Des tuiles comme ça, ça
n’arrive qu’aux meilleurs, disait ma mère.
Imaginez-vous, qu’après toute la transformation et l’évolution de notre
planète, je contribue à ma manière, à la formation de pierres artisanales non
moins précieuses, selon mon estimation.
Eh bien oui, c’est reparti! Malgré
toutes les précautions sur le plan de régime alimentaire ou sur la quantité
d’eau ingurgitée pour assurer une meilleure dilution, je m’obstine à récidiver,
je devrais dire que mon corps s’obstine, malgré moi, à la production d’un
« calcul rénal », qui limite mouvement et joie de vivre. Heureusement, mon médecin m’a prescrit la
petite trousse de survie, ce qui me permet de souffrir en silence et en
position de fœtus, dans la cabine. Le
plus décevant dans l’histoire, c’est la finalité. Eh bien oui, lorsque nous comparons les
dimensions infinitésimales de la roche, au travail et à la souffrance
nécessaires pour l’élaboration de l’objet, c’est d’une déception
indescriptible. Le plus ironique, c’est
que cette journée-là, nous faisions escale à « Amber Cove » à
quelques kilomètres de Puerto Plata en République Dominicaine. Les plages sont formées par une multitude d’éléments
ayant une très grande similitude avec ma fabrication personnelle. J’aurais tellement aimé m’entretenir avec
« Mme la plage » et lui témoigner toute ma compassion envers un tel
don de soi pour le plaisir des vacanciers.
Pour ma part, si c’est possible, j’arrête immédiatement cette production
futile et inutile. Comme je vous l’ai
dit plus haut, le navire était ancré à Amber Cove. D’après ce qui m’a été raconté par mes amis
et ma blonde, il n’y avait pas grand-chose à voir. Quand même, je les trouve plus chanceux car,
même peu, c’est déjà plus que moi. Cette
nuit nous nous déplacerons vers les « Iles Turks et Caicos » où le
navire ne fera qu’une courte escale.
Nous arriverons à sept heures du matin, pour repartir à treize heures
trente.
Comment décrire cet
emplacement que nous appelons les « Iles Turks et Caicos ». D’abord tout se trouve à des kilomètres de
l’endroit où le navire est accosté.
Lorsque vous sortez du navire, vous devez vous déplacer sur une longue
jetée avant de vous faire littéralement avaler, toutes portes ouvertes, par des
boutiques de souvenirs sensiblement semblables à celles vues
antérieurement. Tout près, comme si l’on
voulait vous maintenir captifs, une minuscule plage pouvant contenir cinq cents
personnes et qui devra en contenir, pour les besoins de la cause, le double (il
faut maximiser l’occupation territoriale).
Si vous réussissez à vous glisser hors de ces obstacles, il y a plein de
bons samaritains qui, selon une certaine rémunération, vous feront découvrir
une autre partie de l’île. Au 18ième
siècle, l’île était le siège social de deux réputés pirates, Jack Rackham (a-t-il
un lien de parenté avec Rackham le Rouge?) et sa maîtresse Anne Bonny. Ces derniers ont connu des heures glorieuses
sur cette route importante vers l’Europe.
Ce furent les premiers à utiliser la tête de mort avec les deux os
croisés à la base comme drapeau identitaire qui, deviendra par la suite,
l’emblème des pirates. Près de deux
cents ans plus tard, Grand Turk (où nous nous trouvons) deviendra le site du
retour de John Glenn qui fut le premier Américain, à être allé en orbite autour
de la terre. Il y a donc une réplique, près
de l’aéroport, de la capsule spatiale « Friendship 7 ». Cette dernière mesurait trois mètres de haut
par deux mètres à sa base. Fallait
croire en Dieu et à l’homme pour s’embarquer dans une telle aventure. D’autre part, sur cette île, l’âne sauvage
est roi, séquelle d’une exploitation de marais salins. Lorsque l’exploitation a connu le déclin, les
ânes ont été abandonnés sur place.
Demain, nous ferons une dernière
escale avant Fort Lauderdale. Nous passerons
une demi-journée sur une île, que le consortium de Holland America a acheté des
Bahamas. « Half Moon Cay » est
une escale pour l’exposition épidermique prolongée à volonté et si, par hasard,
votre conscience vous signale que vous devriez peut-être vous protéger, vous
pourrez le faire moyennant la modique somme de 35$US pour à peine trois heures.
13 février, journée de
débarquement pour certains et d’embarquement pour d’autres. Même si nous poursuivons notre voyage avec le
même navire, nous avons l’obligation de repasser devant les douaniers. Avec toutes les histoires sur le
« mur », nous ne ferons pas d’opposition et nous nous conformerons
aux exigences, afin de ne pas augmenter l’imagination fertile du Monsieur. Nous nous apprêtons à une vérification
individuelle devant un douanier sans expression. Ce fût le cas mais, nous passions à la vitesse
de l’éclair. Nous nous serions crus à un
camp de vacances pour jeunes. Nous
avions la sensation que nous devions passer devant l’animateur afin qu’il
puisse compter tout le monde. Il a dû
faire les choses un peu trop rapidement car, nous avons attendu trente minutes
debout dans une grande salle avant de pouvoir retourner sur le navire. Échaudé par le ridicule de la situation, nous
décidons de rester sur le navire.
Adrienne veut que je rajoute qu’il pleut des cordes… mais nous venions
d’être éprouvés quand même.
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