mercredi 10 février 2016

La fin du monde…

Eh bien oui, la fin du monde est à nos pieds.  Hier nous avons quitté Punta Arenas au Chili en direction de « Ushuaia », capitale de la Terre de Feu (Argentine).  Pour atteindre cette partie du monde, nous avons dû passer par le « Détroit de Magellan » et les différends canaux dont le canal « Beagle » ainsi que devant le glacier « Alley ».  Ferdinand Magellan fut le premier navigateur à franchir ces eaux au 16ième siècle.  Vous vous imaginez, une coquille de noix qui vogue sur ces eaux tumultueuses.  Il fallait être un peu dérangé, inconscient du danger ou avoir une soif de l’aventure incroyable.  Pour nous rendre à notre destination, nous devons avoir un pilote argentin à bord.  Cette manœuvre s’est faite à la limite des eaux territoriales du Chili et de l’Argentine.  Pour un court instant, nous avions à l’ouest le Chili et à l’est l’Argentine.  Tout au long du parcours, ces différents canaux longent la « Cordillère des Andes ».  Des pics rocheux quelques fois affublés de taches blanches, nous laissent présager le travail constant du temps sur la nature.

Treize heures trente, nous accostons au quai d’Ushuaia en Argentine.  Ushuaia est le port d’attache des différentes expéditions sur le continent antarctique.  Jadis, cet emplacement était la « Sibérie » du bout du monde pour tout criminel argentin dont on ne voulait plus se préoccuper.  Maintenant cette ville s’est transformée en un point tournant pour l’Antarctique.  Bien sûr, certains musées nous rappellent cette malheureuse époque mais, la ville s’est adaptée à la nouvelle clientèle c’est-à-dire, le tourisme.  Des maisons multicolores entrelacées de restaurants avec grillade, de petits cafés, de boutiques de vêtements de camping et de plein air, s’échelonnent sur le flanc de montagne.  De plus, nous pouvons lire en dessous du nom des rues leurs latitudes et pour les avenues, leurs longitudes.  Comme auraient dit Nabuchodonosor et Jéroboam : « Viande à chien ce n’est pas le coin le plus sophistiqué de la planète mais, il a l’intérêt d’être à la porte du pôle sud ».  Déjà la température a perdu quelques degrés et nous devons portés, comme l’oignon, plusieurs couches superposées.  Après quelques heures de déambulations aléatoires dans les rues de la ville, nous revenons au navire.  En passant, vous vous rappelez lors de la transat « Québec’84 », le magnifique trois mats argentin dont tout l’équipage était debout sur chaque baume projetant une allure de fierté?  Eh bien, ce dernier était notre voisin de palier au port d’Ushuaia.

Avant notre départ d’Ushuaia, le capitaine nous entretient sur les derniers développements, pour la suite du voyage.

Nous serons au Cap Horn demain matin vers huit heures.  Les conditions météorologiques ne seront pas des plus favorables car, les forts vents amèneront des vagues de quatre à cinq mètres et je déciderai, à ce moment de la suite des événements.  Soyez assurés que la sécurité des passagers est notre principal objectif.
Rassurés, nous avons dormis sur nos deux oreilles (quoique je me demande encore comment nous pouvons faire cela) tout en projetant le spectacle qui s’offrira à nous.  Le Cap Horn est le point le plus au sud du continent sud-américain et l’endroit où les eaux de l’Océan Pacifique et de l’Océan Atlantique se rencontrent.  C’est un endroit difficile pour la navigation et le capitaine prendra la décision en conséquence.  Après une bonne nuit de sommeil, nous voilà tout fin prêts à immortaliser sur pellicule numérique ce moment tant désiré.  Les vents bien présents nous ont retardé la permission d’aller sur le pont mais, après les mesures de sécurité nécessaires en place, nous avons pu photographier la chose.  La photo sera toujours meilleure dans notre tête car, elle vient avec le parfum, le vent et les embruns qui sont impossibles de fixer sur une pellicule.  Notre mission accomplie nous nous dirigeons vers la salle à diner pour prendre notre petit déjeuner.
Après avoir terminé notre repas en présence du Cap Horn car, le capitaine refait un demi-tour pour permettre à tout le monde de bien graver dans sa mémoire cet instant magique, nous nous apprêtions à quitter lorsque la voix du capitaine nous interpelle.

Bonjour tout le monde.  J’ai une annonce importante à faire (ce n’est jamais bon signe lorsque ça commence comme ça).  Les conditions météorologiques ont changées et il est prévu des vents de force huit à l’échelle de Beaufort et des vagues pouvant atteindre huit mètres (24 pieds).  (Personne ne parle dans le restaurant.)  Par conséquent nous allons nous mettre à l’abri et attendre pour les prochains vingt heures.   Après cette période, nous pourrons commencer la traversée.  N’ayez aucune crainte car la croisière est faite en conséquence d’événements semblables.
Il y a eu un silence et un soupir de soulagement à notre table.  Nous en profitons donc pour assister à quelques conférences très intéressantes sur l’histoire de la conquête de l’Antarctique et sur certaines expéditions effectuées par les conférenciers.  Dans l’après-midi, le capitaine nous annonce qu’une personne a besoin de soins médicaux plus spécialisés et donc nous retournerons jusqu’à « Puerto Williams » afin de permettre à la personne d’être hospitalisée.  Dans les faits, la personne n’a pu descendre à Puerto Williams et il a donc fallu nous rendre jusqu’à notre point de départ de ce matin, soit Ushuaia. 


Saviez-vous qu’une tempête de neige peut durer jusqu’à trois jours avec des vents équivalents à un ouragan de force 5 en Antarctique?  Que ces tempêtes se produisent sur les côtes et non au centre du continent où il neige à peine?

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