Nous
débarquons aujourd’hui dans un pays qui a été fermé par le « Général Ne
Win » en 1962 lorsqu’il a pris le pouvoir.
Cette interdiction dura plus de trente ans et par la suite le régime
militaire n’a pas nécessairement fait d’efforts pour remédier à la situation. Depuis quelques années les portes sont plus
ouvertes mais, les vraies structures ne sont pas totalement encore en
place. Dû à ce manque et aussi parce que
nous ne pouvons pas circuler à pieds dans le port, nous avons opté pour un transfert
offert par Holland America qui nous a amené à « Yangon » autrefois
sous le nom « Rangoon ». Après
une heure trente de transport, plus ou moins climatisé et plus ou moins rapide,
nous arrivons au centre-ville. Nous remarquons
que la conduite est à droite comme chez-nous, à la différence que certains
véhicules ont le volant à gauche et d’autres à droite. Ceci provient du fait qu’il n’y a pas de
règles préétablies et que tout dépendant de l’endroit où ils achètent leurs
voitures, le volant peut se trouver d’un côté comme de l’autre. Ce chaos apparent ne semble pas faire de différences importantes pour eux, étant donnée
la condition des routes relativement lamentables qui fait lieux de dos d’âne,
chez-nous.
Le
salaire moyen est approximativement de cent dollars US par mois et pour une
classe un peu mieux nantie (qu’on pourrait considérer comme la classe moyenne)
elle a droit à un salaire équivalent de cent cinquante à deux cents dollars US
par mois. Vous comprendrez qu’avec cet
état de fait, les conditions sociales sont inexistantes. Ici, pas d’assurance en quoi que ce soit et
par conséquent, tout est à la charge de l’individu. Avec ce manque à gagner, certains pourraient
penser que la révolution est proche et que nous nous retrouvons devant un
peuple fermé, hargneux et essayant sans cesse de nous soutirer quelques surplus
monétaires; eh bien, non. Nous nous
retrouvons plutôt devant des gens souriants ne ratant pas une occasion de vous
saluer et d’apprécier le retour, empressés pour ceux et celles qui parlent un
peu la langue de Shakespeare de vous adresser la parole pour vous dépanner ou vous
indiquer le chemin à suivre. Même dans
les marchés publics où l’espace des allées est proportionnelle à la taille des
gens d’ici et où la promiscuité est nécessaire, nous ne nous sommes jamais sentis
agressés ou harcelés par quiconque pour nous vendre un souvenir non désiré. Le regard qu’ils portent sur nous, accompagné
d’un magnifique sourire, vous incite à faire la pause et à regarder de plus
près. Peu importe si vous concluez, le
résultat sera toujours le même. Si vous
achetez on vous offrira en prime un sourire et si, par inadvertance rien ne
vous plaît et que vous déclinez toutes
les offres qu’on vous fait, vous obtiendrez quand même, ce splendide sourire
comme pour accompagner une fierté du matériel présenté et le plaisir d’avoir eu
un moment d’échange avec vous.
La
deuxième journée, nous partons à la découverte de « Thanlyin Village »
où nous pourrons y retrouver un monastère, des pagodes, un marché public et des
habitudes de vie plus près de la réalité.
Après 45 minutes d’autocar (avec le volant du bon côté, je parle
toujours pour nous), nous arrivons dans un autre monde mais immédiatement nous
nous sentons à l’aise car, c’est comme si nous faisions partie de la
communauté. Un sourire par ci, une levée
de bras en guise de salutations par là comme pour vous montrer qu’on vous
accepte dans cette société. Par contre
deux différences remarquables démontrent que vous n’êtes pas d’ici : la
couleur de la peau (même si nous possédons un certain « tan »)
et l’habillement. En effet tous les gens
d’ici, hommes ou femmes portent un « sarong », espèce de grand drap avec
plein de motifs, élégamment attaché et couvrant de la taille aux chevilles. Cette pièce de vêtement est mieux adaptée aux
températures d’ici. Nous allons prendre
deux moyens de transport typiques à ce
village soit : le « trishaw » et la « voiturette avec poney »
pour nous déplacer d’un point à un autre.
Commençons d’abord avec notre expérience sur le « trishaw »
qui est une variante du rickshaw dont je vous ai déjà parlé à la différence que
les passagers ne sont pas côte-à-côte mais, dos à dos avec un espace n’acceptant
pas nos largeurs excessives. Je me
retrouve avec un bleu sur chaque fesse, découlant des multiples rebondissements
routiers retrouvés tout au long de notre parcours. Mais Adrienne, là-dedans me direz-vous,
comment a-t-elle vécu l’expérience? Ma
blonde a le gabarit parfait pour ce véhicule comme si le siège avait été
construit directement sur elle, évitant ainsi la nécessité d’être retenue par
une ceinture de sécurité. Je vois
maintenant toute la compassion que vous éprouvez pour moi à la suite de ce
récit. Ce transport douloureux nous
amène au magnifique marché public du village.
Un plaisir de dépaysement total nous attend, où des odeurs de poissons
séchés ou séchant côtoyant des piments de toutes sortes qui ont des effets
seulement en les regardant, des montagnes de « bétel » aligné de
telle sorte qu’elles deviennent invitantes, des tissus, des restaurants, des
montres et bijoux plus ou moins faux et des fruits plus exotiques les uns que
les autres.
Après un temps passé dans ce
marché populaire nous prenons un autre moyen de transport.
Comment pourrais-je vous le décrire? Disons que nous embarquerons dans une « calèche »
version miniature. Au lieu du cheval c’est
un poney et vous comprendrez que la charrette doit être en conséquence et voilà
presque tout est dit. On a l’impression
que ces voiturettes peuvent contenir 4 à 5 Birmans mais vraiment pas plus de
deux XL ou un XXL. Lorsque j’ai utilisé
le marchepied pour monter dans la charrette, j’avais l’impression que le poney
ne toucherait plus à terre. J’ai dû
rapidement me diriger vers le devant pour contre balancer car, Adrienne venait
d’embarquer à son tour. Maintenant
ajoutez à tout ça que nous étions dans la même position que pour prendre notre
café au Viet Nam. Aussi surprenant que
cela puisse paraître, nous avançons allègrement sous les claquements des sabots
rassurants sur le bitume, de notre « poney power ». Destination choisie : un monastère pour
la formation des futurs moines bouddhistes.
Dès l’âge de 10 ans, un jeune (je dis « un » car seule la
gente masculine peut espérer devenir moine), peut être accepté afin de suivre l’enseignement
des préceptes nécessaires à sa vie future.
Une vie régulée entre méditation, enseignement et mendicité devient pour
plusieurs années l’apanage des futurs moines.
Après cette visite très agréable car, nous avions l’impression de
respirer un « je ne sais quoi » de différent, nous nous déplaçons librement dans le village
comme pour nous imprégner un peu plus avant notre départ. Une belle journée qui se termine par des
enfants souriants acceptant un autocollant qu’on appose sur leurs T-shirts en
guise de remerciement pour le temps passé dans le village. Les choses les plus simples font souvent les
plus beaux souvenirs.
P.S. Bonne Fête à Nathalie…
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