vendredi 2 décembre 2022

Trop c’est trop.  En plus d’avoir un service internet déficient ne permettant, que très irrégulièrement, des échanges textuels limités, voilà que la carte réseau de mon ordi est défectueuse.  J’en suis à mon quatrième texte non publié ce qui affecte grandement mon intérêt à en écrire de nouveaux.  Le retour que certaines personnes me font suite à une publication, me donne le coup de pouce nécessaire pour m’attabler et écrire la suite des choses.  Le plus choquant, dans tout ça, c’est que depuis que nous sommes partis des « Marquises », le soleil daigne être de plus en plus présent.  On dirait que Dame nature aime tourner le fer dans la plaie avec un certain plaisir.  Bon, maintenant que mon moment de défoulement s’atténue à la suite de cette confession, laissez-moi vous parler un peu de notre dernière escale aux « Marquises ».  Les Marquises, un endroit de prédilection qu’avait choisi Jacques Brel pour passer les dernières années de sa vie.  Les Marquises, sont une des parties du monde que nous avions déjà visitées et dont le mode de vie des insulaires nous avait charmés. 

 

Mon ami me fait remarquer, par la fenêtre de la salle à manger, que la plage n’est qu’à quelques mètres du débarcadère.  Heureux comme deux enfants dans un carré de sable, on pouvait voir à notre physionomie le déroulement du reste de la journée.  Nous prenons rapidement notre petit déjeuner et nous nous disons que le café viendrait plus tard, pour le moment, il y avait mieux à faire.  Nous enfilons nos costumes de bain, attrapons au passage le sac à dos avec le strict nécessaire, un t’shirt, des sandales, nos chapeaux, le masque et tuba pour la découverte du nouveau monde.  Nous nous rendons sur l’île avec un « tender » et ce n’est que sur place, que nous nous rendons compte que les structures portuaires sont surtout adaptées pour les pêcheurs de la place.  Il me semble revoir une scène où le célèbre reporter
« Tintin » débarque sur une île spéciale à la poursuite d’un mystère à résoudre.  Nous avons vite laissé notre ami imaginaire pour poursuivre notre chemin vers notre propre destination.  Arrivés sur le bord de la mer, nous constatons que la plage d’un doré si invitant, était parsemé de petites roches noirs polis par la mer et le temps, rendant le confort plus aléatoire.  Peu importe car, pour nous ce n’est pas la plage qui nous intéressait mais l’environnement aqueux nécessaire pour notre activité.  Nous nous lançons dans l’eau en exécutant quelques pas de danse incontrôlée car, une barrière semblable à celle aperçue sur la plage se cachait sous les ondes salines.  Nous nous disons que ça ne pouvait être qu’un bon pressentiment à un fond propice à la vie marine abondante.  Nous enfilons notre masque et nous nous lançons « tête première » à la découverte de ces fonds si durement atteints.  Du sable que du sable, sans les roches et sans la faune marine, des lieues à la ronde.  Nous sortons la tête de l’eau et à ce moment vous auriez pu voir des points d’interrogations et tous les signes typographiques exprimant une certaine déception.  Nous optons donc pour une simple baignade à la mer avec un soleil à faire rougir tous et chacun. 

Nous quittons les lieux, après une bonne heure de baignade forcée, pour nous balader dans les environs et nous rendre dans le cimetière du village qui est haut en couleurs et bordé par plusieurs arbres en fleurs.  Chemin faisant, nous rencontrons un jeune couple à vélo allant, eux aussi, faire une visite au cimetière.  Comme dans notre habitude nous saluons tout le monde au passage lorsque tout-à-coup, les deux cyclistes opèrent un demi-tour et entreprennent une conversation avec nous.  Entre autres dans les échanges nous apprenons que le jeune homme était « représentant de commerce » et que la jeune fille, représentante d’une compagnie de location de vélos comme par hasard, leur moyen de transport.  Nous finissons par parler de la pluie et du beau temps.

- Lui « Ici on dit : il pleut des cordes ».

- Nous « nous disons qu’il pleut à sieau (seau) ».

- Vous dites aussi : « il mouille, je crois? ».

Nous sommes restés bouche bée en le félicitant de faire un rapprochement si juste avec la langue parlé au Québec.  Nous avons échangé sur quelques autres banalités sans percevoir, un seul instant, un moment d’impatience pouvant mettre fin à la conversation.  C’est avec un large sourire de part et d’autre que nous avons repris le cours de notre visite.  Plus loin, nous grimpons une petite colline pour rendre hommage à une légende guerrière représentée par le monument.  De plus,  nous avions un intérêt supplémentaire avec le point de vue nous permettant ainsi de voir les variations des couleurs offertes par la mer.  Demain nous repartons pour « San Diego » et nous serons donc pour sept jours en mer et toujours avec la plus pauvre version d’internet.

 

Depuis quelques temps, l’internet prend du mieux mais, pas suffisamment pour permettre de reprendre toutes les activités.  Nous ne savons pas encore combien de temps durera sa convalescence.  Dans son allocution quotidienne, le capitaine nous annonce qu’il augmentera la cadence car, il y a une personne qui a besoin d’être hospitalisée le plus rapidement possible.  Nous sommes partis depuis trois jours des « Marquises » et souvenez-vous qu’à partir de notre dernière escale nous devions faire les frais de sept jours de mer.  Encore une journée ensoleillée et nous nous rapprochons de plus en plus de San Diego.  La voix du capitaine retentit, fidèle à ses habitudes, pour nous annoncer qu’il a dû prendre d’autres arrangements, compte tenu de l’état du malade.  L’armée américaine sera mise à contribution pour exécuter une évacuation par hélicoptère à partir d’un navire de croisière.  Nous ne sommes pas certains de ce que nous avions entendu car, ça ressemblait plus à un scénario de film hollywoodien.  Il précise que demain, la piscine arrière sera fermée à toutes activités pour permettre l’évacuation à cet endroit.  Il précise que la force de déplacement d’air provoqué par les palles de l’hélico pourrait occasionner des dégâts.   Par contre nous, nous croyons que c’est une demande de l’armée américaine pour s’assurer d’avoir les meilleures conditions dans l’exécution de leur manœuvre.  La nuit passe et nous nous rapprochons de plus en plus de notre point de chute.  Nous prenions notre repas du midi à la piscine,

celle situé à l’avant du navire, lorsque nous sommes attirés par deux hélicoptères accompagnés par deux avions citernes de l’armée américaine.  Le navire ralentit sa course et les hélicos tournent autour, leurs permettant ainsi de faire le plein de carburant avant d’entreprendre l’approche finale.  C’est avec précaution que deux militaires descendent en rappel de l’hélico pour finaliser les derniers préparatifs à l’évacuation du patient.  Dans l’endroit alloué à cet effet, s’entassent plein de curieux pour voir et capter ces moments importants.  Nous pouvons voir des personnes de toutes formes, de couleurs et de grandeurs avec les bras en extensions vers le haut cherchant à immortaliser la réalité historique du moment.  Il a fallu quinze minutes d’attente pour revoir l’hélico se replacer près du navire et attendre « stationnaire » le moment opportun.  La nacelle monte lentement vers l’hélico stabilisé pour la circonstance.  La manœuvre est délicate mais exécutée avec précision et constance.  Le patient est dans l’hélico et c’est au tour des militaires de remonter à bord et de permettre le retour à la base.  Maintenant, lorsque nous verrons des scènes de ce genre dans un film de fiction, nous saurons que la réalité est bien plus magnifique et satisfaisante. 

dimanche 27 novembre 2022

La misère s'acharne...

 

La misère s’acharne sur nous.  Nous suivons une dépression ou une répression atmosphérique qui fait la pluie et le beau temps.  De plus nous constatons que l’internet est de plus en plus difficile et capricieux.  Impossible de prendre des messages et lorsque nous essayons de faire des recherches avec « google », nous avons l’impression de revenir au début des années 90 où nous pouvions voir les pages se développer tranche par tranche.  Pour la température, il en va de même avec cette dépression qui déverse sa peine sur nous et nous fait regretter les paysages d’automne de chez-nous.  Aussitôt que le soleil paraît, même timide, nous sortons en espérant que sa timidité ne soit pas que passagère.

 


Ce matin nous sommes accostés à « Moorea, Polynésie française » et nous espérons avoir le temps, cette fois-ci, de pouvoir faire l’excursion projetée.  Pour le moment tout s’annonce bien.  Ce n’est pas un soleil de plomb mais, même cette pâleur nous réconforte et nous donne l’élan nécessaire pour les préparatifs de l’après-midi.  Nous devons être sur le « pier », lieu de rencontre pour l’excursion à midi quinze.  Nous décidons donc d’y aller beaucoup plus tôt afin de profiter du soleil, des gens et de ce que les environs auront à nous offrir.  À la sortie du « tender » nous sommes accueillis par quatre Polynésiens interprétant des succès de la « Compagnie Créole » accompagnés de leurs ukulélés et de percussions rudimentaires.  Tout autour, des boutiques de souvenirs avec un sentiment de déjà-vu.  Le seul vrai souvenir que nous voudrions rapporter, c’est de la vanille.  Nous commençons nos recherches sur la vanille car, la Polynésie française est réputée pour sa culture et la qualité de ce parasite si prisé par tous les pâtissiers.  Après quelques investigations nous finissons par trouver des emballages sous vide de huit gousses, dont on ne peut vérifier la fraicheur.  Nous savions que cet aromatisant coûtait de plus en plus cher à cause de la rareté et de maladie.  Nous demandons le montant qu’il faudrait débourser et sans sourciller, elle nous indique le montant avec le doigt sur le paquet.  Nous avons demandé, parce que nous ne pouvions concevoir que ce qui était écrit était le prix à payer; il s’agissait de 50 euros, négocié à 35 soit, pour nous, un équivalent de 50$ US.  Nous nous regardons avec des yeux exorbités d’où nous pouvions lire : « C’est beaucoup trop cher, nous prendrons de l’essence… ».

 

Nous embarquons, finalement, dans l’autocar qui nous permettra de voir les points les plus intéressants de l’île.  Le premier arrêt nous amène dans un village reconstitué où nous avons pu assister à un spectacle de danse traditionnelle.  Cependant, avant de commencer le spectacle nous avons eu droit à une démonstration sur « comment décortiquer une noix de coco? ».  Cette technique utilisée pour sortir une noix de coco de son enveloppe originale est fort simple.  Un petit gourdin de soixante-quinze par trois centimètres est nécessaire pour enlever la première enveloppe.  Par la suite, lorsque la noix est à nue, le cueilleur frappe légèrement le pourtour de celle-ci avec le même instrument, ce qui a pour effet de séparer la noix en deux et de libérer le liquide; simple mais efficace.  Les démonstrations terminées, nous retournons à l’autocar pour poursuivre la visite de l’île.  Malheureusement, c’est à ce moment que la pluie est revenue nous accompagner pour le reste du parcours.  Pluie abondante et fond d’images aux cinquante nuances de gris nous laissent un peu indifférents à ce qui se présente à nous.  Nous revenons au navire pour prendre une douche (celle-ci est légèrement plus chaude) avant le repas du soir et voir Moorea s’éloigner.  Il ne faudra que deux heures et demie au navire pour atteindre « Papeete, Polynésie française ».  Papeete est la plus grande et la plus importante ville de Tahiti.  Pour nous, la question qui se pose est : « Pourrons-nous y mettre les pieds? »  Nous avons pu voir l’accostage de la fenêtre de la salle à manger.  C’est vraiment impressionnant de voir un navire de cette taille s’approcher et s’amarrer avec tant de douceur et de délicatesse.  Nous devrions voir le beau temps réapparaître demain.  Pour le moment il n’y a pas d’avis contraire et nous souhaitons que le soleil nous accompagne pendant les deux jours ici.

 

Le jour se lève et nous en profitons pour regarder à l’extérieur afin d’adapter notre préparation psychologique nécessaire, au goût du jour.  Euréka, un carré bleu se dessine à l’horizon et ça suffit pour nous emballer pour le reste de la journée.  Nous sommes à deux pas du centre-ville et nous en profitons pour aller au marché public, endroit idéal pour un bain de foule.  C’est le genre de marché où nous pouvons y trouver de l’habillement, de l’alimentation, de la quincaillerie, des souvenirs et plein d’autres choses.  Le plus grand plaisir, cependant, reste encore le contact humain.  Lorsque nous engageons la conversation pour un renseignement ou autre, nous voyons des regards s’illuminer avec le point d’interrogation sur notre région d’origine.  Plusieurs n’ont aucune idée sur la localisation du Québec mais, restent attentifs à l’accent et à la demande.  Il n’y a toujours pas de vanille à prix abordable et nous dirions même qu’il y a eu un ajustement des prix en fonction de la popularité de Papeete.  Les étals sont variés et bien garnis, présentant une diversité de pièces artisanales que nous n’achetons que des yeux, étant donné le poids et l’espace permis.  Après avoir bien arpenté de long en large de haut en bas, nous nous dirigeons vers l’extrémité opposé en passant par la section alimentaire qui est presque vide à l’exception des comptoirs de poissons et fruits de mer.  Nous y voyons des espèces méconnues dans nos poissonneries et d’autres recherchées et prisées.  C’est ainsi que nous avons pu admirer de magnifiques pièces de thon frais d’environ deux kilos, qui nous faisait saliver, pour seulement dix dollars américains.  Le marchand, fier de son produit, ne pouvant nous garantir la livraison, nous avons donc décidé de nous abstenir de conclure l’entente possible.  Nous sortons, finalement, de l’enceinte pour retrouver Dame nature avec ses peines et ses débordements.  Nous enfilons nos « ponchos » et continuons notre visite en se disant que bientôt, peut-être, le soleil réapparaîtra et nous pourrons nous débarrasser de cet emballage de plastique.  Finalement, la température et la fermeture des magasins nous obligent à revoir notre planning.  Nous sommes samedi et ici tout ferme à midi pour le début de la fin de semaine.  Demain, les prévisions météorologiques nous annoncent une journée ensoleillée.

 

Le soleil est à l’horizon et les nuages inexistants ce qui nous incitent à compléter rapidement nos obligations matinales pour retourner en ville.  Nous sommes confiants et nous décidons de sortir plus léger avec seulement nos cartes, nos couvre-chefs et une bouteille d’eau pour aller arpenter les rues de la ville même endormie.  Nous ne nous sommes pas concertés mais, je crois que plusieurs passagers ont eu la même idée que nous, ce qui cause un certain bouchon à la sortie.  Je mets sur mon GPS téléphonique notre première destination.  Nous nous dirigeons donc vers l’église protestante « Bethel » et nous suivons scrupuleusement le parcours désigné.  Après un peu plus d’un kilomètre nous découvrons une enceinte remplie de fidèles à l’écoute de la prédicatrice annonçant la bonne Parole.  Un chant interprété par la foule s’élève et résonne dans une harmonie rassurante et apaisante.  Nous

décidons de poursuivre et je cherche donc, sur mon téléphone, le prochain point d’intérêt.  C’est à ce moment que je me rends compte que nous avions fait le double du parcours que nous aurions dû faire si nous n’avions pas suivi l’obligation des « sens uniques » imposés aux voitures.  Je change les paramètres pour un parcours pédestre et nous sommes repartis vers de nouvelles découvertes.  Cette fois-ci, notre itinéraire est plus direct et nous arrivons à la Cathédrale où se terminait une cérémonie de baptême avec des participants vêtus que de blanc.  Tout nous semblait moins austère avec un petit quelque chose de spécial.  Croyez-le ou non, mais le « distributeur de désinfectant » a été remplacé par un « distributeur d’eau bénite » sans préciser s’il permet l’élimination d’autant de particules.  On n’arrête pas le progrès….  Nous complèterons approximativement un peu plus de cinq kilomètres en visitant le monument érigé et dédié aux victimes des essais nucléaires effectués par la France et la Grande-Bretagne.  Sur notre parcours nous y retrouverons un bronze de Bougainville, célèbre explorateur français, côtoyé par deux canons de la première guerre mondiale (un français et un allemand), une réplique du « Tiki » catamaran légendaire qui a permis l’exploration de plusieurs îles et d’une longue promenade de bord de mer qui nous ramènera à notre point de départ.  J’oubliais de vous dire qu’il n’y a eu aucune goutte de pluie nous laissant sous le charme légendaire de Tahiti.

vendredi 25 novembre 2022

La ligne du temps...

 Nous sommes partis du « Royaume du Tonga » le 28 octobre à dix-sept heures trente minutes comme prévu (à Québec il était 23h30 le 27 octobre, oui, oui).  Cependant, c’est sous une forte pluie que nous parcourons les premiers kilomètres comme si tout le Tonga pleurait notre départ parce que nous avions été si populaires et gentils, lors de nos visites.  Demain, nous serons en mer pour les deux prochains jours.  La particularité ici, c’est que les deux prochains jours auront la même date soit le 29 octobre.  Nous traverserons, pendant ces deux jours, la ligne de changement de date.  Adrienne m’explique que, la terre étant ronde, le soleil se lève à certains endroits pendant que chez-nous, nous nous levons pour vivre la dernière journée avant le « Bye, bye ».  Le 30 octobre, nous aurons toujours 6 heures (au lieu de dix-huit) de décalage mais ce sera le même jour.  Vous avez peut-être de la difficulté à comprendre mais, nous, nous l’avons subi.  Rappelez-vous que nous n’avons pas eu de 17 octobre pour les mêmes raisons c’est-à-dire la traversée de la ligne de changement de date.  Nous savons que l’équateur divise notre boule nourricière en nord et sud.  Il fallait en faire de même pour situer l’est et l’ouest en créant un méridien 0o qui traverserait perpendiculairement l’équateur.  Selon Techno-science.net : « Le choix du méridien de Greenwich comme premier méridien est arbitraire.  Le méridien de Greenwich fut adopté comme standard international en octobre 1884 à la conférence internationale du méridien de Washington ».  Dites-vous qu’aujourd’hui nous nous posons plus de questions et que nous vivons au gré du soleil levant….
 
Nous n’avons pas vu de différence entre le 29 et le 29.  C’est normal, c’est la même journée et ça c’est mieux que la semaine des quatre jeudis.  Nous nous dirigeons vers « Avatiu, Rarotonga » qui n’a rien à voir avec le Tonga.  Pour nous, ce sera notre deuxième chance de voir la faune et la flore marines dans leur habitat naturel et ce sera à nous de nous adapter.  La mer, depuis quelques jours, ne cesse de s’agiter pour nous rendre la démarche sur le navire, presqu’à l’ivresse.   Ce n’est pas un bon présage surtout qu’à « météo média » on prévoit de forts vents et de la pluie.  Mais nous nous disons que comme « météo-mensonge » (c’est comme ça que mes amis l’identifient) se trompe souvent il peut le faire aussi, pour cette partie du monde.  Ce soir nous décidons de nous faire plaisir et de réserver au « Pinacle grill » pour notre repas du soir où nous pourrons nous faire servir une bisque de homard, crevettes et pétoncles presque, à volonté.  Nous sommes installés à notre table près à faire plaisir à nos papilles.  Nous avons été bien servis avec l’entrée de crevettes et le plat principal qui alignait cinq magnifiques pétoncles cuits à la perfection.  C’est juste malheureux que le cuisinier, dans un moment d’inattention, nous en sommes certains, ait échappé la salière dans la bisque.  Peu importe, nous avons eu une agréable soirée et nous nous nourrissions d’espoir pour la journée du lendemain.  Le sort s’acharne contre nous et nous le comprenons d’autant plus rapidement, lorsque la voix du capitaine retentit pendant notre petit déjeuner.  Les vagues sont plus importantes que la dernière fois et nous voyons paraître au loin les nuages qui vont donner le ton à la journée.  La pluie est forte et froide, dansant au gré du vent.  Nous en sommes quitte pour un moment de « zenitude » et souhaiter que demain lorsque nous serons à « Airulaki, Cook Island », Dame nature sera plus clémente et pleine de compassion envers nous.
 

Nous avons bien fait d’y croire car, le jour venu, nous avons pu débarquer et mettre à profit nos projets de « plongée en surface » (traduction libre de « snorkeling ».
  Il nous a fallu, quand même, un bon trente-cinq minutes de marche sous un soleil de plomb et une route typique des îles à caractère britannique pour arriver à l’endroit idéal.  Un sable blanc, une mer émeraude si claire que nous pouvions voir où nous mettions les pieds.  Nous pouvions voir les coraux à contourner et les mouvements à contempler.  Je n’ai fait ni un ni deux et j’ai pris ma caméra spécialement achetée pour la photographie sous l’eau.  Je me sentais comme Coustaud qui allait à la recherche d’images à partager avec la terre entière (d’abord avec mes amis) en leur faisant découvrir une tout autre réalité.  J’enfile mon masque, accroche la caméra à mon poignet et je me lance à la poursuite de la perle rare, du prix Nobel de la photo, de l’inédit.  Ne vous inquiétez pas, je suis vite revenu à la réalité dès la première plongée, en découvrant des espèces déjà vues dans plusieurs reportages mais tellement plus magnifiques à proximité pour, presqu’oublier d’immortaliser la scène offerte.  Je me lance et appuie sur le bouton pour capter tout ce qui bouge ou pas.  Je lutte constamment contre les éléments comme la pesanteur et non l’apesanteur, les courants marins et la faune elle-même qui tentent de m’éloigner de mon objectif.  Ce n’est pas grave car, avec la quantité de « clics » effectués j’ai sûrement capté l’essentiel.  Pourvu que la batterie ait assez de charge et la carte assez de mémoire….  Pas de souci pour ces deux conditions mais le réglage de la caméra était surtout fait pour des paysages et non pour des fonds marins.  Mes amis ne verront pas les mêmes images que moi mais je serai là pour faire les corrections verbales nécessaires.  Nous nous reprendrons dans une prochaine escale.

mardi 22 novembre 2022

Nuku’alofa, Tongatapu

 

Nous avons quitté à 17h30 « Lautoka, Fidji » en direction des Îles Cook plus précisément à « Nuku’alofa, Tongatapun » dans le « Royaume du Tonga ».  Nous allons être en mer pour une journée entière plus une nuit.  Nous profiterons de ce nouvel endroit car, c’est pour nous, la première fois que nous y mettrons les pieds.  Le navire sera à quai, donc peu importe le temps qu’il fera nous pourrons débarquer et visiter à notre guise, surtout que nous y serons pour deux jours.  Parlons un peu de l’endroit que nous allons visiter.  C’est une île qui a la forme d’un hameçon et qui dans sa partie la plus grande, abrite une lagune intérieure.  D’après les commentaires reçus, il nous semble que Jacques Brel aurait pu s’inspirer de l’endroit pour écrire sa chanson qui parle du « plat pays » et les mots lui seraient venus aisément.  Ce n’est pas un euphémisme de penser ainsi car, le plus haut point de l’île atteint une altitude maximum de quinze mètres.  Dans ses commentaires matinaux, le capitaine nous annonce que la journée où nous arriverons, sera nuageuse avec des percées de soleil et de la pluie en fin de journée seulement.

 

Arrivés à bon port et avant que les formalités soient terminées, nous assistons à un spectacle de bienvenue offert par une troupe folklorique du Tonga.  Costume et musique traditionnel nous amènent dans un autre état d’esprit et nous préparent à l’intégration et l’acceptation des us et coutumes de la place.  Les yeux fixés sur les danseurs et les oreilles bien à l’écoute d’une musique différente, je me laisse envahir par un scénario qui m’amène à l’époque de la découverte de ces îles où tout était plus simple.  Il a suffi que mon regard se dérobe de la scène pour revenir brutalement à la réalité du béton et de ses structures.  Nous avons la permission de sortir et de visiter les environs.  Nous avions remarqué que pour ce faire, nous devrons longer un long quai bordé par des boutiques présentant plus ou moins les mêmes souvenirs (expérience déjà vécue) avant de traverser le portail qui s’ouvre, finalement, sur la ville.  Nous suivrons un parcours, conseillé par l’office du tourisme du Tonga, qui nous fera voir les principales attractions de l’endroit.  Après avoir franchi les premiers obstacles et tout au long de notre parcours nous bifurquons de temps en temps afin d’enrichir le tracé suggéré.  C’est ainsi que nous avons pu visiter une église de forme circulaire et qui avait la particularité d’avoir les portes ouvertes, « l’église St-Antoine-de-Padoue ».  Nous comprenons mieux la situation, après avoir gravi les marches, lorsque nous remarquons la présence d’un tableau d’où nous pouvions lire deux noms à la calligraphie recherchée et la présence d’un tapis blanc en fausse fourrure dépliée jusqu’à l’autel.  Il y a du mariage dans l’air, comme dirait l’autre….  Ce sont les deux éléments les plus huppés de l’endroit, ce qui contraste avec la simplicité et le dépouillement de l’ensemble.  Après un petit moment de recueillement, nous poursuivons notre visite en reprenant là où nous l’avions laissée.  C’est ainsi que nous avons pu voir le cimetière royal avec ses dômes traditionnels pour démarquer les différentes sépultures, une cathédrale nous laissant croire qu’elle a subi un bombardement, la maison du gouverneur défraichie et un palais royal qui se distingue de tout bâtiment autour.  Le palais royal est un bâtiment en bois

construit en 1867.  Il sert de résidence officielle et de lieu de travail au souverain des Tonga le roi « Tupou VI ».  Nous nous approchons de l’entrée principale pour prendre une photo, toujours hors de l’enceinte clôturée.  Nous côtoyons les limites fixées comme pour en prendre la mesure et en profiter pour photographier le lieu royal sous différents angles.  Nous nous approchons de la grille, une dernière fois, afin d’ajouter un angle différent lorsqu’un militaire sort d’une guérite très bien intégrée.  En sortant de son abri il nous regarde sévèrement arrête le mouvement que nous avions amorcé.

- Nous : « no photo »

- Lui : « no photo » mêlant le signe à la parole.

Nous sommes repartis en omettant de lui dire que nous avions déjà l’image en boîte.  Heureusement le reste de la population est beaucoup plus agréable et conviviale.  Il n’est pas rare de rendre des salutations à des passants comme si nous nous connaissions depuis longtemps.  Nous revenons au navire et nous planifierons la deuxième journée dans le Royaume du Tonga.

 

Nous avions projeté d’aller à la plage ou de voir la lagune intérieure si le temps nous le permettait.  Il n’y a pas de plage près de l’endroit où nous sommes accostés et nous devrons prendre un taxi pour satisfaire notre désir.  Nous nous informons du coût du transport et nous apprenons avec stupéfaction qu’il nous en coûterait soixante-quinze dollars américains pour l’aller seulement.  La décision est facile à prendre, d’autant plus que nous avons encore plusieurs jours de plage qui nous attendent.  Nous retournons au navire pour enfiler de meilleures chaussures et nous partons à la découverte de la lagune intérieure qui se retrouve approximativement à deux kilomètres et demi du navire.  Nous empruntons les mêmes rues qu’hier mais cette fois sans dévier de notre objectif.  Plus nous avançons plus nous découvrons un autre aspect de cette ville.  L’arrière-pays se caractérise par une série de contrastes qui s’imposent à nous.  Une nouvelle construction avec un aménagement paysager hors pair côtoyant des terrains en jachère ou bien une construction rudimentaire qui se perd dans une végétation non


contrôlée.  Des chiens errants indifférents à notre présence qui recherchent le frais et l’ombre et d’autres bien nourris, aboyant pour défendre un territoire prédéterminé par un maître absent.  Finalement nous apercevons la lagune vert émeraude comme une mer intérieure qui abrite, probablement, plus de pollution qu’elle ne veut bien laisser paraitre.  Nous prenons un chemin différent pour le retour.  Si le parcours est différent il en va tout autrement pour l’aspect des lieux qui fait voisiner une usine, une manufacture, une école primaire et secondaire, un entrepôt de quincaillerie démesuré, une épicerie de quartier dans un garage et des habitations de toutes catégories.  Malgré tout ça, les gens restent toujours aussi agréables et nous lancent des « hello » même à pleine vitesse dans la voiture de leurs parents.  Nous garderons un très bon souvenir du « Royaume du Tonga ».

dimanche 30 octobre 2022

Hello Lautoka...

Nous sommes fébriles, ce matin, car nous nous retrouvons là où tout s’est arrêté la dernière fois en 2020.  Des bruits sourds de métal frottant l’un sur l’autre nous réveillent brusquement.  L’équipage s’affaire à descendre des « tenders » pour amener, sur la terre ferme, ceux et celles qui le désirent.  C’est toujours le même phénomène lorsque les battures ne sont pas assez profondes pour permettre au navire de s’accoster et par conséquent, rend la distance trop importante pour la faire par soi-même.  Les bruits sont de plus en plus forts et stridents.  Le Zuiderdam a de la difficulté à se stabiliser pour permettre l’opération qui, en temps normal, est chose courante et rapide.  Effectivement, nous ressentons, même dans la cabine, Éole se faire plaisir avec les ondes qui nous entourent.  De notre point de vue, nous nous disons que nous avions déjà vu pire.  Après nos ablutions matinales, nous nous habillons et nous nous dirigeons vers la salle à manger pour prendre notre petit déjeuner.  « Andri » (c’est notre serveur) s’approche d’Adrienne et sans qu’elle ne dise un mot, commence à écrire la commande.  Faut dire qu’Andri est perspicace car, Adrienne demande, matin après matin son éternel bol de gruau avec noix, raisins et cassonnade.  Pour ma part, je prends toujours deux œufs mais, je garde notre serveur en alerte en attendant à la dernière minute pour lui signifier si je les veux miroir, poché, battu ou en omelette.  Quelquefois, j’ajoute un petit suspens avec la viande d’accompagnement.  Je crois qu’il trouve ça moins monotone car, il affiche souvent un sourire malicieux et complice du coin de l’œil. 

 

Les commandes rendues à notre table nous débutons la dégustation lorsque soudainement, la voix du capitaine se fait retentir.  Ce n’est jamais bon d’entendre le capitaine si tôt le matin surtout lorsque ça commence par : « J’ai un important message à vous transmettre ».  Lorsque nous regardons par la fenêtre de la salle à manger, nous voyons bien que la vague devient de plus en plus agressive.  Ce que nous craignions le plus est confirmé par l’attitude et les mots que le capitaine emploie.  La vague est tellement forte que les « tenders » tardent à s’amarrer au navire et lorsqu’ils y parviennent, laissent régulièrement des espaces de deux à trois pieds entre la plateforme et le « tender ».  Le capitaine n’a pas le choix d’annuler la sortie car, comme il le dit si bien, la sécurité des passagers est plus importante que l’activité elle-même.  Nous endossons la décision du capitaine.  Nous sommes persuadés qu’elle était justifiée lorsque nous constatons toutes les tentatives effectuées par les « tenders » pour seulement revenir au bercail et tous les efforts que doivent déployer les équipages pour tout sécuriser.  Nous en sommes quitte pour une journée supplémentaire en mer.  Après que tout fut sécurisé, le capitaine a mis le cap vers notre nouvelle destination mais, il le fait à pas de souris.  Nous croyons même, qu’à certain moment, il se laisse dériver.  Vous pensez bien que la distance à faire est celle que nous devions parcourir pendant la nuit.  Le pire dans tout cela c’est que nous retournons vers une autre île des Fidji qui n’ont pas, selon moi, une excellente réputation côté connexion internet.

 


Tôt ce matin nous avons accosté à « Lautoka, Fidji ».  Sans trop d’enthousiasme, nous prenons la navette qui nous amène, je vous le donne en mille….  Un grand philosophe encore inconnu a dit un jour : « plus ça change, plus c’est pareil ».  Nous sommes, quand même, au centre-ville et nous nous rendons vite compte qu’il y a quelque chose de spécial dans l’air.  Les « Îles Fidji » sont principalement habitées par des Fidjiens (les autochtones) et des gens que les coloniaux britanniques ont recrutés en Inde pour avoir de la main-d’œuvre à bon marché.  Il n’est pas rare de voir déambuler dans les rues, des femmes portant le « sari », (vêtement féminin indien) de toutes les couleurs et brodé de fil d’or, ce qui transforme cette ville, un peu terne, en un tableau animé, agréable et vivant.  Ce qui flotte d’une rue à l’autre ce ne sont pas des saris de semaine mais plutôt ceux qui sont gardés pour les grands moments de fêtes et de journées spéciales.  En effet, c’est le « Diwali day » ou le festival de la lumière dans la religion hindouiste.  Pendant que certaines femmes se déplacent pour le plaisir de nos yeux, d’autres s’accroupissent pour imprimer dans le trottoir des figures avec des poudres de couleurs vives.  D’autres, au lieu d’utiliser des calques, s’appliquent à dessiner, à main levée, des figurines en guise de respect pour cette journée.  Au détour d’un coin de la rue, le décor change et nous semble plus près de la réalité de tous les jours.  Les saris sont de moins en moins présents et laissent place à du déjà vu dans les îles.  Ce n’est pas fête pour tout le monde même si on remarque un profond respect pour cette journée spéciale.  Dans un autre détour nous remarquons un bâtiment un peu délavé mais, arborant un porte-à-faux excédant la normale et protégeant les gens qui y sont agglomérés.  Nous nous approchons pour y percevoir des étales de manioc, de bananes un peu trop mûres, de piments oiseaux qui vous font pleurer juste à les regarder, des limes et des mangues.  Nous nous déplaçons à travers les gens plus intéressés par les étalages au sol que par notre présence et d’autres argumentant pour avoir un meilleur prix et peut-être pouvoir ajouter du piquant à leur repas du soir.  Nous tournons à gauche, à droite sans avoir de but précis et tout-à-coup notre point de départ réapparaît et semble nous faire signe d’aller le voir.  Notre navette de retour tarde à se présenter et nous sommes attirés par de grandes portes ouvertes laissant entrevoir quelque chose de différent.  En effet, si la façade est vieillotte et un peu délavée, il en est tout autrement dans ses entrailles dévoilant des articles de luxes faisant contrastes avec ce que nous avions pu côtoyer il y a quelques instants encore.  L’autocar arrive et nous en profitons pour revenir au Zuiderdam.  Demain, nous partons pour les « Îles Cook » 

mercredi 26 octobre 2022

Internet de malheur

Mon texte est écrit depuis plusieurs jours mais, impossible de le mettre en ligne parce que le réseau internet est défectueux.  Régulièrement de 2, 3 ou jusqu’à 4 fois par jour, je me place devant un écran blanc qui me niaise et qui semble me dire : « Je vais voir jusqu’où va aller ta patience… ».  J’ai tout essayé soit de redémarrer l’ordi ou le fermer complètement ou passer par google, rien à faire, la frustration reste à son maximum.  Je ne peux pas mettre mon blog à jour mais, je ne peux pas avoir des nouvelles de mes amis non plus.  Comment ont fait nos parents et grands-parents pour vivre au jour le jour sans internet?  C’est frustrant de ne pas avoir le monde à ses pieds vingt-quatre heures sur vingt-quatre.  Allez, j’essaie une autre fois juste pour voir au cas où ça fonctionnerait.  Je vous reviens bientôt (tout dépendant de la rapidité du réseau).  Merde il n’y a plus d’internet du tout maintenant et un message m’apparaît pour m’annoncer que le service est temporairement interrompu pour mise à jour et réparation.  Au moins je peux me consoler en me disant que, pour une fois, ce n’était pas moi le problème.  Je ne sais pas si je vous ai déjà dit que l’océan Pacifique était immense mais, maintenant c’est confirmé.

 

Bon, nous venons d’apprendre que c’est à cause de la bande 5G installée sur les Îles Fidji, que le système satellite du navire ne fonctionne plus.  Il y a incompatibilité.  Je vais prendre mon mal en patience, comme on dit, car je suis toujours limité pour le transfert de données pour mon blog.  Je vous entends disputer et râler contre le système mais, soyez assurés que je fais assez de râlement pour combler les demandes de tout le monde.  Comme dit Adrienne vous en aurez plus à lire la prochaine fois.  Le département de la maintenance nous informe que le service devrait revenir à la normale dans trois jours lorsque nous serons en dehors de l’attraction fidjienne.  Nous ne pouvons rien y faire et espérons que le tout revienne dans les normes le plus rapidement possible.  Par ailleurs, il y a quelque chose de plus préoccupant qui se développe présentement sur le navire.  Il y a une éclosion de cas de covid à bord.  Heureusement les personnes atteintes sont immédiatement prises en charge et isolées dans des cabines prévues à cette effet par la compagnie.  C’est préoccupant parce que c’est exactement ce qui avait mis fin au débarquement dans ces mêmes îles il y a plus de deux ans.  Pour rassurer tout le monde, nous restons, Adrienne et moi, « négatif » (c’est-à-dire positif mais négatif) devant cette situation.  Nous avions donc le laisser-passer pour sortir ce matin et faire un tour à « Suva, Vitu Levu ».  C’est une ville que nous avons visitée la dernière fois par un soleil et une foule plus présente.  Il faut dire que nous sommes dimanche et ici tout est fermé sauf les églises.  Nous retournons visiter « Sacred Heart Cathedral » qui possède une très belle architecture à l’extérieur et un intérieur révélant quelque chose de plus simple.

 


Voilà que petit à petit des gens se dirigent vers la porte principale.  Nous faisons de même et nous nous rendons compte que les personnes sont assises attendant patiemment le début de l’office.  À l’arrière, des jeunes pieds nus et vêtus d’une soutane blanche et d’un surplis vert dont le plus grand des servants de messe, tenait un bâton de bois sculpté et ayant à son faîte la croix.  Le célébrant descend l’allée centrale pour rejoindre les enfants de chœur qui l’attendent depuis un bon moment.  Nous jetons un regard timide à l’intérieur lorsque tout-à-coup nous entendons une voix : « Vous êtes des touristes, tout en nous examinant de la tête aux pieds?  Sans attendre la réponse il nous tend la main, se présente comme l’archevêque de la place et nous invite à nous asseoir à l’intérieur.  Rendus à notre place, Adrienne me présente discrètement une petite bouteille de désinfectant car même s’il est « porteur de la parole de Dieu », il peut être, aussi, porteur de germes.  De quelques places occupées lorsque nous sommes arrivés, il ne reste que quelques espaces libres au début de la cérémonie.  Nous en profitons pour nous éclipser afin de libérer de l’espace pour des fidèles plus réguliers.  C’est une ville fantôme dans laquelle nous déambulons.  Les rues sont désertes car les services religieux catholiques, protestants, méthodistes et autres ont aspiré toutes personnes vivantes à des lieues à la ronde.  La seule porte ouverte et prête à nous accueillir s’ouvre sur un ensemble de kiosques rassemblés dans un même endroit par économie.  Des modules, plus profonds que larges, avec des étagères en forme de fer à cheval qui ne permettent qu’à une seule personne à la fois d’y pénétrer.  Nous pouvons voir de l’artisanat local dont la majorité demanderait l’achat d’une nouvelle valise et des coûts supplémentaires à assumer à l’aéroport.  Nous sortons de cet endroit peu éclairé pour retrouver la ville et sa solitude passagère.  Nous continuons d’arpenter l’espace qui ne demande pas mieux de nous accompagner aussi longtemps qu’il le faut.  Chemin faisant, notre regard scrute l’horizon à la recherche de points d’intérêts ou de quelconque mouvements auxquels nous pourrions porter une attention particulière.  Rien de rien, non rien de rien….  Nous retournons au navire, lui, au moins il est ouvert.  Demain nous retournerons sur une île, où la dernière fois nous avions pu faire du « snorkeling ». 

dimanche 23 octobre 2022

En route pour....

 

Vous vous rappelez de notre dernière visite à Honolulu, où nous nous sommes dit que nous aurions probablement mieux à voir sur la prochaine île.  C’est avec l’esprit plein d’espoir et le cœur ouvert à de nouvelles découvertes que nous débarquons à « Nawiliwili, Kauai ».  Il y a un transport qui est fourni pour sortir du port mais, il nous amène, quelle surprise, près d’un petit centre commercial.  Nous nous dirigeons à l’opposé (ce que n’aurait jamais fait notre amie Louise) pour voir ce que la place a à nous offrir.  Chemin faisant, nous longeons une magnifique plage de sable blanc, une noix de coco qui nous indique le temps qu’il fait, une mer émeraude et juste assez de vague pour y prendre plaisir.  Une plage ne vient jamais seule (comme dit le proverbe) et celle-ci n’y fait pas exception.  Elle arbore à sa tête un complexe hôtelier qui commence à vieillir et pourtant, demande toujours sa part d’héritage.  Nous continuons la recherche de nos « nouvelles découvertes » et nous dépassons par le fait même le fameux complexe.  Nous nous rendons vite compte que c’est la montagne qui s’offre à nous.  Nous sommes ouverts certes mais, pas tant que ça finalement.  Nous retournons au bateau en passant devant les magasins sans fléchir et décidons de revenir par nos propres moyens.  Je ne veux pas me plaindre mais, la chaleur insiste pour prendre toute la place et devenir de plus en plus accablante.  Un peu déçus de notre visite ou plutôt de ce que nous espérions voir.  Rendus à la cabine, nous parcourons la documentation à notre disposition pour trouver ce que peut nous offrir la prochaine île.

 

Après une nuit de navigation tranquille, le Zuiderdam accoste à « Kahului, Maui » tôt le matin.  Le temps que les autorités locales fassent leur inspection de routine nous, nous prenons notre petit déjeuner tout en cherchant du coin de l’œil la ville ou le village.  Peine perdue, nous sommes en plein milieu de nulle part, plus précisément dans un port industriel dans lequel nous ne voyons que du transbordement de « containers par-dessus containers ».  Pas de shuttle mais un couloir de plus de huit cents mètres à parcourir avant la sortie.  Nous nous serions crus dans un couloir de prison.  Un long parcours d’à peine trois mètres de large bordé par une clôture « frost » haute de trois mètres se terminant en fils barbelés afin de s’assurer de n’avoir aucun débordement.  Huit cents mètres de méandres et de bitume, jonché par-ci par-là de bouteilles vides et de petites conserves de nourriture pour chat (nous avons vu les chats aussi…), nous amène à la sortie officielle du port.  Nous demandons conseil au gardien pour connaître la direction la plus intéressant.  Il nous répond :

 

- À gauche il n’y a rien et à droite aussi.

 

Nous décidons d’aller voir le rien à gauche et nous verrons par la suite.  Juste au bout du « à gauche » il y a une pharmacie.  Nous sommes heureux car depuis des jours et des jours (enfin ceux où nous étions à terre) nous la recherchions pour raison personnelle.  Les achats terminés nous consultons une application sur la tablette qui nous indiquerait les endroits à visiter.  Il y a une église mais, comme toutes les églises elle était fermée la semaine, et un parc près de la mer.  Nous nous dirigeons donc vers le parc qui, sur l’application, nous apparait plus intéressant.  Nous déambulons à travers les stationnements d’automobiles pour prendre un raccourci et accéder à l’emplacement convoité.  Un parc de 7 500 mètres carrés envahi par une école de pirogues hawaïennes occupant plus de la moitié de l’espace.  En fait, je crois qu’ils lui ont donné le nom de parc à un moment donné et que par la suite ils ont oublié son existence.  Nous profitons un court moment, en signe de respect, de la quiétude qu’il veut bien nous offrir avant de retourner dans le fameux couloir.  Adrienne me dit que les gens vont croire que nous ne faisons pas un beau voyage à voir ce que j’écris.  Je veux rassurer tout le monde que tout va bien et que la pandémie est responsable des changements de ports.  Demain nous serons à « Kona, Hawaï » comme la voiture (la mienne est électrique).

 

Nous sommes tout excités car, quelques jours auparavant nous avions fait des réservations pour une sortie en sous-marin spécialement aménagé pour les touristes en quête d’une exploration des fonds marins.  Il descendra à plus de cent pieds (excusé la mesure impériale, c’est le système d’ici).  Nous devons prendre un « tender » pour atteindre la terre ferme et par la suite un autre bateau qui nous amènera au sous-marin.  Autrement dit, nous allons faire le transfert en mer.  Ce vaisseau est plutôt petit et il réussira à ingurgiter plus de 50 personnes à son bord par une ouverture à peine plus grande qu’un hublot et une échelle à la verticale.  C’est lorsque nous sommes à l’intérieur que nous constatons l’étroitesse du cylindre rendant la proximité à son paroxysme.  Une banquette centrale sculptée de part et d’autre de vingt-quatre formes de siège du primaire pour rentabiliser l’occupation.  Nous avions à peine assez d’espace pour avoir les pieds droits devant soi.  Les hublots, à hauteur des yeux, nous donnent un avant-goût de la sensation que nous pourrons ressentir.  Le sous-marin n’arrête pas d’avaler hommes, femmes de tout gabarit et de toute condition.  Trop c’est trop.  Plus le temps avance et plus l’espace s’estompe et j’ai le sentiment d’être de plus en plus privé de ma part d’oxygène.  Tout-à-coup ma poitrine se resserre, mon souffle devient de plus en plus court et la vision de me retrouver dans quelques instants avec une masse impressionnante d’eau au-dessus de la tête ont raison de moi.  Je n’en peux plus, il faut que je sorte absolument et aucun gourou ne pourra me convaincre de rester sur mon banc scolaire.  Le capitaine remonte, ouvre l’écoutille et me libère.  Quelle joie de me retrouver sur la navette et d’attendre que l’opération sous-marinière se complète et me ramène ma blonde.  Je viens de découvrir que j’ai un petit problème de claustrophobie qui s’était déjà manifesté d’ailleurs il y a quelques années dans une grotte au Luxembourg.  Le reste du groupe remonte après quarante minutes et un parcours de vingt mille lieues sous les mers.  Je suis rassuré de voir mon monde de retour m’expliquant leur aventure que je n’envie aucunement.  De retour à terre, nous visitons le petit village qui est commercial, certes, mais de loin le plus intéressant depuis plusieurs jours.  Nous partons pour quatre jours en mer afin d’atteindre « Samoa » et pendant ce parcours, nous traverserons la ligne du temps.  Ce qui veut dire qu’avant de traverser cette ligne, nous sommes dimanche le 16 octobre et de l’autre côté nous serons mardi le 18 octobre.  C’est pété!  Comme dirait un de mes amis géographe.

jeudi 13 octobre 2022

Hawaï bonjour...

 

Nous sommes arrivés à « Hilo, Hawaï » tôt ce matin.  Le dernier souvenir qu’il me reste de ce port me ramène au début de la pandémie où nous cherchions un endroit qui accepterait de nous laisser débarquer pour revenir à Québec.  Après plusieurs heures de discussions entre autorités « compétentes », nous avions eu un « non » catégorique.  Nous ne sommes pas des personnes rancunières et nous débarquons, cette fois en touristes et non en réfugiés.  Nous devons prendre un « shuttle » car nous sommes accostés dans un port industriel et, dans les ports industriels vous ne pouvez pas voyager librement.  Arrivés à destination, nous constatons assez rapidement que nous sommes dimanche et que le dimanche à Hilo il n’y a pas grand-chose d’ouvert et à faire.  Nous nous attendions à voir des attraits un peu plus spéciaux car, nous sommes quand même à Hawaï.  Quelle déception de voir des bâtiments délavés, défraichis et sans personnalités, défiler au gré de notre parcours imprécis.  Magasins de souvenirs et musées fermés et salon de coiffure ouvert, nous laisse pantois sur la logique touristique du lieu.  La première fois, il y a deçà plusieurs années, nous avions choisi de faire une excursion qui nous a mené au parc national des volcans ou du « Mauna Kea ».  C’est maintenant que nous constatons que le choix que nous avions fait, était le meilleur.  Je dois être honnête, cependant, pour vous dire qu’au cours de notre déambulation aléatoire, nous avons visité un marché public, où les étals de fruits exotiques arboraient couleurs, grosseurs et fraicheur avec fierté.  Peu importe où nous posions les yeux, nous étions confrontés à une copie conforme de la précédente et le seul élément qui les distinguaient, était la personne qui souriait derrière le comptoir.  Ce soir nous nous dirigerons vers « Honolulu », où nous séjournerons deux jours.  Espérons que cette fois-ci nous pourrons voir le mythique « commandant McGarett ».

 

Après l’examen des consignes par les autorités locales nous avons pu mettre le pied à terre et prendre le premier shuttle en vue, qui nous amènerait quelque part en ville.  Ce n’est qu’en cours de route que nous constatons que ce dernier était commandité par un magasin de souvenirs.  Nous étions pris au piège et de plus Adrienne me donne un coup de coude pour me faire remarquer l’affiche qui disait que nous devions « acheter » afin d’avoir un ticket de retour.  Tout le monde a dû lire la même affiche car toutes et tous se sont conformés à l’exigence.  L’arnaque est d’autant plus grande que nous sommes dans un centre commercial et les centres commerciaux, comme chez-nous, sont en banlieue loin des attraits touristiques recherchés.  Nos obligations réalisées, nous avons quand même été marché dans les rues environnantes pour constater que nous étions à côté d’une très belle marina et qu’à quelques centaines de mètres plus loin, la plus belle plage d’Honolulu, soit la célèbre plage de « Waikiki », se révélait à nous.  La chaleur intense (40oC en ressenti) a eu raison de notre courage, nous obligeant ainsi à rebrousser chemin et reprendre le fameux shuttle déguisé.  C’est la vie!  et nous nous disons qu’au moins nous avons une deuxième journée pour combler notre soif touristique.  Ce soir, nous devons nous « déguiser » à nouveau parce que le capitaine a décidé de décréter la « journée de l’action de grâce canadienne » comme journée de gala.  Nous nous sommes conformés et nous avons pu déguster un repas de « thanksgiving » à l’américaine qui est, disons-le, moins glamour que le précédent.  Nous regardons les possibilités de visites pour le lendemain mais nous restons encore hésitants et frileux, suite à notre petite mésaventure.  La nuit porte conseil et nous verrons demain après le petit déjeuner.  


Nous décidons donc d’aller voir la « Kawaiahao Church » qui fut la première église des missionnaires de Hawaï qui a été construite de 14 000 morceaux de pierres de corail.  C’est dans cette église que le roi « Kamehameha » (unificateur des îles d’Hawaï en 1810) a été couronné.  Sa statue noire et dorée prône devant le « siège social d’Hawaï 5-0 » pour ceux et celles qui connaissent la série.  Malheureusement, la petite église était fermée ainsi que la « Saint Andrew’s Cathedral ».  Nous nous rabattons sur une visite guidée du parlement et son histoire.  Lorsque nous nous informons sur la possibilité de visite nous apprenons qu’il en coûtera 25US$ par personne pour une visite de trente-cinq à quarante minutes.  La décision fut facile à prendre et nous continuons notre parcours pédestre sous une chaleur toujours aussi accablante que la veille.  Honolulu possède une architecture riche et diversifiée permettant d’apprécier le génie humain passé et à venir.  Le nombre de portes closes et la chaleur intense, augmentent de plus en plus notre taux de frustration nous obligeant par conséquent à rebrousser chemin et à revenir à bord pour se la couler douce au bord de la piscine.  Demain nous serons sur une autre île de l’archipel d’Hawaï.

samedi 8 octobre 2022

Adieu San Diego...

 

Nous venons de quitter, sans regret, San Diego.  Je dis sans regret car, nous avons eu l’occasion de visiter d’est en ouest, du nord au sud (de long en large comme on dit chez-nous) cette ville près des frontières mexicaines.  De plus, de manière générale, les ports ne sont pas situés dans des endroits les plus intéressants, sauf dans la magnifique ville de Québec et je ne suis pas chauvin.  Nous avons, quand même, fait quelques pas dans la ville, question de principe.  Nous franchirons la distance qui sépare San Diego à la première île d’Hawaï en cinq jours de navigation.  Espérons que la mer ne sera pas trop mauvaise sachant qu’un ouragan vient de frapper les côtes du Mexique.

 

Deuxième journée en mer.

Rien de spécial à signaler si ce n’est la course effrénée d’une bande de dauphins en quête d’un bon repas d’une part et de quelques baleines nous rappelant que nous traversons leur territoire d’autre part.  Ce n’est pas une mer d’huile (quel gaspillage si ça avait été le cas) mais le Zuiderdam ne semble pas réagir à l’agitation que Neptune essaie d’instaurer, pour démontrer son autorité.  Pour occuper le temps, nous assistons à des conférences sur les différentes îles d’Hawaï et les activités qu’elles veulent bien nous offrir ou, nous faisons un arrêt à la piscine pour déguster une bière et de nous informer de la température et de l’agitation postélectorale québécoise.  Bien sûr nous sommes humains et nous devons nous sustenter, ce que nous nous faisons un devoir de respecter.  Cette exigence terminée, nous déambulons dans les corridors pour aller assister à un concert donné par deux pianistes-chanteurs qui nous interprètent des succès des années 70, et à notre demande spéciale, terminent leur prestation avec un « ALLELUIA » de Léonard Cohen.  Elle n’est pas belle la vie?

 

Troisième journée en mer.

Encore une autre journée où nous ne voyons que de l’eau à perte de vue.  Vous allez dire que c’est normal vu que nous nous trouvons sur un navire qui fait une croisière.  Je vous l’accorde mais, le magnifique et l’effrayant en même temps, c’est que nous voyageons à quinze nœuds (approximativement 30 milles à heure) depuis 48 heures et nous n’avons absolument rien vu d’autre que l’eau, le ciel et les nuages.  L’océan Pacifique c’est immense et impressionnant!  Pour nous aider à accepter la chose, nous avions reçu la veille, un avis nous rappelant de nous conformer à la tenue vestimentaire demandée, lors d’une soirée de gala.  Tout ça se traduit de la façon suivante : veston et cravate pour les messieurs sans oublier l’harmonie dans l’ensemble de l’œuvre.  Pour les dames c’est le moment d’arborer les choix de couleurs, de style et d’arrangement définissant la personnalité de chacune.  Quelques fois il y a des ratés qui se démarqueront inconsciemment dans la mêlée.  Pour nous remercier de cet effort, nous aurons la possibilité de déguster, entre autres, une entrée de crevettes ou d’escargots à la bourguignonne suivie de homard et d’un filet mignon comme plat principal, le tout accompagné d’un vin rosé pour notre part et d’un dessert à la hauteur du service.  Nous sommes invités à la rencontre du capitaine et à un spectacle pour terminer la soirée.  Une question nous vient en tête : « Si le capitaine est ici pour faire les présentations, qui conduit le bateau? »  Inquiétant mais, vu qu’il y a un grand bout droit sans obstacles, la crainte diminue…

 

Quatrième journée en mer,

Pas de nouveau, encore la mer et toujours la mer qui continue de nous fasciner et de nous hypnotiser.


  Ah oui, j’oubliais.  Aujourd’hui c’est la fête de notre ami Denis.  Normalement, le soir, à la salle à manger lorsque c’est la fête de quelqu’un, un chœur improvisé de serveurs indonésiens entourent la table pour entonner un chant de fête indonésien.  Voici les paroles : « Panjang umurnya, panjang umurnya, panjang umurnya, serta mulia (3) ».  Nous supposons que c’est un genre de « Mon cher Denis c’est à ton tour… » car, tout le monde qui chante le font avec tellement d’enthousiasme et arborant un large sourire.  De toute façon nous faisons confiance à la vie et nous conservons le scénario qui nous plaît.

 

Dernière journée en mer avant Honolulu,

Un beau soleil dénudé de tout nuage avec une mer calme, nous donne un avant-goût des futures journées dans les îles.  Tous les passagers sont conscients de la chance que nous avons de pouvoir recommencer à visiter le monde.  Partout, sur le pont ou dans les corridors, les déplacements se font avec le masque.  Lors du deuxième test anti-covid, exigé par Holland America, quelques cas ont été décelés et mis en confinement dans des chambres de 170 pieds carrés pour une période de dix jours.  Espérons qu’ils ou elles soient dans une cabine avec vue sur la mer car, paraît-il, que le temps passe moins vite lorsque la mer n’est pas présente.

lundi 3 octobre 2022

La saga

 

Le jour fatidique est arrivé.  J’ai dû m’abstenir de faire les valises afin de conserver mon couple et de retrouver les différents articles emballés au départ de Québec.  J’en profite donc, pour régler la chambre et ainsi faire ma part avant le départ de l’hôtel.  Nous avons dû, pour nous rendre au port de Vancouver, utiliser deux taxis (pas Adrienne et moi mais les deux couples).  C’est ici que la saga commence.  Les bagages sortis, le taxi payé, nous nous dirigeons vers la seule porte grande ouverte.  Tout à coup, apparaît un petit homme enveloppé dans un survêtement fluorescent qui lève les mains en l’air et nous arrête.  Recouvert du précieux masque, il nous demande dans un anglais à l’accent indonésien, où nous allons?  Il est vrai que ce n’était pas évident avec nos deux grosses valises, le sac à dos et la valise de jour. 

- Nous venons pour l’embarquement avec Holland America, lui dis-je.

- Quoi? (il ne comprend pas plus notre accent que nous le sien).

Après quelques échanges, on finit par comprendre que nous devons aller passer le test antigénique à un autre endroit avant de pouvoir continuer car, nous ne pourrons pas faire la croisière si le test est positif.  Alors, je demande :

- Oui, mais où pouvons-nous laisser nos bagages avant d’aller plus loin?

- Non, non, non vous allez avec vos bagages là-bas (en tout cas c’est comme ça qu’il semblait nous parler).

- Ce n’est pas possible, dis-je, en montrant une affiche derrière lui où on pouvait lire : « baggage dop’off ».

Impossible de passer outre sa directive car le « survêtement fluo » lui donnait tellement de pouvoir que nous n’avons pu faire autrement que de trimbaler toutes nos valises jusqu’à l’endroit désigné pour le test soit, à quelques centaines de mètres de là.  Nous passons le test haut la main et nous repartons avec nos bagages en sens inverse pour enfin, laisser d’autres personnes pestiférer contre ces placards ambulants.  Une fois le lestage effectué, nous nous dirigeons vers le navire sans saluer en passant le monsieur fluo.  Maintenant tout va bien aller pensions-nous car, nous avons pris la précaution de faire l’enregistrement préalablement à Québec.  Parfois nous avons beaucoup d’attente et très peu se réalisent.  Nous passons au travers un terreau fertile qui aurait donné matière, pour les complotistes, à chialer et faire la fête.  Nous nous présentons devant la table d’accueil pour déposer les preuves que nous venions d’acquérir, répondre aux questions comme si nous devions avoir une intervention chirurgicale et montrer nos preuves de vaccination les plus récentes.  Par la suite, nous devons nous soumettre à une reconnaissance faciale et remontrer la preuve du test antigénique.  Voilà c’est terminé et nous pouvons monter à bord, croyons-nous.  Mais non, un préposé nous amène dans une grande salle d’attente comme pour faire baisser notre taux d’excitation avant de franchir la porte du nirvana.  La patience porte ses fruits car un préposé de « Holland America » nous fait traverser le portail menant au navire, rangée par rangée, à la file indienne et nous indique que nous devons porter le masque en tout temps (d’ailleurs il est obligatoire sur le navire pour tous les déplacements).  Et dire que certains croient encore qu’il y eu trop de mesure à Québec (LIBARTÉ).

Nous voilà enfin rendus à notre cabine sans nos valises qui n’arriveront que dans quelques heures.  Nous en profitons pour faire le tour du propriétaire (nous ne sommes pas les vrais propriétaires du navire, mais…) et s’acclimater avec les lieux.  Déjà presque deux heures d’écoulées et nous décidons de repartir à la recherche de notre cabine en espérant retrouver nos complices de voyage.  En ouvrant la porte nous les apercevons là, étendues sur le lit inertes attendant que nous nous occupions d’elles, ce que s’empresse de faire ma blonde dans un soupir de soulagement.  Demain, nous serons en mer.

 


Le « Zuiderdam » nous amène, comme prévu, à San Francisco ville mythique avec ses rues étroites, son « Golden Gate », son « Cable car », sa célèbre prison « d’Alcatraz » et ses images de poursuite dans bien des films.  Pour moi il y avait deux incontournables que nous devions faire dans le temps qui nous était départi, soit : la visite du « Fisherman’s wharf » et le Cable car.  Le Fisherman’s wharf est un ensemble de restaurants, de quais où se prélassent des « lions de mer », des prestations de prédicateurs de tout genre, des bars et des touristes.  Nous passons plus rapidement car, la plupart de ces attractions ouvriront plus tard.  Nous continuons plus loin et nous apercevons à travers la brume une structure qui nous rappelle le Golden Gate.  Chemin faisant nous remarquons la station de départ du Cable car.  Vous pensez bien que nous n’avons pas hésité une seule seconde à faire une entorse à l’itinéraire prévu.  Laissez- moi vous décrire l’appareil.  Un wagon comme nous pouvons voir dans les westerns des années trente, sans moteur, des sièges en bois et deux opérateurs capables de contrôler la bête. Il nous en coûtera 32$US pour faire un aller-retour mémorable.  Il faut quatre hommes pour amener l’engin jusqu’au quai d’embarquement car souvenez-vous qu’il n’y a pas de moteur.  Trente individus prennent place avant de permettre la mise en marche.  Tout d’un coup, dans un certain fracas, le tout se met en mouvement.  Le
dénivelé est très impressionnant et nous grimpons, lentement au départ comme pour nous habituer au glissement des passagers vers le bas ce qui demande un effort considérable pour garder sa place.  Un opérateur tire et délaisse de grandes tiges (comme dans les camions des années 60) afin de contrôler le freinage nécessaire aux feux de signalisation.  Mais, inévitablement, nous atteignons le sommet et tout ce qui monte doit redescendre comme disait un grand sage chinois, nous commençons donc une descente tout aussi mémorable et cette fois il faut deux opérateurs pour freiner l’ensemble de l’œuvre.  Rendus à destination nous en avons profité pour visiter un peu et assister à une manifestation en appui à l’Iranienne tuée pour un voile non conforme.  Nous reprenons notre moyen de transport pour revenir sur nos pas.  Cette fois-ci, j’ai dû faire une partie du trajet debout, accroché à deux sangles de cuir qui permettait d’immobiliser les deux bras mais pas le reste du corps et je vous laisse imaginer les déplacements imprévisibles et gênants.  Nous ne regrettons en rien cette expérience particulière.  Un autre rêve réalisé.  Demain nous nous dirigeons vers San Diego.

Bonne fête à mon ami Hugo et notre bonne amie Sandrine.