne avec ses plantations de thé (Ceylon tea) et si possible, voir aussi sa
transformation. Nous entendons un
« it’s too fouar (far) », un « if you go you come back at 5
o’clock » et nous comprenons qu’il faudra 2 h 30 pour aller et donc le
même temps pour en revenir si, nous ne nous perdons pas en chemin. Trop compliqué, nous abandonnons cette négociation
tout en restant à l’affût d’un autre groupe plus avenant. Après à peine quelques pas, le souhait nous
attendait, agglutiné, les yeux rivés sur nous comme une invitation à reprendre
la négociation. Nous avons toujours les
mêmes désirs mais, là encore, nous devons nous résigner à rester plus près,
d’autant plus que les voitures de ce groupe ont quelques années de plus que les
précédentes. La chaleur intense agit de
plus en plus sur nous et nous capitulons pour un tour de cinq heures vers un
village de pêcheurs, le marché aux poissons, la campagne et le plus important
temple bouddhiste de la ville. Nous
acceptons le prix et nous sommes prêts pour le tour du propriétaire. Notre chauffeur se dirige vers sa voiture qui
est, vous l’aurez deviné, la plus petite du lot. Je sens déjà mes courbatures prendre place.
Après avoir réussi à
sortir du port, nous passons dans les rues de « Colombo ». Nous ne pouvons pas faire deux pas sans
rencontrer un nid de poule, une crevasse ou une tranchée selon le cas, un
« bump » pour ralentir la circulation (comme s’il y avait besoin de
ça) et moi qui suis à l’arrière des amortisseurs ressentant toutes les
subtilités de la chaussée. Nous
dépassons régulièrement par la droite, à trois de large sur une route,
normalement pour deux, obligeant la circulation inverse à suivre le mouvement
sans démontrer de quelconques impatiences.
La seule règle à connaître, est l’utilisation du klaxon, pour avertir la
personne que l’on dépasse de ne pas dévier de sa route aussi bien à droite qu’à
gauche. Nous ralentissons pour prendre
un embranchement et emprunter une petite route qui suit un canal long de 40km,
construit du temps de la colonie portugaise par des prisonniers. Cette petite route, Adrienne parle plutôt
d’une piste cyclable, ne permet pas de rencontrer autre chose que des motos. Le chauffeur nous rassure en nous disant que
c’est un « one way ». Quelle
ne fut pas la surprise d’y voir un camion en sens inverse, qui grossissait à
vue d’œil au fur et à mesure qu’il avançait vers nous. Quelqu’un va ralentir, se tasser dans une
entrée et permettre la rencontre pour éviter la catastrophe. Eh bien, non, personne ne cède jusqu’au
moment fatidique où chacun, comme dans une chorégraphie digne du cirque du
soleil, ralentit et concède une partie de l’espace ne laissant que quelques
millimètres entre les miroirs, pour reprendre de plus bel leur course vers leur
destination respective. Un arrêt photos
dans un petit village de pêcheurs permet de remettre les choses en perspective. Nous pouvons y voir un étal de poissons des
plus variés, crabes bleus et crevettes sur un comptoir ou sur le sol, sous un
soleil de plomb. À midi, tout ce qui ne
sera pas vendu
se retrouvera sur la glace pour augmenter ses chances de conservation….
se retrouvera sur la glace pour augmenter ses chances de conservation….
Nous continuons notre route
toujours en longeant le même canal. Plus
loin, nous nous arrêtons près d’une petite ferme familiale pour prendre
quelques photos. Nous quittons la
campagne pour aller au bord de la mer.
Enfin, nous arrivons à un endroit propice pour fouler la plage de sable
et ses détritus, tout en écoutant les vagues finir leurs courses contre les
rochers. Cachés entre deux bateaux de
pêche, deux hommes réparent, à l’ancienne, leur filet. Un regard, une photo, un sourire complice et
nous reprenons notre route. Revenue à la
voiture nous constatons que nous avions presque tout vu ce que nous voulions
voir sauf une, le plus gros temple bouddhiste de la ville. Notre chauffeur nous annonce que c’est notre
prochaine destination mais, qu’il empruntera un autre chemin. Heureusement pour nous car, certains passages
ne sont pas souhaités. Par contre, nous
devrons être patients car ce temple convoité se trouve à 1 h 30 de route. Nous roulons depuis 30 minutes et un panneau indicateur
attire notre attention. Sur ce panneau
nous pouvons y voir tout ce qui a droit de circuler sur cette route :
voiture, moto, tuk tuk, bicyclette, camion, un homme poussant une charrette, un
tracteur et une charrette tirée par un bœuf (que nous avons vu d’ailleurs avec
un zébu). Arrivés au temple, nous
montons un long escalier pour voir le seigneur de ces lieux. Un fidèle nous fait remarquer que nous devons
nous déchausser ainsi que de nous départir de nos couvre-chef afin de respecter
les lieux, ce que nous nous empressons de faire sur le champ. La chaleur accumulée au sol a une relation
directe, avec la danse que nous exécutons pour nous rendre voir le Bouddha
couché. Interdiction de filmer ou
photographier mais, pour nous cette consigne arrive trop tard, ce qui nous
amène droit à un dilemme : devons-nous effacer ou garder? Nous n’avons pas encore de réponse et
espérons que la nuit portera conseil, demain nous verrons.
Après une bonne nuit de
sommeil, nous sommes prêts à repartir mais cette fois nous visiterons la ville
de « Colombo » par nos propres moyens. Le soleil et l’humidité toujours présents
nous obligent à ralentir le pas. Nous avons
réussi à éviter les taxis et leurs tentations.
Une nouvelle menace se pointe à l’horizon. Nous sommes assaillis par une ribambelle de « tuk
tuk » (scooter à trois roues, portant une cabine pour deux à l’arrière et
faisant un bruit caractéristique : tuk tuk). Nous n’avons pas terminé toute négociation
avec un qu’il en arrive vingt autres
comme s’ils ne comprenaient pas pourquoi les précédents partaient sans
nous. Nous nous faufilons à travers les
rues, nous mêlant à la population pour nous rendre aux différents endroits que
nous voulions visiter. Après 2 h 30 de
marche sous une chaleur torride, nous décidons, Adrienne et moi, de prendre
l’élément indésirable (le tuk tuk) pour revenir sur nos pas. Nous convenons du prix et de la distance et
nous embarquons pour le retour à la maison.
Nous apprenons que le dit « tuk tuk » était né en 1988 et
qu’il avait appartenu jadis, à son père.
Je vous assure que ce fut le meilleur coup de notre journée.
Simplement pour vous dire que je vous lis et que je suis votre parcours avec intérêt. ...au plaisir de vous revoir. ...Bonne continuation. ....xxx
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