Nous
sommes arrivés à Montevideo en Uruguay ce matin comme prévu. Nous avons dû attendre quarante-cinq minutes
le pilote qui était en retard, avant de pouvoir entrer dans le port. Honnêtement, ce n’est pas un gros dérangement
car, nous avons toute la journée et la ville est petite. De plus, ce que nous
voulons voir se situe dans un périmètre assez restreint. Nous savourons donc notre petit déjeuner et
reprenons un deuxième café (nous aurons toujours le temps de nous alléger d’une
partie avant de partir). La température,
même si nous donnons généreusement de notre personne, est quelque peu maussade
et accentue la teinte grisâtre des bâtiments présents. Par contre, la ville conserve l’empreinte du
temps laissé par l’histoire des siècles passés.
Balcons en porte-à-faux, rues étroites en pavés, portes d’entrées énormes
en métal se succèdent de rues en rues. Les
pays de l’Amérique du Sud qui sont plutôt de confession chrétienne ont su
garder, dans leurs lieux de culte, la richesse et la beauté de leur
histoire. Nous déambulons ici et là en
cherchant du regard l’inhabituel, l’incongru qui nous donnera pendant quelques
instants, de l’émerveillement. Nous ne
sommes pas désabusés mais, si le décor qui nous entoure a déjà été enregistré
dans nos mémoires, celles-ci demandent de nous renouveler. Après trois bonnes heures de marche, nous
décidons de revenir au navire pour prendre notre repas du midi.
Si
mes genoux me le permettent, nous retournerons sûrement voir un autre coin. Ma blonde a compris ma douleur et m’offre d’aller
faire un peu d’exploration de boutiques que nous avions vue rapidement, ce matin,
au début de notre parcours. J’en vois déjà
rire et qui se disent qu’elle a très bien compris ma douleur car elle veut me
faire souffrir au davantage. Si vous
pensez ça, c’est que vous ne connaissez pas ma blonde. Je crois plutôt que, sachant que normalement
dans ces lieux, il y a des endroits pour se reposer, je pourrai m’exécuter
pendant que madame cherchera. Ça c’est
de l’altruiste à l’état pur, à mon avis!
C’est parti et nous nous déplaçons d’une table d’artisan à l’autre
cherchant ce qui pourra augmenter la charge de nos valises. Curieusement je ne vois pas beaucoup de bancs
pouvant effacer le doute qui s’installe sournoisement en moi. Encore quelques pas et nous pénétrons à l’intérieur
d’un marché public. L’étincelle revient
et la douleur s’atténue par le spectacle qui s’offre à nous. Une grande chaleur nous enveloppe et nous
attire. Elle provient d’immenses plaques
de charbon de bois grillant pièces de viande, légumes, poivrons et…
clientèle. Personne ne se plaint et la
satisfaction se constate à la façon dont les victuailles disparaissent des
assiettes. Quelques boutiques éparses
diminuent, momentanément, cette proximité avec la chaleur des fours. Nous en faisons le tour avant de retourner au
navire qui nous amènera loin de tout ça.
Nous
quittons Montevideo pour nous diriger vers la dernière étape de notre périple :
« Buenos Aires ». Capitale de
l’Argentine qui compte plus de trois millions de personnes et avec l’agglomération
urbaine elle augmente ce nombre à treize millions. Fondée le 11 juin 1580 par « Juan De
Garay », la ville n’a pas cessé de prendre de l’expansion. C’est samedi et, comme partout ailleurs, la
ville est presque au repos. L’animation
tarde à venir et nous pouvons occuper les parcs, les petites rues et les rues
marchandes n’ayant pas encore repris leurs fonctions. Les rues sont désertes comme le lendemain des
Fêtes à moins trente degrés. Au fur et à
mesure que nous avançons dans la ville, l’animation se concrétise. Est-ce notre présence, notre empathie ou l’heure
qui est responsable de ce changement
graduel, je ne saurais vous dire mais, toujours est-il que les rues prennent une
toute autre allure. L’animation
montante, donne à la ville une autre perspective. La lumière est meilleure et les ombres sur
les murs se déplaçant à vitesse variable changent la toile de fond et nous font
apprécier de plus en plus ce qui nous entoure.
Chemin faisant, nous arrivons au premier monument que nous voulions voir
absolument la: « Catedral Metropolitana » avec ses colonnes
imposantes en façade. Elle nous invite à
y faire un tour. L’intérieur est
magnifique avec son autel baroque de la fin du XVIIIe siècle, ses
fresques, sa chapelle de marbre et de bronze et le mausolée du général « San
Martin », recouvert du drapeau argentin et veillé par deux
grenadiers. Le général San Martin est le
libérateur du Chili, du Pérou et de l’Argentine. En face de la cathédrale nous avons la « Plaza
de Mayo ». La Place de Mai est
entourée, outre la cathédrale, par les principaux centres du pouvoir de la
ville et du pays (Casa Rosada siège de la présidence du pays). C’est dans cette enceinte que nous retrouvons
les principales manifestations dont celles des Mères et des Grands-Mères de la
Place de Mai qui, tous les jeudis, tournent dans le parc pour retrouver leurs
enfants et petits-enfants disparus durant la junte militaire. Nous retournons sur nos pas par un autre
chemin qui nous amènera dans un autre parc avec de magnifiques figuiers dont
les branches, qui s’étendent à l’horizontale, doivent être aidées par d’énormes
supports. Nous empruntons donc la
célèbre rue « Florida » la rue commerçante par excellence avec ses
boutiques toutes plus alléchantes les unes que les autres et les revendeurs de
billets à tous les dix mètres qui vous interpellent avec leurs « cambio,
cambio, cambio » pour se substituer aux guichets automatiques plus froids
mais combien plus honnêtes. Demain nous
nous déplacerons, en autocar pour visiter d’autres coins de cette immense
ville.
C’est
en parcourant la ville en autocar que nous nous rendons compte de l’étendue de
cette ville. Une ville où son artère
principale à sens unique, « l’avenue de la libération », comporte neuf
voies pour les voitures. Une ville dont
le premier cimetière acceptait les gens de toute allégeance mais, qui par une
loi, au début du siècle dernier, ne permettait qu’aux mieux nantis de pouvoir y
être inhumés et dont les mausolées sont tellement énormes qu’il ne reste plus
de place pour personne d’autre. Ce
cimetière abrite, par contre, la dépouille « d’Eva Peron », femme de
président, qui a fait tellement pour améliorer les conditions sociales des plus
démunis. Un peu plus loin, un autre
parc, célébrant un autre conquérant ou libérateur. Trop de conquérants pour moi, même Don
Quichotte s’en mêle.